Les nombreuses congratulations manifestées ce jeudi dernier au SG du FLN montrent bien que M. Amar Saadani a été renforcé dans ses rôles à la tête du secrétariat du parti où il a été intronisé lors de la session «contestée» par une partie des membres du Comité central et qui a été tenue en date du 29 août dernier à l'hôtel El Aurassi. Bien sûr, personne ne pouvait trop douter de la nature du verdict du Conseil d'Etat dans l'affaire de la demande d'invalidation de la session du 29 août dernier, en premier lieu ceux-là mêmes qui ont introduit la requête, mais il n'en demeure pas moins que la confirmation de la décision du tribunal administratif d'Alger du 29 août 2013 portant délivrance d'une autorisation pour la tenue, le même jour, d'une réunion du Comité central (CC) du parti du Front de libération nationale (FLN) à l'hôtel El Aurassi limite considérablement le champ d'action des membres frondeurs du Comité central. Le verdict du Conseil d'Etat a tranché cette question lors d'une séance présidée par le président de la cinquième chambre chargée du contentieux au sein des partis et du référé, lequel a décidé de confirmer la décision du tribunal administratif qui avait déclaré irrecevable l'action introduite par le groupe de Salah Goudjil pour non fondement. Pour rappel, concernant cette affaire, le tribunal administratif avait déclaré «l'appel du jugement recevable en la forme» et rejeté «toute mise en cause du ministre de l'Intérieur dans ce différend». Réagissant publiquement à ce verdict, M. Belayat a affirmé que les personnes ayant introduit l'action en justice «ont été informées de la décision du Conseil d'Etat et se sont réunies pour examiner la situation et décider des démarches à suivre». Il a également indiqué que, pour lui et son groupe, «l'affaire n'est pas encore close du point de vue juridique et judiciaire». Mais, si l'on tient en considération le fait que les décisions du Conseil d'Etat sont définitives, que peuvent bien faire de plus les plaignants? «Avec de bons avocats, on peut toujours trouver le bout du fil pour rebondir et faire durer la procédure judiciaire, même si l'on sait pertinemment qu'au bout le résultat sera identique et ne changera pas d'un iota le cours de la marche du parti», estiment des juristes interrogés sur ce dossier. Probablement qu'on tentera dans ce sens de faire durer le conflit jusqu'à l'ultime instant, celle coïncidant avec l'appel par le président de la République du collège électoral. Car, dans le fond de l'affaire, tout le monde est en attente de la déclaration officielle de la candidature du président de la République pour un quatrième mandat. Le président de la République étant le président effectif du parti, tout le parti doit être dans la même ligne pour lui apporter le soutien nécessaire, mais dans le cas contraire, les compteurs seront immanquablement remis à zéro. Et pour le groupe des opposants au SG du FLN, il n'est pas confirmé que le quatrième mandat est acquis. « Nous sommes tous avec Bouteflika, seulement il faut attendre pour voir si Bouteflika se déclare candidat à sa propre succession d'une façon officielle et surtout s'assurer si ses moyens physiques ou sa santé lui permettent de briguer un autre mandat », avait laissé entendre ces derniers jours M. Belayat lors d'une émission sur une chaîne de télévision privée. Tout le doute est situé à ce niveau pour les opposants au SG du FLN. « Avant que le président de la République ne convoque le collège électoral, les jeux ne sont pas encore faits », nous a déclaré hier le docteur Boudjemaâ Haïchour. Ce dernier estime sans ambages que le FLN est un appareil politique au service du système, jugeant dans ce sillage que « la décision du Conseil d'Etat est régalienne » et qu'elle « relève de l'autorité politique du pays, car nous sommes au voisinage du droit qui veut imposer un fait accompli ». Notre interlocuteur nous dira toutefois ne pas s'offusquer d'une telle tournure des événements, « car tous ceux qui ont été placés au poste de SG ne sont pas tombés du ciel, ils ont été parrainés par le système. D'ailleurs, hormis la parenthèse ouverte par feu A. Mehri, tous les pouvoirs qui se sont succédé après le 4e congrès du FLN ou après la mort de feu Houari Boumediene s'exercent dans le sérail ou la proximité immédiate de la première autorité du pays. Ceux-là détiennent les véritables leviers de commande assez souvent dans l'opacité d'un cabinet investi de larges prérogatives parfois sans se référer au Président lui-même, d'où découle la dérive institutionnelle d'une mal gouvernance ». Notre interlocuteur nous a avoué dans ce contexte « qu'il soutient toujours le Président Bouteflika, malgré tous les déboires qu'il a vécus, et qu'il ne s'engagerait plus au devant d'une fronde contre le noyau faible, alors que les choses sont claires ». Au FLN, on semble accroché aux lèvres de Bouteflika, s'il se décide à briguer officiellement un 4e mandat et qu'il soit déclaré en course par le Conseil constitutionnel, le conflit interne n'aura presque plus lieu d'être, mais si le contraire arrivait, pour une raison ou une autre, ce serait la révolution annoncée au sein du vieux parti. Peut-être même que le clash lui sera fatal.