C'est en 2009, que l'un des plus importants réseaux de contrefaçon de billets de banque algériens est tombé à Lyon. Son procès débutera le 30 novembre et s'étalera sur quatre semaines. «C'est l'une des plus importantes affaires de fausse monnaie en France,de ces dix dernières années», avait-t-on estimé à l'époque. L'enquête confiée à l'autorité de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs), par les polices judiciaires de Lyon et Marseille, avec l'appui de l'office central français de répression du faux monnayage, a permis le démantèlement de ce réseau de faux-monnayeurs et l'arrestation de douze hommes, écroués à Lyon pour avoir participé à la contrefaçon de millions de billets de mille dinars algériens, fabriqués dans une imprimerie clandestine au beau milieu d'un atelier insalubre, installé à la rue du Lac, dans le 3e arrondissement de Lyon. Tout est parti du braquage d'un poids lourd autrichien, commis à l'aube du 30 novembre 2006, sur l'autoroute, à hauteur des Arnavaux, à Marseille, à l'occasion duquel 44 rouleaux de papier fiduciaire vierge (20 tonnes) avaient été dérobés. Les enquêteurs mèneront deux vastes coups de filet dans le milieu de la fausse monnaie, après la découverte de deux imprimeries qui fabriquaient des faux billets de 1000 dinars algériens, Vraisemblablement à partir des feuilles de papier fiduciaire volées à Marseille. La première était démantelée à Naples, en Italie, en janvier 2009, par la Guarda des Financa de Naples. À l'intérieur, les policiers découvraient 345 000 coupures de 1000 faux dinars algériens, fabriqués à l'aide de plaques offset. Un renseignement d'Interpol avait mené les policiers de la PJ marseillaise sur la piste locale. Des Marseillais étaient en effet soupçonnés d'être les commanditaires de ce vaste trafic. Six personnes seront donc interpellées dans un premier temps et trois présentées devant un juge de la Jirs de Marseille. Ces trois hommes, âgés de 31, 49 et 38 ans, dont le fils d'un ancien membre du gang de «La Brise de mer», ont été mis en examen pour «trafic international de fausse monnaie» et écroués. Ces interpellations avaient été déclenchées au même moment où la PJ marseillaise, notamment la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), avait été sollicitée par son homologue lyonnaise pour procéder à l'arrestation de trois autres marseillais, soupçonnés d'être impliqués dans une affaire similaire. Là, c'est dans le 3e arrondissement de Lyon, qu'une imprimerie clandestine avait été délogée au beau milieu d'un atelier insalubre. Le réseau lyonnais disposait de rouleaux entiers de papier fiduciaire (plus de 17 000 feuilles), avec la trame et le filigrane sécurisé, qui étaient destinés à la fabrication officielle de la monnaie algérienne. Les rouleaux, d'un poids moyen de 400 kg, proviendraient aussi du braquage à Marseille de 2006. «Ces rouleaux ont été remis par des malfaiteurs marseillais au réseau lyonnais en septembre dernier, à Cavaillon dans le Vaucluse. Ils ont été stockés dans un entrepôt de Villeurbanne, puis transférés dans le 3e», avait précisé alors le directeur de la PJ de Lyon. Une fois imprimés, les billets étaient numérotés à Saint-Etienne par un informaticien. Lors de leurs interpellations à Saint-Genis-Laval, les faussaires se préparaient à vendre 48 000 billets. Et 250 000 coupures auraient déjà été écoulées par le réseau lyonnais, dont d'autres membres ont été arrêtés à Marseille, Montélimar, Saint-Etienne et Paris. «Ils s'apprêtaient à se lancer dans la production de masse», a indiqué la PJ. Ces délinquants, dont certains sont fichés au grand banditisme, encourent jusqu'à trente ans de réclusion. Reste désormais pour les deux PJ, marseillaise et lyonnaise, à savoir comment ces faux dinars étaient écoulés en Algérie. Et c'est justement tout l'enjeu de ce procès qui sera certainement suivi de près par Alger. L'on se rappelle que ces affaires avaient fait grand bruit dans le monde de la finance algérienne d'autant plus que de grosses sommes en fausse monnaie avaient déjà franchi les frontières. Une source de la plus haute autorité monétaire du pays avait laissé entendre que le gouverneur de la Banque d'Algérie s'est saisi de l'affaire alors que des scénarios de parade ont été mis en branle. La Banque d'Algérie entendait renforcer le contrôle des flux de capitaux à destination de l'Algérie afin de détecter la fausse monnaie en circulation. La Banque d'Algérie s'est constituée partie dans cette affaire de Lyon.