La situation trouble des terres agricoles à la jonction frontalière ouest demeure source de conflits perpétuels entre les fellahs des deux rives et où ceux algériens se trouvent toujours les plus lésés. Les cas actuels d'incursions de frontaliers marocains sur les terres algériennes ou carrément de déplacement officiel des repères du tracé qui ont pénalisé des propriétaires terriens, ne cessent d'être un tracas au quotidien de ces fellahs pour lesquels aucune solution fiable et durable n'est venue mettre terme à leur désarroi. Les frontaliers de la région de Zouia semblent avoir été les plus défavorisés à cause de la zone interdite, instaurée par le colonisateur dans les années 50 et également la ligne Morice construite en 1957. Les habitants de ces zones ont été contraints par les militaires français de quitter leurs terres pour s'installer soit au Maroc soit rejoindre la région de Zouia. « J'ai tout fait pour récupérer la terre de mes parents qui a été annexée par le Maroc et qui se trouve par la faute du colonisateur de l'autre côté de la frontière. Mes efforts restent jusqu'ici vaines », dira ce septuagénaire qui nous tend des documents et une dizaine de correspondances qu'il a adressées aux autorités marocaines et algériennes. Du côté de Roubane, c'est carrément un cimetière qui servait à enterrer les morts des deux rives qui se retrouve actuellement de l'autre côté du tracé fictif des frontières. «Le Makhzen nous interdit actuellement d'enterrer nos mort ou de visiter les tombes des nôtres », dira exaspéré ce sexagénaire lequel témoigne y avoir des parents enterrés. Par ailleurs, les cas de remise à l'ordre par les officiels algériens sont quasi quotidiens. L'on cite, à titre illustratif, les nombreux cas délibérés d'empiétement sur les terre algériennes lors de réalisation de pistes au niveau de la frontière par les Marocains comme celui récemment survenu du côté du poste Youcef des gardes-frontières et ce au vu et au su du Makhzen. Le cas singulier rapporté par un frontalier, cette terre qui est labourée et semée d'orge par le fellah marocain puis re-labourée et re-semée de blé par l'agriculteur algérien et qui est sujet de régulières disputes dans la région de Zouia à cause de cette situation trouble héritée du colonisateur français. Ceci illustre bien l'urgence d'une concertation à haut niveau pour un tracé effectif et définitif des frontières. La situation de ces terres de frontaliers boussaidis qui ont été injustement annexées par les Marocains semble avoir été, à un certain moment traitée, car une correspondance qui émanait du Consulat d'Oujda avait été reçue en 2005 par le P/APC de Zouia, l'invitant à lui faire parvenir tout document justifiant la propriété des frontaliers dont les terres ont été annexées par les Marocains. Depuis, selon ces propriétaires, c'est le silence radio. Si ces incursions, annexions et cette situation trouble au niveau de la frontière ont été causées par le colonialisme, l'invasion de terres agricoles d'Algériens qui est en passe d'être opérée par des Marocains dans la localité de Ouled Mellouk relevant de la commune de Maghnia, est favorisée par des Algériens. En effet, la tranchée qui se réalise le long de la frontière, dans le cadre des nouvelles mesures de lutte contre la contrebande, est creusée à environ 200 m de la frontière, à l'intérieur du territoire national. Cette tranchée au lieu d'être réalisée le plus près possible de la frontière a traversé des plantations, causant d'importants dégâts. Les Marocains ont profité de l'occasion et sont allés, encouragés par le Makhzen, selon des frontaliers, exploiter les terres situées entre la tranchée et la frontière. Les exploitants algériens de ces terres sont montés au créneau pour dénoncer cette occupation illicite de leurs terres par les Marocains. Ce sont actuellement environ 10 ha qui ont font l'objet de litige entre 2 familles algériennes et des Marocains et dont l'exploitation a été suspendue par une commission mixte algéro-marocaine depuis 2007. Profitant de la présence de la tranchée, des Marocains exploitent actuellement ces terres, une incursion favorisé par l'encouragement du Makhzen et l'indifférence des autorités algériennes.