Le conflit syrien semble avoir été rejoint par d'autres pays du Proche-Orient, a écrit le quotidien “Nezavissimaïa gazeta” hier. Le Liban du Sud a lancé hier un missile sur Israël, tandis que les services de renseignement qataris sévissent sur le plateau du Golan, que l'armée syrienne fait le ménage dans certaines provinces du pays et que l'opposition armée menace le Liban de représailles pour les actions du Hezbollah sur le sol syrien. Pendant ce temps la Russie et les Etats-Unis préparent leur conférence internationale pour le règlement du conflit. La défense antiaérienne israélienne n'a pas détecté de missiles venant du sud du Liban en direction d'Israël, dans la nuit de dimanche à lundi. L'attaque en question a été rapportée par les médias israéliens, se référant aux Libanais du Sud. Les habitants de la ville israélienne de Metula ont bien entendu une explosion mais n'ont rien vu. En ce moment l'armée israélienne procède à des vérifications. Le sud du Liban est contrôlé par le mouvement chiite du Hezbollah, qui attaque Israël à la moindre occasion. Israël le lui rend bien : Tel-Aviv a notamment lancé une attaque aérienne début mai contre la Syrie, prétextant vouloir empêcher les livraisons de nouveaux missiles aux chiites libanais depuis la Syrie. Israël est ainsi devenu un acteur direct des affrontements. Le Liban, dont l'équilibre interconfessionnel est perturbé depuis le début de la crise syrienne, n'a pas non plus réussi à rester à l'écart de la guerre. Beyrouth a affiché sa neutralité mais les rebelles de l'opposition syrienne ont reçu de l'aide dans les régions sunnites du Liban. Certains communiqués rapportent une assistance militaro-politique du Hezbollah libanais au profit du régime syrien. Au final, des affrontements armés entre les sunnites et les chiites libanais sont survenus à Tripoli. Seule l'armée gouvernementale libanaise est parvenue à empêcher l'escalade en neutralisant les positions de tir des deux groupes. L'opération militaire de l'armée syrienne, lancée la semaine dernière à El Quseir près de la frontière libanaise, a fait éclater la vérité au grand jour : le leader du mouvement chiite Hassan Nasrallah a déclaré qu'en Syrie le Hezbollah participait aux combats contre Al-Qaïda, qui représente une menace pour les Syriens et les Libanais. Après cela deux roquettes Grad ont été lancés contre le sud chiite de Beyrouth. L'Armée syrienne libre (ASL) (l'opposition armée syrienne) a déclaré qu'il s'agissait de représailles contre les actions du Hezbollah en Syrie. La revendication de l'attaque et la promesse de continuer à faire payer le Liban ont été plus tard désavouées par le porte-parole de l'ASL, selon qui il ne faut pas prendre au sérieux les chefs militaires des rebelles. "Les combattants sont engagés pour la stabilité, la sécurité et la souveraineté du Liban". Pendant ce temps Damas cherche à mettre en évidence la participation de Doha dans le conflit syrien. L'ambassadeur syrien à l'Onu Bachar Jaafari a déclaré que les services de renseignement qataris travaillaient activement sur le plateau du Golan. Selon lui, ils étaient notamment derrière les kidnappeurs des casques bleus de l'Onu le 7 mai. Il en a la preuve sous forme de courriel : "Un individu de Doha a utilisé un numéro de téléphone qatari pour contacter les ravisseurs des hommes de l'Onu et leur a donné des directives concernant les otages". La libération des otages a été organisée le 12 mai avec l'aide des services qataris. Selon Jaafari, le Qatar et Israël agissent dans la même direction dans le conflit syrien. L'armée syrienne poursuit ses opérations de "nettoyage" lancées la semaine dernière dans certaines provinces. L'armée contrôle la partie est du quartier Nord, le sud et le centre. Les bases et les entrepôts ont été détruits dans les alentours d'El Quseir. La guerre continue également dans les provinces de Damas, de Hama, d'Alep et d'Idlib. L'armée retrouve partout des entrepôts d'armes et de munitions - dont des grenades israéliennes -, rapporte l'agence Sana. Alors que le conflit s'étend aux pays voisins, les Etats-Unis et la Russie tentent d'organiser une deuxième conférence internationale à Genève. