Après le «répit des 100 jours» accordé à Baba Ahmed lors de la saison scolaire écoulée, le Cnapest décide d'user de moyens musclés pour aboutir à la satisfaction de ses revendications. Le préavis de grève déposé le 29 septembre arrive à terme aujourd'hui et, en l'absence du moindre signe de dialogue, la paralysie des lycées à partir de demain couvre de son ombre la rentrée scolaire 2013 / 2014. Une grève est annoncée, donc, pour le 7 octobre dans les lycées, «mais elle est reconductible pour le 8, le 9, le 10, , s'il n'y a pas de réponse à nos revendications», nous a précisé hier le coordinateur national du Cnapest, M. L. Nouar. Autant dire qu'on se dirige vers une grève ouverte ou illimitée des enseignants du palier du secondaire si l'amorce d'un dialogue sérieux et objectif n'est pas initiée dans le meilleur délai. «On a respecté les huit jours ouvrables comme le prévoit la loi en matière de dépôt du préavis de grève auprès de l'inspection du travail, un laps de temps qui devrait être consacré aux tractations et aux discussions afin de dénouer le conflit ou trouver une quelconque issue qui éloignerait l'ultime recours au bras de fer. Malheureusement la tutelle persiste dans son indifférence, car aucun responsable du ministère de l'Education n'a daigné prendre attache avec le syndicat dans le but de voir au moins s'il y a une possibilité d'éviter le conflit», nous a déclaré hier avec dépit le président du Cnapest M. L. Nouar. Ajoutant dans le sillage qu'il n'y a «aucun avancement dans le traitement de nos doléances» et que «les agissements de la tutelle, qui ne respecte pas ses engagements et qui a foulé aux pieds tous les PV cosignés entre les deux parties, mènent tout droit au pourrissement de la situation». On le voit bien au ton sec et hostile du coordinateur national du Cnapest, les relations avec la tutelle ne sont pas au beau fixe. Le coordinateur national du Cnapest n'y est pas allé lors de notre entretien hier avec le dos de la cuillère dans ses critiques sur les positions de la tutelle, qualifiant son comportement de « diabolique » pour faire pression sur les syndicalistes notamment. Le ministère de l'Education est ouvertement accusé de faire dans l'entrave de l'exercice syndical. « Nos syndicalistes subissent un harcèlement administratif rarement vécu à travers plusieurs wilayas, particulièrement à Bouira et Chlef», signale M. L. Nouar, non sans affirmer dans ce contexte, qu'on a «refusé une nomination » à une enseignante de langue française seulement parce qu'elle est syndicaliste. De son côté, si l'on s'en tient à sa réaction à l'ouverture de la saison scolaire 2013 / 2014, lorsque la coordinatrice du Cnapest à Constantine lui a posé ce problème du harcèlement subi par les syndicalistes, Baba Ahmed ne semble guère lâcher du lest à ce sujet. « Il ne faut pas faire un tout de cette exigence », avait-il laissé entendre. Mais, faut-il le souligner, les revendications du Cnapest ne se limitent pas uniquement à cet écueil, car le coordinateur national du Cnapest nous a énuméré hier une liste de points inscrits sur la plateforme des revendications, dont l'exigence « d'une autre lecture » des textes du statut particulier. Dans ce sens, M. L. Nouar n'a pas omis de soulever une doléance particulière qui a trait à l'annulation de la considération honteuse collée aux enseignants du fondamental dans le cycle primaire et moyen qui arrivent à l'âge de la retraite, en possession, donc, d'une lourde et riche expérience et qu'on désigne sous le qualificatif de personnel « en voie d'extinction ». « C'est là un manque de respect et de reconnaissance à l'égard de ces enseignants qui soulève l'ire de toute la famille de l'éducation », dira-t-il. Enfin, laissant ouverte la voie du dialogue, le coordinateur national du Cnapest précise que « la porte de la grève est ouverte, mais la clé pour la refermer est entre les mains de la tutelle ». Interrogé sur l'absence ou l'adhésion des représentants de l'UNPEF à leur mot d'ordre de grève, alors que l'UNPEF a toujours été sur la même longueur d'onde, M. L. Nouar nous dira que cette fois-ci les revendications sont un peu divergentes sur quelques points, dont celui lié au statut particulier. « L'UNPEF exige une révision profonde de ce statut, alors que le Cnapest demande uniquement une autre lecture de ses textes », relève-t-il à ce propos. La montée au créneau de ce syndicat, plus représentatif aux paliers du primaire et du moyen, n'est pas du tout à exclure durant l'année scolaire en cours. La hache de guerre est déterrée par différents syndicats du secteur de l'éducation à l'enseigne de la Coordination des adjoints de l'éducation qui annonce une grève cyclique d'une journée tous les lundis, ainsi qu'un rassemblement massif devant le siège du ministère de tutelle mercredi prochain. Contacté hier, M. Mourad Fertaki, le coordinateur national des surveillants, syndicat affilié au SNTE, déclare que les accords passés avec la tutelle, dont le droit à la promotion, sont restés lettre morte. De graves perturbations planent sur les établissements scolaires et les élèves des classes d'examens seront les premiers à payer les frais du dialogue de sourds.