Priver une équipe de deux penalties pour en accorder à son adversaire deux autres à la limite de la suspicion, sinon bien imaginaires comme le fut, en tout cas, le tout dernier, ne peut relever que d'un arbitrage que tous les spectateurs auront qualifié ou considéré comme hors jeu. L'arbitrage africain pèse encore et toujours de tout son poids sur le développement et surtout l'équité du football de ce continent : la preuve nous aura été largement administrée au cours du déroulement des toutes premières manches des matches barrages opposant le Burkina-Faso à l'Algérie et l'Ethiopie au Nigéria. Cependant, il reste que le Nigéria, sorti vainqueur de sa confrontation éthiopienne n'aurait pu légalement prétendre aux trois points du matche, tout comme d'ailleurs le Burkina-Faso devant l'Algérie, n'étaient ces buts injustement refusés à leurs adversaires du jour ! La donne aura donc été carrément faussée. De plus, l'éthique footballistique ne pouvait être que très souillée ! Aussi, le Nigéria comme l'Algérie partent donc favoris. Et quelque en soit l'influence de l'arbitrage sur leurs résultats du moment, il ne peut, à lui seul, décider du sort de ces deux grandes nations du football. En véritables habitués de la phase finale de la coupe du monde, ils trouveront toujours les ressources nécessaires afin de se surpasser, le moment venu, sachant que le ticket à réserver pour le pays de la Samba demeure, à présent, à leur portée. Et si l'arbitre est donc, à présent, bien hors-jeu, ces deux sélections n'ont, au contraire, pas totalement perdu le génie de leur jeu, même si l'Algérie peine encore à bien retrouver ses marques et son label d'antan. ALGERIE : DE GRANDS NOMS ET UNE SELECTION ANONYME : Pris individuellement, les joueurs de l'équipe nationale algérienne de football sont considérés comme de très grandes vedettes. Mais combinés à eux-mêmes, ils ne forment guerre une grande équipe ou un groupe très homogène et une formation qui tient ses adversaires au respect. Tant le collectif manque de cohésion, d'harmonie dans son jeu et de mouvements d'ensemble spectaculaires qui suscitent l'intérêt de l'observateur et les applaudissements des spectateurs. Et pourtant, Dieu seul sait que jamais l'Algérie n'a bénéficié d'autant de talents confirmés et réunis pour les besoins de cette seule cause de défendre les intérêts de leur patrie et ses couleurs symboliques, lui affluant, pour l'occasion, de tous les horizons. Au plan de l'effectif donc, il y a cet embarras du choix d'où il n'est paradoxalement pas aisé d'en extirper la meilleure équipe, la sélection la plus performante et la formation la mieux qualifiée et appropriée ! Pourquoi cala ? La sagesse qui dit que 'de grands noms ne forment pas nécessairement une grande équipe'' est-elle en train de se confirmer ? Et pourquoi donc nous n'avions jamais su profiter de cet ensemble de grand choix de talents pourtant confirmés qui font le bonheur des clubs européens ? Evoluent-ils tous à des postes qui ne sont pas les leurs ou ont-ils des difficultés à bien se fondre parmi le groupe et le plan de jeu concocté par leur entraineur ? Fait-on alors juste une anonyme sélection avec tous ces grands noms du football algérien ? Au sujet justement de ce plan de jeu sus-évoqué, quel est celui adopté par leur sélectionneur du moment et laborieusement appliqué par ses joueurs ? Au vu de l'effectif de choix qu'il a sous la main, l'entraineur national ne devrait, en principe et sous toute réserve, avoir aucun problème de nature à vraiment l'handicaper dans la façon de produire son jeu sur le terrain et dans la manière de procéder à l'organisation de son schéma d'évolution. Malheureusement, personne parmi le monde le mieux initié au monde du football ne peut donc se hasarder à diagnostiquer dans le jeu de notre sélection nationale le moindre indice de la stratégie tactique adoptée par l'entraineur national. Tant la façon d'évoluer du groupe change à chaque rencontre et que le jeu développé diffère complètement et presqu'au niveau de tous les compartiments de celui produit la veille. Il est bien beau et surtout très utile de marquer des buts ou de gagner des matches de football. Mais de quelles sélections nationales