Lors d'une émission de la radio locale sur le rôle des médias, constantinois particulièrement, dans la préparation, la couverture et l'archivage de l'événement «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», l'invité, de l'université de Constantine, le Pr Abdelhamid Bouchoucha, n'y va pas de main morte contre les journalistes, tous médias confondus, qu'il accuse de «manque de professionnalisme» et de n'avoir pas pu, ou su, «s'élever à la hauteur de l'importance de l'événement que la ville s'apprête à accueillir». Il va plus loin encore en expliquant que la manière dont les médias constantinois en rendent compte ne fait que naniser l'événement en le réduisant à une rencontre de troupes de danses et de chants. «Ils n'ont pas conscience qu'il s'agit d'explorer une histoire, une civilisation, de vivre un présent et de tracer un avenir», dit-il. Et pour être complet, le Pr Bouchoucha accuse les médias de privilégier «l'information sensationnelle» pour des considérations financières, d'audimat ou de lectorat. Quant aux événements culturels de cette importance, assène-t-il, «les journalistes ne font que des comptes rendus ponctuels, rapides et incomplets à l'ouverture et la clôture des manifestations». Dans ce contexte, il évoquera la ville du Caire qui a accueilli cet événement et où «tous les médias égyptiens ont été mobilisés pour faire réussir la manifestation», dit-il. Et d'ajouter «les autres médias arabes ont suivi le mouvement, emportés par l'enthousiasme des égyptiens». Le professeur appelle, donc, à une vraie professionnalisation et spécialisation du journaliste qui passe par la formation et le recyclage de l'homme de la presse et de tout média. M. Bouchoucha reconnaît que l'événement «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» ne peut réussir que par l'adoption d'une stratégie de communication offensive et diversifiée. Il propose ainsi la création de chaînes de télévision, de revues qui ne traiteront que de cet événement. Il préconise aussi de passer des accords avec des chaînes satellitaires arabes pour mieux faire connaître l'importance, les buts et la finalité de cette manifestation. Il cite l'exemple d'Alger, où l'événement a été surtout couvert par des médias arabes que nationaux. «Les écrivains arabes peuvent être aussi associés à cette stratégie de communication», dit-il, «un article du journaliste égyptien H. Haykel vaut tous les articles qui peuvent être écrits par ailleurs», assène-t-il. Abordant la question des réseaux sociaux, Facebook et Twitter, et le rôle de moyens d'information et de communication pour cet événement, le Pr Bouchoucha ne s'est pas montré très enthousiaste à cette idée. «Je reconnais la portée et l'influence de ces outils d'information et de communication», commence-t-il par dire, «mais je préfère, pour cette manifestation de Constantine, que ce moyen soit sous contrôle et qu'on ne permette pas à quiconque de s'y exprimer», et de reconnaître que «des commentaires postés sur ces réseaux sociaux sur le sujet ne sont que stigmates et presque insultes». Un autre journaliste intervient dans les débats et propose, pour intéresser le grand public, à cette grande manifestation, de «retourner aux classiques tables rondes» où les intervenants seraient des hommes et des femmes du domaine. Des journalistes ayant suivi ce débat à la radio ne partagent pas tous les points de vue du Pr Bouchoucha. D'abord, disent-ils, «la communication veut dire en soi avoir accès aux informations» et «cette institution, Constantine capitale de la culture arabe, ne dispose même pas d'une cellule de communication». L'un d'eux avoue «ne pas connaître exactement les services qui participent à l'organisation de cet événement». Et d'ajouter «ces services doivent être identifiés et accessibles à tous les secteurs de la société, dont les journalistes, pour que chacun soit au courant des initiatives et peut en conséquence réagir et y contribuer». Un autre dira dans ce sillage «se sentir perdu en abordant cette question de capitale de la culture», «perdu entre des bribes d'information en provenance de la wilaya, de la daïra, de la direction de la Culture, de celle du Tourisme ». Il ajoute «parfois elles sont même contradictoires». Un spécialiste de la communication conseille «l'unification de la source d'information». «Il faut d'abord assurer une gestion efficace de l'information et coordonner les communications entre les différents acteurs concernés par l'organisation de cette manifestation», pour faire en sorte que celles-ci «répondent aux divers besoins d'information du journaliste qui, par conséquent, peut fournir au public des renseignements clairs, exacts et complets qui lui permettent de comprendre le sujet et ainsi participer activement et utilement à l'événement». Un journaliste a tenu à revenir sur le même événement de «Le Caire, capitale de la culture arabe», pour dire que «les journalistes égyptiens sont organisés dans différentes associations très actives et très influentes, ils ont un club où ils peuvent se rencontrer et que surtout, n'importe quel journaliste peut appeler le ministre pour demander une information». Quant à la «censure» sur les réseaux sociaux, beaucoup expriment leur opposition. «Le public est le meilleur partenaire dans cette aventure de 2015», disent-ils, «notre rapport avec lui doit être un rapport de respect et de confiance», et ça ne peut se réaliser que «s'il se sent bien informé».