Parce qu'il était absorbé par la préparation d'un symposium, le professeur Djilali Louafi, chef de service d'oncologie, nous a confiés à un de ses collaborateurs pour nous faire visiter le service ou l'hôpital du jour. Avec notre accompagnateur nous parcourons pratiquement toutes les salles de l'étage. Dans celles réservées à l'hospitalisation des malades, nous relevons que la literie est encore neuve et le bleu des lits se marie parfaitement bien avec la couleur blanc cassé des murs. Sur un des lits, une dame était allongée et devait subir une séance de chimiothérapie. Elle était accompagnée par un médecin qui lui faisait la conversation. L'ambiance semblait très paisible, du moins « humaine ». L'hôpital du jour dispose de 42 lits. Nous continuons notre visite et notre interlocuteur nous noie dans les explications. Il connaît les malades par leurs petits noms, ce qui dénote d'une familiarité et d'une proximité évidente avec eux. Les séances de chimio se déroulent sous forme de « perfusion » où le malade est toujours assisté au moins par un paramédical. Nous jetons un coup d'œil sur la salle servant de pharmacie. Nous rentrons dans le laboratoire et dans une salle où on prépare les « mélanges » (protocole selon la terminologie de la maison) qu'on administre aux malades par perfusion. Les lieux rassurent par leur propreté et surtout par leur sérénité. Parce qu'on reçoit sur rendez-vous établi au préalable, on ne rencontre pas de malades attendant dans les couloirs. Mais le service d'oncologie est composé d'un autre hôpital, dit des « urgences », actuellement en réfection. Même à l'étroit, quelques lits fonctionnent toujours et reçoivent des malades. Dans ce sens, l'on apprendra que les capacités d'accueil du service d'oncologie du CHU Oran, de loin un des plus importants au niveau national, n'excèdent pas 70 malades par jour. « Or, nous dépassons les 100 malades/jour des fois », nous lance notre accompagnateur. Et d'ajouter : « Nous pouvons dépasser ce nombre si l'administration du CHU Oran consent à nous octroyer cet espace pour nous agrandir davantage ». Il nous montre un espace fermé, relevant du service de l'Enapat. (Analyse). De retour chez le professeur Djilali Louafi, nous réussissons à avoir quelques indications sur son service et sur l'oncologie à l'Ouest et au niveau national. « En termes d'hospitalisation, le service d'oncologie est le second, après celui de la maternité, au niveau du CHU Oran », nous lance notre hôte. Et d'indiquer le chiffre de 18.300 hospitalisations enregistrées l'an dernier. Il nous précise que l'hospitalisation dans son service n'excède pas « un jour et demi, ce qui correspond aux normes de l'OMS ». Relatant l'histoire de l'oncologie en Algérie, le Pr Louafi précise que le premier service ouvert est celui d'Oran en 1986, qui sera suivi trois ans après par celui d'Alger. Cependant, le résidanat en oncologie ne sera institué qu'en 1990 par décret interministériel, nous précise notre interlocuteur, doyen de fait de cette spécialité en Algérie. Tirant quelques satisfactions de son expérience de la formation dans cette spécialité, longue de plus de trois décades, le professeur Djilali Louafi nous dira : « Les premiers résidents d'Oran sont actuellement des professeurs et des chefs de service dans les différentes structures hospitalières ». L'on apprendra, à partir d'un document envoyé au ministère de la Santé et signé par le Pr D.Louafi, en sa qualité de président du Comité pédagogique national spécialité oncologie médicale, que jusqu'à la fin de l'année 2012, le nombre de résidents qui avaient choisi la spécialité d'oncologie à travers le territoire national était de 248. Quant au nombre total de résidents et d'oncologues formés et exerçants, il est de 380. Ce chiffre est actuellement de 460 oncologues entre formés et en voie de formation, puisque chaque année on enregistre une nouvelle promotion de 60 à 80 nouveaux résidents. Rien qu'à Oran, ville relativement mieux dotée que le reste du pays, on recense 47 oncologues au niveau du CHU Oran, 28 oncologues au centre anticancéreux Emir Abdelkader et 6 autres à l'EHU 1er Novembre. Le CHU Tlemcen et celui de Sidi Bel-Abbès arrivent en seconde et troisième position, avec respectivement 25 et 24 oncologues. Mais, selon notre professeur, il est recommandé d'atteindre dans le court terme un centre d'oncologie par chef-lieu de wilaya et à long terme un centre par chef-lieu de commune. C'est ce qu'il a proposé dans un rapport adressé à la tutelle, dont nous détenons un exemplaire. Selon lui, la norme universelle établie par l'OMS est un centre pour 50.000 habitants. Pour lui, ce défi est possible à relever. En tout cas, en sa qualité de doyen dans cette spécialité, il estime que la formation a déjà mis le pied dans l'étrier pour répondre à un tel objectif. Le reste est affaire de décision politique.