Mourad Medelci, le ministre des Affaires étrangères, a saisi l'occasion de sa présence au Mali, dans le cadre de la réunion internationale qui se tient, depuis hier, à Bamako, pour réaffirmer l'engagement algérien dans la lutte contre le terrorisme. A l'issue de son entrevue avec son homologue malien, Tieman Hubert Coulibaly, le chef de la diplomatie algérienne a déclaré à la presse que si l'objectif de l'imminente intervention militaire au Nord-Mali est de lutter contre les groupes terroristes qui ont pris position dans cette région du Sahel, la volonté d'Alger est «de persévérer dans la lutte, par tous les moyens, contre le terrorisme». Persévérer et non participer puisque M. Medelci ne se prononcera pas sur une telle éventualité, se contentant de développer le discours tenu par l'Algérie depuis le début de crise nord-malienne. Tout en adoubant l'option militaire, entérinée par le Conseil de sécurité à travers la résolution 2071, une résolution, faut-il le rappeler, toute française, l'Algérie, par la voix de son ministre, affiche clairement ses intentions en rappelant la nécessité d'un règlement de crise inter-malien. «Pour bien lutter contre le terrorisme, il faudra également refaire l'unité nationale du Mali autour de la fraternité, de la réconciliation et mobiliser l'ensemble des acteurs maliens pour construire le Mali de demain», précisera-t-il. Pour rappel, la résolution 2071 votée à l'unanimité de ses 15 membres par le Conseil de sécurité de l'ONU, le 12 octobre dernier, a été perçue par nombre d'observateurs politiques comme un désaveu de la diplomatie algérienne qui s'était déployée, ces derniers mois, pour privilégier l'option politique au bruit des armes. En effet, la volonté manifeste d'Alger était d'éviter tout conflit armé à ses frontières de peur de voir un remake de la guerre en Libye et ses conséquences sur la sécurité intérieure du pays. Les arguments d'Alger auraient pu tenir la route n'était-ce le positionnement de Washington qui avait, dans un premier temps, épousé les vues d'Alger avant de se ranger derrière Paris. Quant à Moscou ou Pékin, le Nord-Mali reste loin de leurs sphères d'influence. Pourtant, et officiellement, cette résolution 2071 a été qualifiée, le jour même de son adoption, par l'Algérie de «positive» puisque reprenant de nombreux aspects de la démarche algérienne. «Il s'agit d'une résolution qui cristallise la convergence entre les différentes approches qui étaient sur la table», avait souligné M. Belani, le porte-parole du MAE algérien. Parmi ces convergences de vue, les Maliens eux-mêmes qui doivent être acteurs d'une sortie de crise à travers un dialogue politique crédible avec les groupes de la rébellion touarègue dans le cadre d'une solution globale qui préserve l'unité du Mali. La résolution reprend également les demandes algériennes de voir les groupes rebelles prendre leurs distances avec l'Aqmi et le Mujao. M. Belani a aussi souligné que la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU se base sur la lutte contre le terrorisme, ce qui, par conséquent, rejoint la position de l'Algérie. M. Medelci tiendra aussi à souligner le besoin d'une coopération aussi bien bilatérale, régionale qu'internationale pour mener à bien cette lutte. Le ministre des Affaires étrangères fera également remarquer que l'Algérie va défendre ces deux approches indissociables dans le règlement de la crise au Nord-Mali, l'intervention militaire et le dialogue interethniques, à l'occasion de la réunion de Bamako. Cette fameuse rencontre du 19 octobre, longuement évoquée, ces deux dernières semaines, par la communauté internationale réunit l'Union africaine, l'ONU, l'Union européenne, le Mali, la France, la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest et d'autres institutions régionales, internationales ou occidentales pour tenter d'«identifier des solutions», selon le gouvernement intérimaire malien. Cette réunion internationale planchera donc sur la question d'une intervention militaire dans le Nord-Mali et les moyens pour y arriver. La résolution onusienne a pressé la communauté internationale à proposer, sous 45 jours, un plan d'action rigoureux et cohérent. Par ailleurs, M. Medelci a réitéré l'action préventive de l'Algérie dans sa lutte antiterroriste qui s'inscrit sur trois axes «complémentaires». L'humanitaire, le politique et un travail sur le terrain des opérations sont le trident d'une philosophie de lutte contre le terrorisme que l'Algérie cherche à partager avec ses voisins frontaliers et le monde plus globalement.