Un rapide état des lieux de l'évolution du concept de l'Open Data ou données ouvertes au Maghreb fait ressortir un gap important entre les trois principaux pays. Le Maroc a été précurseur dans ce domaine sans toutefois offrir une plate-forme Open Data digne de ce nom. La Tunisie a fait mieux, disposant de plusieurs fonctionnalités et l'Algérie n'y pense même pas. Rassembler des données publiques brutes dans un portail web et les mettre à disposition aussi bien des spécialistes, des chercheurs, des journalistes que du commun des citoyens, pour une exploitation commerciale ou non commerciale, on appelle cela l'Open Data ou littéralement donnée ouverte. Ces données peuvent être produites par l'Administration centrale, les collectivités locales, les institutions publiques, les organismes chargés de la statistique ou même celles provenant d'initiatives privées. Le but de l'Open Data est cependant de fournir des données susceptibles d'êtres exploitées pour le développent de nouveaux services innovants, générateurs de valeurs. Une quarantaine de pays ont déjà adopté le concept, en passant par les précurseurs (les pays développés) et les pays émergent (BRIC). L'Open Data a franchi un cap important en fin de l'année dernière par le lancement de la Commission européenne d'un portail web de données publiques, couvrant le Vieux Continent. «Ce portail a pour but d'encourager l'utilisation de données publiques, la transparence et l'innovation. Le portail de données de la Commission européenne offre un accès aux données publiques ouvertes de la Commission européenne. Il permet également aux institutions, organismes, bureaux et agences de l'Union européenne qui le souhaitent d'offrir un accès à leurs données. Toutes les personnes intéressées peuvent télécharger les données publiées afin de les réutiliser, de créer des liens vers ces données ou de créer des services novateurs», peut-on lire sur l'interface du portail web. Ceci résume la démarche de l'Open Data, se voulant un nouveau modèle d'amélioration de «la transparence de l'action publique», mais aussi de valorisation de données pouvant générer de la croissance pour peu que l'on libère l'accès. Le mode ouvert des données libère les initiatives et peut générer de la croissance notamment dans le domaine de l'édition en ligne et du développement d'applications sur le web. Gap entre les principaux pays maghrébins Si dans le monde le concept séduit de plus en plus, malgré quelques défis de mise à jour régulière qui continue à grever le concept, au Maghreb il reste beaucoup de chemin à faire. Le concept fait son petit bonhomme de chemin dans les pays de la région avec néanmoins des disparités importantes. Le Maroc, précurseur dans le domaine des TIC au Maghreb, dispose déjà de sa plate-forme Open Data, accessible sur le site http://data.gov.ma. Le visiteur du site finira vite par désenchanter. Le site ressemble beaucoup plus à un annuaire qu'à une plate-forme d'Open Data. Juste quelques données organisées sous différentes catégories : santé, finance, éducation, tourisme et emploi. Une grande partie n'est qu'un vulgaire listing de bureaux de poste d'établissements touristiques, scolaires et hospitalier. Des indicateurs économique et financier sont mis en ligne, mais pas encore mis à jour. La dernière publication remonte à avril 2011. Et dire que le Maroc est le premier à avoir pris l'initiative de l'ouverture de la donnée en Afrique. En Tunisie, le site http://www.opendata.tn a été lancé en été dernier. Le projet s'inscrit «dans le droit chemin du mouvement global d'ouverture des données publiques et privées» à travers le monde. La plate-forme est diversifiée. Elle offre la fonctionnalité de catalogue de données «Datalog», «afin de mettre à disposition des données brutes sous forme de fichiers téléchargeables directement», une bibliothèque d'applications «App Store», «afin de permettre aux développeurs de mettre en avant les applications qu'ils ont pu développer en utilisant les données du site, un moteur d'API permettant de mettre en place des APIs l'accès aux données et un espace pour les développeurs «DevZone», «afin qu'ils puissent générer des clés d'accès au moteur d'API, consulter les statistiques d'usage des clés ou bien encore déclarer leur application dans l'App Store» ainsi qu'un module de Forums de discussion et système FAQ (foire aux questions). L'Algérie est cependant loin de ces voisins dans ce domaine. L'Open Data n'est pas envisagé dans la stratégie e-Algérie (qui déjà peine à se concrétiser sur le terrain), mais serait prévue par l'avant-projet de loi sur les télécommunications qui devrait atterrir sur le bureau de l'APN dans les semaines à venir.