Un véritable arsenal de guerre a été découvert par l'armée algérienne dans une vaste cache d'armes à Illizi près de la frontière avec la Libye, à quelque 200 km du complexe gazier de Tiguentourine à In Amenas. Ce même complexe qui a été pris d'assaut par des hommes armés venus de Libye en janvier dernier ; une prise d'otage qui avait fait 37 morts parmi les employés du site. La source sécuritaire citée par l'agence de presse Reuters et a souhaité rester anonyme, évoque une centaine de missiles sol-air ainsi que plusieurs centaines de roquettes anti-hélicoptères, des mines terrestres et de grenades RPG. La source par contre ne fournit de détails ni sur la date de cette découverte ni sur la manière dont elle a été faite. Pourtant, il ne fait aucun doute de la provenance de ces armes de guerre sortis tout droit des arsenaux de Khadafi après la chute de son régime et qui se sont dispersées à travers les différentes factions armées qui se disputent le territoire libyen. Ce n'est pas la première fois que des armes sont interceptées par les militaires algériens le long des frontières sud avec le Mali ou la Libye. En juin 2012, et à 100 km au nord de la « zone des trois frontières » entre la Libye, la Tunisie et l'Algérie, un territoire immense et incontrôlable, trois voitures chargées d'armes ont été détruites par l'armée tunisienne. Les occupants des trois véhicules circulant dans la zone de Satah al-Hassan, dans l'extrême sud de la Tunisie, ont ouvert le feu en direction d'un appareil qui survolait la zone. Le pilote réplique en détruisant le convoi. Selon plusieurs sites tunisiens, les cibles étaient bourrées d'armes en provenance de Libye et transitaient par la Tunisie pour rejoindre l'Algérie. Cet incident n'était pas le premier et renseignait sur les nouvelles pistes des armes du terrorisme. Une hypothèse qui épouse la logique des événements qui se déroulent dans la région et qui veut que les groupes armés qui activent sur le territoire algérien soient les premiers clients des cargaisons d'armes destinées à alimenter les maquis de l'ex GSPC. Les autorités algériennes avaient déjà souligné la dangerosité de la porosité des frontières libyennes, ouvertes aux trafics en tous genres, celui des armes en premier lieu. En mars 2012, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales de l'époque, Daho Ould Kablia, s'inquiétait justement de ces frontières. Dans une déclaration à la presse, en marge d'une séance plénière de l'Assemblée populaire nationale, il dira que « c'est plutôt les groupes terroristes qui se trouvent à l'extérieur de nos frontières qui auraient pu nous inquiéter », faisant allusion aux bandes armées qui activent le long des frontières avec la Libye, le Mali ou encore le Niger en profitant des conditions d'insécurité qui caractérisent ces pays et des conflits qui s'y déroulent. Il avait rappelé à Tripoli que les forces de sécurité algériennes ont avorté à maintes reprises des tentatives de trafic d'armes le long de ses frontières. Tout le danger de cette situation vient de la puissance de feu perdue dans l'immensité désertique de la Libye après la chute du régime de Kadhafi. Forts de cet arsenal militaire et livrés à eux-mêmes, les rebelles libyens se sont reconvertis en marchands d'armes, ne faisant aucun distinguo entre leurs clients. Touaregs maliens, groupes terroristes d'Aqmi activant aussi bien en Algérie, au Mali que dans d'autres pays africains, la vente d'armes est devenue la première activité du désert. Ces armes perdues de la Libye ont déjà été au cœur des discussions sécuritaires au plus haut niveau et Mourad Medelci, alors ministre des Affaires étrangères, en visite à Moscou en décembre 2012, avait soulevé le problème avec son homologue russe. Le ministre algérien avait déclaré alors responsabiliser le nouveau gouvernement en place à Tripoli pour solutionner le problème mais que le danger a dépassé, aujourd'hui, les frontières et menace tous les pays du Sahel. Il a affirmé que la situation au Sahel s'est aggravée avec les évènements de la Libye et la dispersion de tonnes d'armes sophistiquées dans tous les pays de la région. Crainte partagée par les Américains puisque le commandant en chef des forces américaines pour l'Afrique (Africom), le général Carter F. Ham, en visite à Tunis, avait mis en garde contre la menace de groupes terroristes, particulièrement Aqmi et l'accroissement de la contrebande d'armes en Afrique. Dernièrement, l'Algérie avait mis en grade et prévenu la Tunisie contre une importante opération de contrebande d'armes qui est en train de se préparer. Cette opération, qui a pour origine le territoire libyen, consiste à transporter des armes vers l'Algérie ou la Tunisie.