Les Etats-Unis ne sont pas contre le principe d'une action armée contre les djihadistes, au nord du Mali mais contrairement à la France, ils ne sont pas pressés d'y aller. C'est cette exigence d'une action « bien préparée » qui rapproche Washington d'une Algérie très réticente, à toute intervention extérieure. Il n'y a pas de « similitude totale» des positions entre l'Algérie et les Etats-Unis, contrairement à ce que rapportent les médias nationaux. Mais les Américains posent des préalables et des exigences qui vont un peu dans le sens des idées de l'Algérie. Pour les Américains, il devra « y avoir, à un certain moment, une action militaire» contre les djihadistes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et de préférence avec la coopération des Etats de la région et notamment de l'Algérie. Mais ils exigent surtout que ce soit l'armée malienne qui fasse l'essentiel du travail, d'où l'insistance sur le rétablissement de la légitimité à Bamako. DISCUTER AVEC ANÇAR EDDINE ANORMAL ? L'on aura également remarqué l'insistance du patron de l'Africom sur la « solution politique » et cela va dans le sens de la démarche algérienne qui cherche à séparer les mouvements de rébellion touareg, MNLA et Ançar Eddine, des groupes djihadistes. Hier, sur le site de la Chaîne France 24, on faisait état de négociations « secrètes » de l'Algérie avec Ançar Eddine. La chose est pratiquement présentée comme un fait anormal et répréhensible et va dans le sens des récriminations exprimées récemment par des diplomates français anonymes, au sujet de la position algérienne. En réalité, c'est l'absence de tout contact avec les mouvements de rébellion touareg qui serait « anormale ». A plus forte raison quand on estime que la bonne démarche est justement de séparer les mouvements de rébellion des groupes terroristes. Le responsable de l'Africom est allé, lui aussi, dans cette direction. Il s'agit bien de créer les conditions politiques pour qu'une éventuelle action militaire soit ciblée et efficace. Les Américains se retrouvent ainsi, dans une position intermédiaire entre Paris et Alger. Ils ne sont pas, par « principe », contre une action armée, à un moment ou un autre, mais ils ne veulent pas se précipiter et tiennent compte de la nécessité de créer les conditions politiques qui la rendraient efficace. Mais il est clair que le Sahel est devenu un sujet de préoccupation moins lointain. FRAPPES UNILATERALES Un article du « Washington Post » fait état d'une série de « réunions secrètes », à la Maison Blanche, pour étudier la menace posée par AQMI dans la région et que pour la première fois des responsables américains ont envisagé de mener des « frappes unilatérales ». Le renforcement d'AQMI, au nord du Mali et l'afflux d'armes de Libye, créent une situation jugée « dangereuse ». Les réunions « secrètes » auraient porté sur la manière de soutenir les armées de la région mais « elles ont également exploré la possibilité d'une intervention américaine directe, en cas de renforcement » d'Aqmi. « Pour l'instant, nous ne sommes pas en mesure de faire grand-chose», aurait déclaré un responsable du contre-terrorisme américain de haut rang qui participait à ces réunions. Celles-ci auraient donc davantage évoqué les actions éventuelles y compris le déploiement ou non de drones. Ces réunions auraient été supervisées par le responsable de l'anti-terrorisme à la Maison Blanche, John Brennan et de hauts responsables de la CIA, du Pentagone et du département d'Etat. L'article fait état également d'une intensification du travail de renseignement et de surveillance sur la région du Sahel. Une intensification présentée comme le signe d'une « réévaluation » à la hausse du risque posé par AQMI.