Les banques et les établissements financiers ne sont pas responsables de la faiblesse de l'investissement productif, c'est tout l'environnement économique qui ne sied pas encore à l'investissement industriel. Le Délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF), Abderrazak Trabelsi, le dit et le répète chiffres à l'appui. «Les banques sont loin d'être un handicap à l'investissement puisque depuis 2005, les crédits octroyés au secteur privé sont plus importants que ceux alloués au privé. En 2011 par exemple, le niveau de crédit global alloué a atteint 3.724 milliards de dinars, dont 1.982 milliards pour le privé et 1.742 pour le secteur public. Il se trouve que l'environnement économique ne présente pas encore les conditions nécessaires à un investissement productif, notamment l'industrie, et qu'il y a un engouement pour le commerce extérieur. C'est de ce côté qu'il faut regarder», a-t-il affirmé, hier, sur les ondes de la radio nationale en précisant que le nombre de projets d'investissement industriel bancables reste très faible en comparaison des demandes de financements destinés à l'importation. Abderrazak Trabelsi a également ajouté que l'on ne pouvait reprocher aux banques la faiblesse de l'investissement industriel (la part de du PIB reste autour de 05%) et qu'il fallait par-dessus tout s'interroger sur l'engouement des opérateurs privés pour l'importation au lieu de l'industrie. «La gestion prudente des banques dans un contexte de turbulences internationales est tout à fait normal ( ) Comme il est normal que les établissements financiers s'assurent de la viabilité des projets avant d'accorder des crédits», a-t-il indiqué pour justifier le refus que les banques opposent à certaines demandes d'investissements : «Les banques prennent des risques mais elles sont souvent freinées par la réalité du terrain», autrement dit l'insuffisance de garanties de faisabilité et de viabilité des projets présentés et l'absence d'un environnement économique favorable. L'offre bancaire existe et elle est diversifiée, a-t-il encore ajouté en énumérant les différents organismes créés pour accompagner les promoteurs, même s'il y a encore beaucoup à faire pour en améliorer les performances (société de leasing, capital investissement, fonds d'investissement dans les wilayas, marché obligataire ), il ne tient qu'aux promoteurs de présenter des projets d'investissement productifs : «Il faut que la demande arrive aux banques pour qu'elles financent cet investissement ( )» Pour le représentant de l'ABEF, la problématique posée aujourd'hui est complètement erronée : il faut réfléchir à la manière de créer un environnement favorable à l'investissement productif et non pas s'interroger sur de prétendues entraves bancaires. Banques publiques et privées qui, affirme-t-il encore, ont déployé de sérieux efforts dans le traitement des demandes de crédit puisque le délai entre le dépôt du dossier et son traitement a été réduit à un mois, exception faite des dossiers qui nécessitent des compléments d'information. 160 MILLIARDS DE DINARS POUR REECHELONNER LES DETTES DE 1.400 PME Les banques prennent-elles des risques ? Oui, soutient Abderrazak Trabelsi en mettant en avant les ratios et rentabilité des banques nationales et ceux «les plus élevés au monde» réalisés par les filiales des banques étrangère installées en Algérie : «Il est vrai qu'il reste toujours la problématique de l'investissement industriel», a-t-il toutefois reconnu. Sur le rééchelonnement des entreprises en difficulté, il a indiqué qu'un bilan provisoire établissait que 1.400 PME étaient concernées pour un montant global de crédit rééchelonné avoisinant les 160 milliards de dinars. «Le tout pour un montant d'agios effacé qui se situe à 26 milliards de dinars, ce qui n'est pas rien», a-t-il insisté en expliquant que les entreprises exclues, dont il n'a pas révélé le nombre, l'on été à cause de leur incapacité, démontrée lors de l'évaluation, à rebondir, créer la richesse et rembourser les crédits. Au chapitre de la modernisation des banques dans tous ses segments (formation des ressources, prestations de services, réduction des délais des opérations ), le délégué général de l'ABEF a assuré que le processus continuait mais qu'il était long et laborieux : «Des améliorations ont été enregistrées mais il est vrai qu'il reste encore beaucoup à faire notamment dans le domaine de la monétique.» Quant au sort réservé aux 15 milliards de dollars de surliquidités qui dorment dans les banques, il a répondu que rien n'était envisagé pour le moment, le niveau d'intermédiation (la part des financements apportés par les agents financiers dans le total des financements dont bénéficient les ménages, les entreprises, Ndlr) restant encore faible : «Nous avons encore une marge d'amélioration pour pouvoir transformer ces dépôts en crédits», a-t-il encore expliqué. En résumé, même s'il reconnaît leur insuffisance, Abderrazak Trabelsi estime que les banques répondront présent et prendront les risques qu'il faudra pour peu que les pouvoirs publics assainissent l'environnement économique et le rendent propice à l'investissement productif et que les opérateurs économiques pensent davantage à la collectivité qu'à leur intérêt propre. Ce qui est loin d'être gagné...