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire d'Etat américain John Kerry ont convenu que Moscou devait trouver un terrain d'entente avec Damas, l'opposition interne, Téhéran et Pékin - et Washington avec l'opposition extérieure, Riyad et Doha. Renforts du Hezbollah et de la garde républicaine pour une opération d'envergure à Qousseir Le Hezbollah libanais et les forces spéciales de la garde républicaine syrienne, les mieux entraînées des troupes de Bachar al-Assad, ont envoyé des renforts vers Qousseir pour prendre le dernier carré de cette ville défendu avec acharnement par les rebelles, selon une ONG syrienne. Le Hezbollah, puissant mouvement chiite armé, ainsi que les forces spéciales de la garde républicaine qui sont les mieux entraînées de l'armée syrienne ont envoyé des renforts à Qousseir, a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Comme le Hezbollah, les unités spéciales de la garde républicaine sont entraînées à la guérilla urbaine, selon lui. Les préparatifs montrent qu'ils préparent une opération d'envergure, indique M. Abdel Rahmane. Une source proche du Hezbollah a affirmé samedi que Qousseir était contrôlée à 80% par l'armée syrienne et le parti libanais. Hier matin, la ville était la cible de bombardements aériens, notamment sur le nord et l'ouest de la ville (où sont retranchés les rebelles), selon M. Abdel Rahmane. Malgré la puissance de feu, les rebelles opposent une résistance acharnée, indique-t-il. Il précise que des combattants sunnites libanais participent également aux combats aux côtés des rebelles. Cela prend de plus en plus une dimension confessionnelle entre sunnites et chiites, dit-il. Le régime en Syrie est dirigé par la communauté minoritaire alaouite, une branche du chiisme, tandis que la majorité de la population syrienne et des rebelles sont des sunnites. Le contrôle de Qousseir, située dans la province de Homs, est essentiel pour les rebelles, car cette ville se trouve sur le principal point de passage des combattants et des armes en provenance et en direction du Liban voisin. La ville est également stratégique pour le régime car elle est située sur la route reliant Damas au littoral, sa base arrière. Si Qousseir tombe aux mains du régime, cela sera un coup dur pour les rebelles car la frontière libanaise, par laquelle transitent les armes, leur sera fermée, explique M. Abdel Rahmane. Si Qousseir n'était pas stratégique, les rebelles ne se seraient pas battus jusqu'à la mort et le régime et le Hezbollah n'auraient pas mis tout leur poids, ajoute-t-il. Une chute de Qousseir sera aussi un revers moral pour les insurgés qui combattent depuis plus de deux ans les troupes de M. Assad, ajoute le directeur de l'OSDH. Par ailleurs, dans la ville de Homs, des roquettes de type GRAD se sont abattues pour la première fois sur un quartier alaouite de la ville, Akrama, tuant trois étudiants et un enfant, selon l'OSDH. Washington soutient l'UE pour la levée de l'embargo sur les armes Les Etats-Unis, qui refusent de livrer des armes aux rebelles syriens, ont approuvé la décision de l'Union européenne de lever son embargo sur les armes à destination de l'opposition au régime de Damas. Même si la décision en revient en dernier ressort à l'UE, nous soutenons l'assouplissement de l'embargo de l'UE sur les armes, comme une partie des efforts de la communauté internationale pour faire la démonstration de son appui total à l'opposition syrienne, a déclaré le porte-parole adjoint du département d'Etat, Patrick Ventrell. Cela donne aux Etats membres de l'UE la flexibilité pour aider l'opposition comme ils l'entendent, a ajouté le diplomate américain, répétant que son pays privilégiait pour le moment une assistance non létale à la rébellion contre les forces du régime du président Bachar al-Assad.