s'agi-il encore ?! La meilleure façon d'évaluer les progrès enregistrés tient surtout à cette manière aussi bien collective que spectaculaire de les réaliser, et devant des équipes jugées comme très huppées ou bien considérées. Là seulement, l'évaluation est donc digne d'être soulignée. Quant à marquer des buts contre des formations de moindre calibre ou importance, le résultat en lui-même n'est guère digne d'être élevé au rang d'un remarquable exploit. Avec Rabah Saâdane et sa rigueur tactique prouvée sur le terrain, tout le monde ou presque connaissait la façon d'évoluer de notre sélection nationale, jusqu'à même parfois deviner la composition humaine complète de l'équipe rentrante le jour du matche : ce qui était déjà une forme de communion, de communication, une constante, j'allais dire une évidence ! Et pourtant ce technicien très adroit manquait cruellement de doublures dans l'entrejeu et surtout de fers de lance et de véritables canonniers. Ce qui n'est fort heureusement- pas le cas aujourd'hui avec tous ces centres-avant à la fine gâchette mis sur la touche, ces chefs d'orchestres interdits d'officier, ces maitres à jouer tenus à l'écart des terrains de jeu, ces ailiers de poche mis à la retraite précoce ou anticipée 'Abondance de biens ne nuit pas !'', dit la sagesse. Seulement, a-t-on su vraiment profiter de toute cette profusion de grands talents ? Et pourquoi donc ces mises à l'écart injustifiées de joueurs de grande envergure qui ont pourtant fait leurs preuves à l'étranger et dans des championnats très relevés au plan technique? Comment donc un Hachoud avec tous ses nombreux et terribles 'scouds'' fructueux parfois, lancés au profit du Mouloudia d'Alger contre l'entente de Sétif, ou même ceux tirés en faveur de ce dernier club, comme prouvé lors de l'avant-dernière finale de la coupe d'Algérie, se trouve-t-il être en dehors de l'effectif malgré son essai jugé alors en son temps bel et bien concluant ?! Surtout lorsque l'on sait que l'équipe algérienne manque terriblement de latéral droit de métier, depuis déjà l'époque de Rabah Saâdane, sachant que le joueur monte progressivement en puissance et que contrairement aux autres joueurs locaux, il n'existe à présent aucun joueur professionnel de haut niveau considéré à ce poste-là bien meilleur que lui qualitativement. Des joueurs de la trempe de Karim Ziani, Abdoun, Belaili, et même le coqueluche Djabou jusqu'à une date toute récente, se retrouvent tous être logés à la même enseigne au moment où d'autres, par contre, très limités sur le plan technique jouent par intermittence ou en cas de vacance du titulaire du poste considéré, rentrant parait-il dans le schéma de cette tactique défensive déguisée prônée par l'entraineur dans le cadre de la préservation du résultat des matches qualificatifs de coupe du monde 3014. S'il est un fait aujourd'hui indéniable que l'Algérie regorge de ces grands joueurs de football au talent avéré et très considéré, notamment sur le sol du vieux continent où ils louent leurs précieux services, il n'en est pas moins très regrettable que son apport en équipe nationale n'est pas pour autant apparent ou fort remarquable ! Et quelles raisons à cela ? Avec toute cette bonne pâte de prestige qui fait rêver et surtout saliver nos adversaires et tous les pays riverains de la grande Méditerranée, ne pouvions-nous pas faire mieux que ces résultats en dents de scie, acquis presque tous contre de pourtant bien quelconques formations du continent africain, sinon qu'à concéder ces piètres hécatombes de raclées comme celles de la toute dernière phase finale de la coupe d'Afrique. Et pourquoi donc avec tous ces ingrédients de valeur et d'arômes exotiques ne sommes-nous pas encore arrivés à en faire juste une bonne recette ? Quel est ce maillon précieux qui aura manqué dans la constitution de ce casse-tête de compliqué puzzle ? Ne nous voilons donc pas la face, la part de responsabilité de l'entraineur y est pour quelque chose. Sa manière d'opérer, de composer son groupe, de sélectionner ses principaux acteurs, d'intervenir ou d'anticiper dans le courant de jeu, de mener le groupe et bien communiquer avec toute sa composante humaine n'y sont tous