A Sétif, il n'y a pas que la mosquée dite «Mesdjed El Attik» jouxtant la légendaire fontaine Aïn Fouara qui soit investie d'une certaine ancestralité locale. «Djamaa Langar» mosquée du faubourg de la gare, demeure aussi un monument incontournable dans l'histoire contemporaine de la cité. Située à l'angle de rue Hafid Mohamed pratiquement au centre ville, à une ou deux rues perpendiculaires, à la rue du premier novembre ex-rue de Constantine, la mosquée a été longtemps un lieu, outre de foi et de dévotion, mais aussi un espace de culture et de savoir. Cette mosquée qui aura pour nom dès 1962 «Abi Dhar El Ghifari», fut inaugurée le 20 octobre 1931. Elle connut un élan nationaliste, à l'instar de tous les lieux de culte musulman, formidable. D'ailleurs cet endroit sera à l'éternité consigné, comme étant le prélude physique au commencement des évènements atroces du 08 mai 1945. C'est d'ici, que la procession initialement anodine et pacifique prit son départ,pour manifester le désarroi populaire. La suite sera connue. Un massacre. Un génocide à grande échelle. La postérité a gardé comme tradition symbolique, cet itinéraire qui d'année en année ne se désemplit pas de marcheurs, venus marquer la souvenance persistante des douloureux évènements. L'honneur de ce quartier un peu mythique est également d'abriter dans un pâté de lots, un autre monument de rayonnement scientifique et religieux. «Madrasset El Feth» qui sous la bénédiction inaugurale du Cheikh El Ibrahimi, connut sa première rentrée le 1 janvier 1950. De souvenir d'enfant, les cris se bousculent encore dans la bouche de ceux qui, mômes entonnaient le tenant lieu de l'Adhan. A savoir «awou échaal ! awou edhrab !». Mais aussi aux coups de canons qui rugissaient à partir, nous disait-on, du champ de tir (les 600 logts actuellement). L'on jubilait à cor et à cri en multipliant les appels. L'on ne peut évoquer la mosquée de Langar sans pour autant citer Cheikh Belmeddour, sain et mystique. Il y officiait tel un grand maître spirituel. CONNAISSANT UN RAFISTOLAGE MAL PLACE EN FIN D'ANNEE 2012 ; ELLE AURAIT PU GARDER CE CHARME D'ANTAN. ELLE AURAIT PU NE PAS SE VOIR PROFANER PAR UN «MODERNISME» QUI ALTERE DANS SON SILLAGE TOUTE NOBLESSE D'UN PASSE ELOGIEUX. METTRE DE LA FAIENCERIE MAL EMAILLEE, OU TENTER DE FAIRE UNE EXTENSION IMMERITEE N'EST QU'UN VU INUTILE. A L'ORIGINE C'EST UNE MOSQUEE DE QUARTIER, DONC LA PRETENTION DE VOULOIR EN FAIRE UNE MOSQUEE DE MASSE, AVEC LA RATIONALISATION DE TOUT METRE CARRE N'EST PAS SANS TOUCHER A L'AUTHENTICITE DE L'UVRE. LA COUR AVEC SON JET D'EAU A DISPARU. DE MEME QUE LES VOUTES MINUSCULES QUI ORNAIENT DE L'INTERIEUR SON ENTREE. LA PORTE COCHERE QUI JADIS FAISAIT UNE DIFFERENCE, VA EN TOUTE CERTITUDE ETRE REMPLACEE PAR UNE VITRERIE AUTOMATIQUE, OU UN QUELCONQUE PRODUIT DE MAUVAISE EBENISTERIE. L'ON TERGIVERSE ENCORE SUR LA CONSERVATION, LA SUPPRESSION OU LA CONVERSION DU MINBAR, UN PETIT ENSEMBLE DE MARCHES COURONNE ET D'OU ONT EU A OFFICIER CHEIKH BENBADIS, EL IBRAHIMI ET AUTRES SOMMITES. ENFIN ELLE EST DEVENUE UNE GRANDE SALLE DE PRIERE, DENUEE DE SON AME. L'ON NE S'Y RECONNAIT PLUS EN CES DECORS. LES ENFANTS QUI ONT GRANDI ENTRE SES RANGS GARDERONT EN ETERNELLE SOUVENANCE QU'ELLE FUT POUR EUX UN SECOND BERCEAU.