Les relations bilatérales, les crises dans le monde, en particulier la Syrie et le terrorisme, ont capté l'essentiel des discussions qui se sont déroulées, hier, entre le fraîchement nommé ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et son homologue canadien, John Baird, en visite à Alger. Un point de presse a été organisé en début d'après-midi au siège du MAE. Concernant les relations entre les deux pays, Ramtane Lamamra a relevé leur «renforcement» et «l'évolution constante» des chiffres des échanges commerciaux. «L'Algérie et le Canada sont membres du groupe de travail du Forum mondial de la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel», a indiqué Lamamra, précisant que cette coopération est non seulement sécuritaire, «entre les services de sécurité des deux pays», mais également diplomatique. Outre la «volonté politique» des deux pays à renforcer leurs relations, l'existence d'un «pont humain» de «100.000 Algériens résidant au Canada» plaide en faveur de ce renforcement, a expliqué Ramtane Lamamra, lors d'une brève introduction avant de céder la parole à son hôte, et de passer aux questions des journalistes. Le MAE canadien a abondé dans le même sens, précisant qu'en plus de la coopération dans la lutte contre le terrorisme, les relations entre les deux pays sont orientées pour favoriser la «croissance économique» et «améliorer l'emploi». Selon M. Lamamra, les discussions entre les deux ministres ont également porté sur la «circulation des personnes», le volume des échanges, la demande de la compagnie Air Algérie de pouvoir assurer sept vols par semaine durant la période estivale». «La requête d'Air Algérie a été introduite, un accord de principe a été donné, en attendant une décision finale», a précisé Ramtane Lamamra. La première question adressée à John Baird concernait l'accusation de corruption contre la société canadienne SNC Lavalin. M. Baird estime que ce cas «n'est pas représentatif de toutes les entreprises canadiennes». Ajoutant que la société a nommé un nouveau président et de nouveaux managers, qui ont assuré leur totale disponibilité à répondre aux questions de la justice, et qu'une enquête est en cours et des charges ont été retenues contre certains anciens responsables de Lavalin. De son côté, Lamamra a confirmé la «pleine coopération (du Canada) avec les autorités judiciaires» sur ce dossier. Sur le même sujet, John Baird a indiqué que les autorités de son pays ont adopté, en juin dernier, une nouvelle loi «plus forte» contre la corruption des entreprises canadiennes. Dans le volet amélioration des relations économiques, Lamamra a expliqué que l'Algérie est le premier partenaire du Canada parmi les pays d'Afrique et du Moyen-Orient, avec 6,5 milliards d'échanges commerciaux en 2012. Les deux parties, a-t-il ajouté, ont également discuté des possibilités d'élargissement de ces relations à la création d'entreprises. «Nous avons exposé notre ambition d'aller vers le changement de la nature des relations économiques, au-delà de l'aspect commercial, et d'aller vers la création d'entreprises, dans le cadre d'une production mixte, et de recherche de marchés communs en Afrique». Concernant le dossier syrien, Ramtane Lamamra a indiqué avoir eu des «discussions profondes» avec son homologue canadien à ce sujet. L'Algérie, a-t-il indiqué, «soutient l'initiative russe» et «se félicite de l'accord Russie-Etats-Unis», jugé prometteur pour «la recherche d'une solution pacifique et politique» à cette crise. Le MAE algérien a également déclaré que la «tragédie de l'utilisation des armes chimiques, quel que soit l'auteur de cet acte, est inacceptable», tout en répétant à plusieurs reprises que «la solution ne peut être que globale et politique». Lamamra a émis le vœu de voir la «communauté internationale, ainsi que les acteurs de la crise en Syrie, opérer un sursaut, pour donner à la solution politique et pacifique une chance d'aboutir» et «d'ouvrir des perspectives au peuple syrien de vivre la démocratie». De son côté, le MAE canadien s'est contenté d'évoquer le souhait de son pays d'aller vers une «solution politique». Sur le volet de la lutte contre le terrorisme, Ramtane Lamamra a estimé que cette menace «prend de l'ampleur» dans la région du Sahel. «Ce qui est arrivé au Mali a montré l'importance de la menace, une menace qui peut être réprimée, mais qui peut se reproduire ailleurs, d'où la nécessité d'une forte coopération», a-t-il indiqué, tout en plaidant pour la «nécessité de solutions africaines aux problèmes de l'Afrique». Le MAE canadien a soulevé la «bonne coopération» entre «les agences de sécurité» des deux pays.