La direction des transports a beau s'égosiller la gorge sur les détails de la nouvelle circulaire du ministère de tutelle, sur le terrain, la pagaille et le bon vouloir cèdent promptement le pas à la loi et tiennent à la gorge une clientèle en désarroi. L'application des nouveaux tarifs de transport par les taxieurs semble un souci mineur qui se perd dans le brouhaha de la circulation et des embouteillages monstrueux qui étouffent la ville de Constantine. «Nous ne pouvons pas suivre les tarifs réglementaires fixés par la dernière circulaire du ministère des Transports alors que l'environnement se trouve totalement enlisé dans l'incertitude, l'improvisation et le chaos», avouent en chœur les taxieurs. Ces derniers reconnaissent qu'ils exercent depuis toujours leur métier selon des critères définis hors du cadre de la loi, le tarif des courses est calculé sur la base de la fluidité de la circulation, la longueur du trajet du client, et la destination est tout autant du bon vouloir des taxieurs. Sur des lignes qui connaissent une forte densité de la circulation, le taxieur exige des tarifs à sa convenance sans se référer à la réglementation, justifiant cette décision par la consommation d'essence et de temps dans des déplacements vers des endroits très difficiles d'accès. «Parfois, il nous faut passer plus d'une heure pour rejoindre le centre-ville à partir de la cité Boussouf, comment voulez-vous qu'on applique dans ce cas un tarif de 30 dinars par place ou une course individuelle à 100 dinars ?», se lamentent les chauffeurs de taxis, qui appliquent aujourd'hui pour ce trajet jusqu'à 200 dinars pour un déplacement en «individuel». Quant aux taxis collectifs, il faut vraiment faire le pied de grue avec la foule durant une heure et plus dans les stations de taxi service pour dénicher une place. Le scénario en question est en vigueur sur toutes les lignes. Les taxieurs avancent encore des arguments massues pour justifier leur position «hors la loi». Les charges de la location de la licence de taxi sont énormes, atteignant les 9.000 dinars par mois, le droit de stationnement, les impôts, la Casnos et les frais mécaniques sont autant de dépenses qu'on essaie d'amortir par les tarifs des courses, comme le ressassent à chaque occasion tous les taxieurs. Devant ce triste constat, les taxieurs et la tutelle tournent en rond au grand dam du client. Bien sûr, c'est le citoyen qui paie les frais de l'absence d'une concertation sérieuse entre les professionnels et les pouvoirs publics, mais à quel saint se vouer ? Car, dans le fond, le secteur est livré à l'anarchie totale.