L'évolution des combats en Syrie a tourné ces derniers jours en faveur du régime de Damas qui a pris le contrôle de Qousseir et s'apprête à prendre le contrôle de Homs. L'intervention du Hezbollah libanais dans les combats a changé le rapport des forces. L'une des conséquences de la bataille remportée par le régime est le verrouillage de l'accès des hommes et des armes pour l'opposition syrienne à partir du Liban. Les pays du Golfe et leurs religieux se sont lancés dans une campagne virulente contre le Hezbollah qualifié de «parti du diable» par Al-Qaradhaoui, propos salués par le mufti d'Arabie Saoudite, Abdelaziz Al-Cheikh. Dans cette crise syrienne, tout le monde «intervient», les pays du Golfe en premier avec des aides financières et en armes fournies par le Qatar et l'Arabie Saoudite. Le conflit syrien est rapidement devenu une question de géopolitique où toutes les puissances soutiennent une partie. Pour les pays du Golfe qui agissent sous le parapluie américain, c'était une opportunité de porter un coup à l'Iran «chiite» contre lequel ils sont en campagne depuis la chute du chah et l'avènement de la République des mollahs. La lecture confessionnelle que les pays du Golfe et l'Arabie Saoudite œuvrent à imposer dans l'ensemble des esprits en présentant les chiites comme une menace existentielle n'a fait que se renforcer ces dernières années. Les régimes du Golfe ont inventé la formule d'un «arc chiite» de Téhéran à Damas en passant par Baghdad qui menacerait le «monde sunnite». Ils contribuent avec beaucoup de moyens à la montée des violences confessionnelles en Irak et il est vrai ils sont servis par l'aveuglement politicien du Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki. Ils sont massivement impliqués dans la guerre civile en Syrie, chose connue et souvent reconnue. Leur rage devant l'intervention du Hezbollah à Qousseir est d'autant plus grande qu'ils ont cru que la partie était finie. En réalité, les données géopolitiques en Syrie ne favorisent pas une issue rapide, elles entretiennent plutôt l'option d'une guerre d'usure. Il existe cependant une tentation chez les religieux sunnites aussi fanatisés que bornés de vouloir jouer le chaos en allumant, à nouveau, la guerre civile au Liban. Les discours des salafistes deviennent rugueux, des religieux sunnites libanais crédités d'être proches du Hezbollah ont fait l'objet de tentatives d'assassinat. La promesse publique faite par un dirigeant de l'armée de la rébellion syrienne de porter la guerre contre le Hezbollah au Liban a accentué la menace. Mais c'est surtout les discours des religieux, émargeant chez les monarchies du Golfe, qui sont en train d'attiser les flammes pour un embrasement du Liban. Avec l'arrière-pensée qu'une guerre civile au Liban permettra d'obtenir l'intervention militaire étrangère qu'ils n'arrivent pas à imposer dans le cas syrien. L'ARABIE SAOUDITE VIENT D'APPELER LES LIBANAIS A LA SAGESSE MAIS SES RELIGIEUX ET SES MEDIAS MENENT UNE CAMPAGNE OUVERTE D'INCITATION A LA HAINE CONFESSIONNELLE. LE LIBAN, PAYS OUVERT AUX MANUVRES, EST TRES CLAIREMENT CIBLE. C'EST SON ARMEE, LARGEMENT L'INSTITUTION LIBANAISE OU LE «BRASSAGE» CONFESSIONNEL EST LE PLUS ACCOMPLI, QUI EST ATTAQUEE. TROIS MILITAIRES ONT ETE TUES PAR DES HOMMES ARMES A LA FRONTIERE AVEC LA SYRIE ET IL Y A EU, CES DERNIERES QUARANTE-HUIT HEURES, PLUSIEURS ATTAQUES CONTRE DES SOLDATS DANS LE NORD ET L'EST DU PAYS. L'ARMEE LIBANAISE, POLITIQUEMENT TRES DISCRETE, EST SORTIE DE SON SILENCE POUR METTRE EN GARDE CONTRE DES «COMPLOTS VISANT A FAIRE REVENIR LE LIBAN EN ARRIERE ET A L'ENTRAINER DANS UNE GUERRE ABSURDE». C'EST EFFECTIVEMENT UNE MENACE SERIEUSE ET ON EN VOIT TRES CLAIREMENT LES PREMICES.