Le répit de l'Aïd el-fitr devrait être bref entre le gouvernement tunisien, dirigé par le parti islamiste Ennahda' et l'opposition, menée par des courants laïcs et de gauche, qui revendique le départ de l'exécutif et la mise en place d'un gouvernement de Salut national. En fin de semaine, le chef d' Ennahda, Rached Ghannouchi, a lâché du lest en invitant l'opposition à un dialogue national pour faire sortir le pays de la crise politique actuelle, alors que la Tunisie est, de plus en plus, menacée par le terrorisme. Devant la pression de l'opposition qui organisait, près du Bardo, et en face du siège de l'Assemblé nationale constituante (ANC), chaque soir, des rassemblements protestation, Ghannouchi est sorti de sa réserve pour appeler à un large dialogue national, après avoir accepté difficilement la suspension des travaux de l'ANC. Pour Ghannouchi, ce dialogue, qui rassemblerait toutes les forces politiques tunisiennes, doit aboutir à «un gouvernement d'union» et sortir le pays de la crise. «En dépit de nos réserves formelles et juridiques sur cette initiative (de suspendre la Constituante), nous espérons qu'elle servira de catalyseur pour que les adversaires politiques s'assoient à la table du dialogue», a annoncé Ennahda', dans un communiqué signé de son chef Rached Ghannouchi. De son côté, le Premier ministre islamiste Ali Larayedh, a estimé que 'le dialogue est le meilleur moyen de surmonter les difficultés et de résoudre les problèmes existants'', assurant que 'le gouvernement ne ménagera aucun effort pour soutenir le processus de dialogue''. Les travaux de l'Assemblée nationale constituante (ANC) ont été suspendus, mardi, à la surprise générale, par son président Mustapha Ben Jaafar, qui a demandé l'ouverture de négociations entre le pouvoir et l'opposition. Il compte ainsi forcer les choses et amené les deux camps à entamer un dialogue pour sortir le pays de l'impasse politique actuelle, deux semaines après l'assassinat du député d'opposition Mohamed Brahmi. Pour autant, Ennahda a critiqué le gel des travaux de la Constituante, revendiqué par l'opposition, qualifiant cette suspension 'd'illégale et d'inconstitutionnelle''. Mais, 'malgré ces réserves, les élus islamistes espèrent que cette initiative contribuera à soutenir le dialogue pour parvenir à des solutions de compromis'', indique un communiqué d' Ennahda, qui a souhaité une «solution consensuelle, en cette période sensible, en raison des dangers sécuritaires et des défis économiques énormes». Le parti qui dirige la Tunisie se dit même favorable 'à la formation d'un gouvernement d'Union nationale, comprenant toutes les forces politiques convaincues de la nécessité d'achever le processus démocratique, dans le cadre de la loi». Réaffirmant son exigence de maintien de l'ANC que veulent dissoudre les partis de l'opposition, Ennahda fixe, par ailleurs, un calendrier aux prochaines échéances, notamment la reprise des travaux de l'Assemblée nationale constituante, soulignant que l'adoption de la Constitution et de la loi électorale se fassent «avant fin septembre 2013». Ennahda réclame également «l'organisation d'élections, avant la fin de l'année». L'OPPOSITION VEUT LE DEPART D'ENNAHDA Par contre, l'opposition constituée de partis de différentes tendances, du centre droit à l'extrême gauche, reste inflexible et demande le départ du gouvernement dirigé par les islamistes comme préalable à toute sortie de crise politique du pays, la mise en place d'un gouvernement de Salut national, formé de personnalités indépendantes, ainsi que la dissolution de la Constituante. De son côté, la Centrale syndicale tunisienne UGTT, forte de 500.000 membres, réclame un gouvernement de technocrates et souhaite le maintien de l'ANC, une position partagée par le patronat, Utica, qui a appelé, de son côté, à l'urgence de dépasser l'impasse politique actuelle, car l'économie tunisienne est au plus bas. L'UGTT, qui a un poids politique et syndical très fort, en Tunisie, puisqu'elle peut mobiliser ses adhérents à tout moment, est considérée par beaucoup de personnalités politiques tunisiennes influentes comme étant le grand arbitre du bras de fer entre le gouvernement islamiste et l'opposition, et pourrait même porter la casquette de chef des négociations entre les deux camps. Une urgence de fait, puisque sur le plan sécuritaire, la situation reste floue et préoccupante, la traque des terroristes d'Aqmi, au mont Chaambi' se poursuivant toujours, alors que le risque d'attentats terroristes, visant des personnalités politiques n'est pas écarté, en dépit des assurances des services de sécurité, et l'arrestation de présumés terroristes ayant participé à l»assassinat des opposants Chokri Belaid et Mohamed Brahmi.