pas si étrangers à cela. Nanti d'un pareil effectif, le plus quelconque des anonymes entraineurs aurait certainement brillé de mille feux, connu sa belle étoile et fait rebondir de joie le plus sceptique des supporters algériens. Tant le choix est très généreusement varié, pouvant s'adapter en toute circonstance- à toutes les stratégies de jeux susceptibles d'être au besoin préconisées ou même hâtivement improvisées. A présent, la sélection nationale manque d'un véritable maitre à jouer, d'un chef d'orchestre de haut rang, d'un joueur capable à lui seul d'emballer le public et de décider du résultat du matche, d'un maestro dont la touche de balle indique à ses coéquipiers le sens de l'orientation du jeu, d'un élément-clef qui fait basculer la rencontre en faveur de ses partenaires à un moment jugé comme le plus inattendu. Aussi, avant l'arrivée de Saphir Taider, l'Algérie manquait cruellement en ce véritable porteur d'eau, en ce cœur de lion qui se battait volontairement sur toutes les balles, en ce catalyseur qui sait imprimer le rythme de jeu à ses camardes, donnant le premier cet exemple de sacrifice au profit du groupe. L'équipe manque également de ce jeu sur les ailes ponctué par ces centres-retraits en cordeaux qui faisait la force du groupe cher à la bande à Rabah Saâdane, ne sachant que très rarement bien exploiter ces balles arrêtées comme elle savait si bien le faire il n'y a pas si longtemps. De plus, le schéma général du jeu développé par l'équipe repose dans son ensemble sur la forme de ses individualités et non sur une discipline tactique rigoureuse et bien féconde, laissant beaucoup de place à l'improvisation et à l'inspiration du joueur du moment. Les différentes variantes de jeu, testées sans succès, et à répétition, démontrent finalement les limites de la forme de jeu actuelle, laquelle aura tout perdu de son style purement Méditerranéen, fait de passes courtes et répétées, de 'une-deux'' en profondeur, d'actions spectaculaires pouvant désarticuler les plus solides défenses du monde du football physique et stéréotypé. Nombreux sont ces observateurs algériens, grands connaisseurs du football national, qui ne se retrouvent plus dans le jeu actuel de leur sélection fétiche qui arrive à gagner sans convaincre et qui se fait facilement battre par des équipes moyennes arrivant à développer un acceptable fond de jeu. Durant l'ère Saâdane, la sélection algérienne ne prenait que rarement des buts. Sa réelle force était donc dans sa manière de se défendre en groupe. Sa faiblesse résidait dans ce compartiment offensif qui manquait fondamentalement de puncheurs et chasseurs de buts dont dispose, à présent et à profusion, son successeur. L'équipe était donc bien solide par derrière avec une charnière défensive à cinq éléments, pourtant moins performante individuellement que l'actuelle, mais qui savait garder le ballon et ébranler les contre-attaques meurtrières dont le club devait largement en profiter. Elle jouait en fonction des qualités indéniables du potentiel humain que l'entraineur en chef de l'époque avait sous la main. Son seul handicap est qu'elle ne faisait pas le jeu, sachant intelligemment, par contre, subir celui de son adversaire du jour. D'où d'ailleurs sa réelle force qui résidait dans la contre-attaque, l'une des grandes caractéristiques du jeu Méditerranéen. Mais qu'en est-il de tous ces aspects techniques-là aujourd'hui ? Comment joue donc notre équipe nationale ? Et quel est ce schéma tactique de jeu qu'elle adopte ou qui lui sied le mieux ? La réponse peut paraitre aussi difficile à donner que ces buts à pouvoir marquer à une équipe bien organisée dans son jeu ?! Et pourtant, sur le plan de l'effectif, elle est mieux pourvue que sa devancière. Qu'y a-t-il de si changé pour son jeu ne plaise plus à ses nombreux spectateurs ? Faire une grande équipe juste avec des grands noms est un véritable leurre. Le métier de l'entraineur est pour beaucoup dans la recherche de la bonne recette à tirer de la combinaison de l'art que produit sur le terrain leur grand talent. Les étalons du Burkina-Faso sont pourtant loin d'être comparables aux Pharaons de l'Egypte de 2009, même tout auréolés de leur courageuse et