Un homme est parti. Si la perte est cruelle pour son pays, le Venezuela, elle l'est aussi pour tous ceux à travers le vaste monde qui voyaient dans le Commandant Chavez l'incarnation d'une alternative à l'horreur néolibérale, un héritier des grands « Libertadores» comme Bolivar, Sucre, Zapata ou Guevara ! Le président Chavez avait repris le flambeau, piétiné par le communisme bureaucratique, d'un socialisme démocratique, humaniste et émancipateur. C'est ainsi qu'il définissait le socialisme du XXIème siècle pour la justice et la solidarité humaine défendu avec passion et conviction dans toutes les arènes de la planète. Hugo Chavez, officier de l'armée vénézuélienne, n'a jamais renié ses origines modestes, il n'a jamais tourné le dos aux pauvres et aux défavorisés. Bien au contraire, dans un pays jusqu'alors littéralement pillé par une caste compradore à l'avidité sans frein, il a mis en œuvre une politique économique et sociale de libération. Admiré par les pauvres, apprécié des justes, Chavez était exécré par les porte-paroles des multinationales et les propagandistes du néolibéralisme financier. Cet homme a tellement fait peur aux cercles de la domination impérialiste que la campagne permanente de désinformation et d'intoxication se poursuit même au-delà de sa mort. Pourtant, nul ne peut prétendre que cet homme et son parti avaient volé la moindre élection, et nul ne peut étayer la moindre accusation sur un quelconque attentat aux droits de l'homme ou aux libertés publiques et privées. En revanche, les statistiques du FMI attestent de la réduction drastique de la pauvreté. Qui peut ignorer l'effort soutenu contre une précarité ravageuse et qui peut nier que 30.000 médecins cubains ont contribué à assurer une couverture médicale des déshérités, abandonnés par tous les régimes précédents ? Depuis fort longtemps dans un pays pétrolier, la redistribution des richesses a servi efficacement à améliorer les conditions économiques et sociales de la majorité du peuple. Mais Chavez irritait grandement les évangélistes néoconservateurs du marché illimité parce qu'il s'opposait à leur agenda global. Comment ne pas se rappeler cette pancarte érigée au milieu du champ de ruines de la banlieue sud de Beyrouth en 2006 qui proclamait en lettres de sang «Vive le président Chavez, seul chef d'Etat arabe !». Et qui dans le monde arabe oubliera la condamnation puissante chargée d'émotion de l'agression sioniste contre Ghaza ? Chavez a été l'un des rares chefs d'Etat après l'invasion de l'Irak à considérer publiquement Bush et Blair pour ce qu'ils sont : des criminels et des menteurs. L'internationalisme de Chavez n'était pas une posture. C'était l'axe principal d'une politique étrangère tournée vers la promotion de relations internationales apaisées, débarrassées du bellicisme américain et de ses alliés occidentaux. Les peuples n'oublieront pas ces marques de courage dans un monde où le réalisme politique camoufle difficilement la veulerie et la soumission de dirigeants uniquement préoccupés par la conservation du pouvoir. Les Algériens ont une proximité particulière avec le président Chavez, car selon de nombreuses sources c'est aussi grâce à son intervention que la loi de retour au régime des concessions voulue par l'ancien ministre de l'Energie a été finalement retoquée. La voix originale et puissante d'Hugo Chavez manquera. Mais le leader bolivarien a marqué son époque. Il a, de son vivant, induit des transformations fondamentales dans le cône sûr d'un continent autrefois livré pieds et poings liés à l'impérialisme yankee. Hier, ils étaient nombreux en Amérique latine et ailleurs à avoir rendu un hommage à cet homme en disant à voix haute ou dans leurs cœurs : Gracias Commandante !