Le G20 de Saint-Pétersbourg n'a pas servi de tremplin aux bellicistes occidentaux pour prétendre parler au nom de la « communauté internationale » pour justifier des actions militaires contre la Syrie. Vladimir Poutine, président de la Russie, qui accueillait ce G20, est demeuré intraitable. Il pouvait compter sur le soutien des pays émergents participants à ce G20. Dès jeudi, c'est par un message sur twitter que chef du gouvernement italien, Enrico Letta -dont le pays ne veut pas sortir du cadre de l'Onu-, constatait que le dîner a «confirmé les divisions à propos de la Syrie». Le G20 n'a donc pas servi de tribune pour accuser le gouvernement de Damas d'être responsable de l'attaque chimique du 21 août ; il s'est contenté de condamner l'usage des armes chimiques. Une condamnation de principe, déjà acquise, mais qui ne peut être invoquée pour justifier une attaque contre la Syrie. Le thème syrien a très largement empiété sur les sujets économiques alors qu'officiellement il n'était pas à l'ordre du jour. Mais les pressions politiques et médiatiques -beaucoup de journaux occidentaux se sont transformés ces derniers temps en feuille belliciste- n'ont pas fait fléchir Vladimir Poutine. Dans certains médias occidentaux on regrette la «souplesse» de Medvedev par rapport à «l'intransigeance» de Poutine. L'ambassadrice des Etats-Unis à New York ne connait pas vraiment l'histoire en accusant la Russie et la Chine de «prendre en otage le Conseil de sécurité». Quand on pense au nombre de fois où les Etats-Unis ont eu recours au véto pour défende Israël, il est difficile d'accuser Moscou de blocage. La Chine, en toute logique, refuse également l'action militaire et défend la solution politique. A Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine pouvait légitimement se gausser de sa prétendue «solitude» ainsi que le claironnent les médias «embedded» en faisant les comptes des partisans de la guerre : Etats-Unis, France, Canada, Arabie saoudite et Turquie. «On sait que les Etats-Unis, la Turquie, le Canada, l'Arabie saoudite et la France se prononcent pour une opération militaire. Monsieur Cameron s'est également prononcé pour cette option, mais le Parlement du pays, exprimant la volonté du peuple britannique, s'y est opposé. La chancelière allemande se comporte de manière très prudente: l'Allemagne n'envisage de participer à aucune opération militaire», a déclaré M. Poutine. NOUS CONTINUERONS A AIDER LA SYRIE EN CAS DE FRAPPE Le président russe a signifié également que son pays continuera d'aider la Syrie en cas de frappe militaire. «Vous voulez savoir si nous aiderons la Syrie? Nous le ferons, comme nous le faisons actuellement. Nous lui livrons des armes, nous collaborons dans le domaine économique. J'espère que nous élargirons notre coopération humanitaire, notamment en accordant une aide humanitaire aux civils syriens qui se trouvent actuellement dans une situation difficile». Un diplomate russe a même mis en garde contre des frappes sur les «sites chimiques et les territoires adjacents» en Syrie. De tels actes provoqueraient un nouveau tournant dangereux dans l'évolution tragique de la crise syrienne», a-t-il indiqué. Poutine n'a pas cédé. D'autres pays européens sont prêts à soutenir une action sans mandat de l'Onu. Un soutien sans surprise. LES EMERGENTS NE MARCHENT PAS Mais sur le bloc des pays émergents, l'action militaire n'a le soutien que de deux pays très impliqués dans la guerre en Syrie : la Turquie et l'Arabie saoudite. Les autres pays émergents de poids comme le Brésil, l'Argentine, le Mexique ou l'Afrique du Sud, sont totalement hostiles. A l'évidence, la manipulation réussie sur la Libye n'a pas été rejouée. Le G20 ne sera d'aucune utilité à Barack Obama qui a laissé entendre qu'il sera difficile d'obtenir le feu vert du Congrès en vue d'intervenir contre la Syrie. Le président américain a fait sa propre présentation du G20 : la plupart des dirigeants sont d'accord pour tenir le gouvernement syrien pour responsable du bombardement, mais restent divisés sur le recours à la force sans le soutien du Conseil de sécurité des Nations unies. Le président américain va intervenir mardi aux Etats-Unis et il est probable qu'il va encore mettre en exergue le «message» à adresser à l'Iran. Le président français, François Hollande, surnommé dans les réseaux sociaux de «nouveau caniche» des Américains, se heurte à une opinion très hostile à l'intervention. Il a annoncé, hier, qu'il attendrait la présentation du rapport des inspecteurs de l'ONU sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie avant de déclencher une opération militaire contre le régime de Bachar al-Assad. «Nous allons attendre le rapport des inspecteurs comme nous attendrons le Congrès américain».