honorable participation à la dernière finale de la coupe d'Afrique des Nations. A tout le moins pourraient-ils nous pousser à vraiment nous concentrer de manière à pouvoir réellement développer notre propre jeu ?! LA SAGA DE «OUAGA» ET LE PAIN DE LA FAIM Avec leurs salaires de misère, nombreux sont ces algériens qui ne mangent pas toujours à leur faim. Ce pays, très vaste et potentiellement très riche, reste donc tout juste ce refuge-symbole de petites mais bien pauvres gens qui rêvent tout le temps d'une vie bien meilleure. Ce paradoxe-là, ils le vivent tous comme une véritable fatalité ou une inéluctable et durable malédiction, tant tout le temps est brandie dans le pays cette menace de sa gouvernance de faire dans ces économies de bouts de chandelles qui privent cependant sa large population du mieux vivre, au moment où ses indéniables richesses sont quotidiennement dilapidées dans des projets inconséquents, si ce n'est carrément détournées de leur usage approprié longtemps souhaité. D'où d'ailleurs la relation de cette saga de 'Ouaga'' avec le pain quotidien de nombreux citadins ainsi qu'une grande partie de nos paysans. Transporter, en partie certes, aux frais du contribuable près de deux mille supporters de l'équipe nationale jusqu'à Ouagadougou revient donc à agresser d'une autre manière foncièrement inhumaine- cette population locale, affairée plutôt à courir quotidiennement derrière la pitance de sa subsistance. L'initiative, aux réels relents politiques électoralistes, équivaudrait quelque part à insulter ostentatoirement cette pauvreté endémique qui sévit de plein fouet dans ce tout modeste pays d'accueil du continent africain. Et pour preuve, le football ne semble plus être le premier sujet de leurs soucis tant les vicissitudes de la vie leur compliquent difficilement leur quotidien, à telle enseigne qu'ils font carrément table rase sur leurs prétendus loisirs et autres distractions. Appartenant au lot des dix plus pauvres pays de la planète terre, le Burkina-Faso sait désormais que la magie du foot ne sera jamais en mesure de sortir le pays de sa réelle léthargie et durable pauvreté ; raison pour laquelle sa gouvernance ne s'y investit pas de manière aussi totale et inconvenante que le fait pourtant l'Algérie, forte de ce gros pognon du contribuable par dessus le marché. Et probablement même s'il disposait d'une si généreuse vache à lait, nommée Sonatrach, il aurait certainement réfléchi par deux fois avant de s'engager dans pareille dépense farfelue et tout à fait injustifiée. Il sait qu'il y a d'autres priorités et que rien ne justifie une telle action, même si le foot prend désormais une place prépondérante dans l'agenda de beaucoup de pays du tiers-monde dans leurs tentatives inavouées d'acheter avec la paix sociale, et d'espérer, au bout donc, ce rêve tout légitime- et longtemps caressé de se mesurer enfin sur le seul terrain du sport à ces autres nations développées que rien apparemment ne les rapproche pourtant de leur monde ou privé univers. Des supporters privilégiés et des téléspectateurs privés de la diffusion légale du matche. 'L'Algérie est le pays des paradoxes'' disait, un beau jour, l'ancien ministre de la formation professionnelle, devenu aujourd'hui grand sénateur de la nation, sans vraiment nous expliquer lesquels. En effet, ce traitement sous la forme de 'deux poids, deux mesures'' démontre, à l'évidence, l'existence de ces deux niveaux de citoyenneté de la population algérienne. Sinon comment justifier cet apport financier très conséquent attribué aux premiers et cette privation du juste nécessaire administrée aux seconds, plus nombreux et bien très nécessiteux ? Ici, la notion de service public perd à jamais l'essentiel de sa vocation et utilité au dépens de ces faveurs accordées ostentatoirement sous le couvert de 'l'appui politique'' à une certaine frange de la population algérienne, privilégiée et bien favorisée. Le foot, potentiel vecteur politique de choix, n'intéresse plus nos gouvernants que dans la mesure où il leur permet de tirer grand profit de son instrumentalisation : raison pour laquelle certains spectateurs se croient bien au dessus du lot de toute la population algérienne.