Des habitants de Djebel Ouahch, membres de l'association de la cité, se plaignent «de la récolte illicite, sauvage et à grande échelle du pin pignon par des contrebandiers, dont le fruit (la pistache) est écoulé dans la wilaya et même «exporté» en Tunisie, sachant que le kilogramme vaut plus de 1.000 dinars sur le marché», disent-ils. Selon nos interlocuteurs, si le fruit du pin pignon, le meilleur de Djebel Ouahch, affirment-ils, a toujours fait l'objet de récoltes en petites quantités par des amateurs qui l'utilisent pour leur propre consommation ou qui en font un commerce limité, ces derniers temps c'est par camions que les récoltes sont faites. Ils signalent deux endroits, Draa Ennaga et Djebel Ouahch, comme sites de prédilection de cette «exploitation illicite et éhontée», qui porte atteinte à la forêt en tant que telle et constituant par là même un véritable crime contre l'environnement. En effet, expliquent-ils, c'est par camions que les produits recueillis sont acheminés vers la Tunisie, empêchant ainsi jusqu'à la régénération du pin pignon lui-même. Car, ajoutent-ils, après un incendie le fruit est grillé mais demeure sur place et permet à l'arbre de repousser, mais ce cycle naturel est compromis par son «exportation» dans un autre pays. Questionné sur ce sujet, le chef de service de la protection de la faune et de la flore à la conservation des forêts de la wilaya de Constantine, Mohamed Saighi, reconnaît l'existence du phénomène qu'il qualifie de contrebande à laquelle, dira-t-il, les forestiers font face à l'instar du défrichement sauvage, de l'abattage clandestin d'arbres et de vol de bois, etc. Et de poursuivre que «je peux vous dire que le travail est difficile, en raison surtout du fait que la forêt est un espace ouvert et donc accessible à tout le monde sans contrôle et ce, en sus du peu de moyens dont disposent les services forestiers, dont les agents ne sont pas armés. Cependant et malgré cela, chaque fois que nous surprenons des individus en flagrant délit de cueillette de pin pignon, nous procédons à la saisie des produits et les auteurs sont poursuivis et traduits en justice. Et dans ce cadre, on peut estimer que la moyenne annuelle de ce genre de saisies et d'arrestations se situe à une vingtaine de cas». Et d'indiquer qu' «il y a lieu d'ajouter à ce nombre une dizaine de cas que nous communiquent la gendarmerie et la police, résultat des contrôles de marchandises que transportent les camions qu'ils effectuent sur les routes de la wilaya. Là également, nous procédons à la saisie des produits que nous utilisons comme sujet ou plant de pin pignon dans les pépinières, ainsi qu'à l'établissement de PV de justice contre les trafiquants».