Les groupes terroristes au Sahel semblent se diriger vers une nouvelle organisation et de nouvelles missions dans cette partie de l'Afrique, avec l'annonce de la destitution de Mokhtar Belmokhtar, chef de la katiba des «enturbannés» (el moulathimines), et la nomination d'un nouvel émir' pour le Sahel et le Sahara, en remplacement de Nabil Makhloufi, mort dans un mystérieux accident de voiture, au nord du Mali. L'annonce de ces deux changements dans l'organisation terroriste d'Aqmi, décidée par l''émir' Droukdel Abdelmalek, dit Abou Moussaab Abdelouadoud', intervient à un moment où la communauté internationale et les pays riverains, dont l'Algérie, discutent d'une stratégie idoine pour déloger de cette partie de l'Afrique, les groupes armés et terroristes. Des sources sécuritaires maliennes ont affirmé que Droukdel a nommé un « émir du Sahara et du Sahel » pour remplacer Nabil Makhloufi et a destitué Mokhtar Belmokhtar. «Yahya Abou El Hamame ou Djamel Okacha, a été nommé par Droukdel Abdelmalek émir' du Sahel, en remplacement de Nabil Makhloufi, surnommé Nabil Abou Alqama, « mort dans un accident de la circulation, le mois dernier », dans le nord du Mali, précisent les mêmes sources. La nomination de Okacha nouvel émir' pour le Sahara et le Sahel aurait été décidé 'il y a deux semaines» et «depuis cette semaine, c'est officiel. C'est lui qui est le représentant de Droukdel dans le Sahara et dans le Sahel», selon une autre source sécuritaire. Il dirige désormais toutes les cellules terroristes au Sahel et au Sahara, y compris celle de Abdelhamid Abou Zeid, présente à Tombouctou (nord-ouest du Mali), et celle que dirigeait Mokhtar Belmokhtar, présente à Gao (nord-est du Mali). Ancien du Groupe islamique armé (GIA), Yahya Abou El Hamame fut également dans le noyau dur du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui a donné naissance à Aqmi. Mais, l'arrivée de Djamel Okacha, dont l'âge serait de 36 ans, qui boitille, est moins surprenante que l'éviction de la katiba des «Moulathimounes», qui chapeaute tout le nord du Mali jusque vers la Mauritanie, de Mokhtar Belmokhar, condamné par contumace par la justice algérienne pour terrorisme et kidnapping. Déjà donné pour mort fin juin denier dans le nord du Mali et tué par un combattant du MNLA (Mouvement national pour la libérationd de l'Azawad), Mokhtar Belmokhtar serait tombé en disgrâce au sein d'Aqmi, et les mauvaises relations qu'il entretenait avec le chef d'une autre katiba, Abou Zeid, sont connues de tous. Par ailleurs et selon une source sécuritaire malienne, le chef d'Aqmi « a informé toutes les katibas du Sahel de la destitution de Belmokhtar pour déviation. Il n'est donc plus chef de sa katiba ». Selon des sources sécuritaires maliennes, Belmokhtar a été destitué « pour travail fractionnel, après plusieurs mises en garde ». « Mais il n'a pas encore de remplaçant à la tête de sa katiba », indiquent les même sources. Pour Omar Ould Hamaha, un responsable malien de groupes terroristes, contrôlant depuis plus de six mois le nord du Mali avec Aqmi, « pour le moment, ce sont des échos. Ce sont des échos qu'on entend, mais ce qui est sûr, c'est que le jihad continue. » Mokhtar Belmokhtar, un ancien d'Afghanistan, serait tombé en disgrâce car ces derniers temps il n'en faisait qu'à sa tête, et ne reconnaissait plus l'autorité de sa hiérarchie. Surnommé également 'le borgne'' ou 'Khaled'', il prenait de plus en plus, son indépendance avec sa katiba, et le chef d'Aqmi l'avait d'ailleurs, plusieurs fois rappelé à l'ordre, sans succès, avant de présider le conseil qui vient de le destituer. Pour autant, ces changements au sein de la nébuleuse terroriste ne peuvent que confirmer le point de vue de l'Algérie dans la manière et les moyens à mettre en oeuvre pour la combattre. C'est ce que vient de relever, dans une analyse publiée par le journal électronique américain «Huffington Post», Geoff Porter, responsable de la société « North Africa Risk Consulting », spécialisée dans l'analyse des risques politique et sécuritaire en Afrique du Nord. Selon lui, l'Algérie, de par son expérience dans la lutte contre les réseaux terroristes et djihadistes est l'un des pays de la région et dans le monde qui peut donner les clés d'une solution au phénomène du terrorisme dans le monde. Mieux, pour lui, les Etats-Unis doivent écouter l'Algérie et en faire leur partenaire dans la lutte contre les réseaux terroristes qui menacent les intérêts US dans le monde en général, en Afrique et au Maghreb en particulier. « L'Algérie est devenue un élément important de la politique étrangère américaine » au Sahel, a-t-il estimé.