Le sida, considéré comme tabou dans notre société, connaît, ces derniers mois, une propagation fulgurante, à travers le territoire national. Dans ce contexte, pas moins d'une soixantaine de cas de sida/VIH, dont six cas confirmés et 56 cas séropositifs ont été enregistrés, à Oran, durant les 9 premiers mois de l'année en cours. Des chiffres très inquiétants qui ne reflètent pas toute la réalité, puisque certains séropositifs mésestiment leur état de santé (porteurs du virus) et de nombreux sidéens ne déclarent pas leur maladie, de crainte d'être frappés d'ostracisme. Nombreux parmi ces derniers sont, franchement, à la recherche de l'anonymat et de l'oubli. Toutefois, des dizaines de personnes, contaminées par le virus, échappent ou évitent toute prise en charge ou opération de contrôle médical, de peur de représailles au sein de la famille ou d'être exclus de la société. Ces sidéens qui ont du mal à se déclarer, freinés par la peur de la maladie, de la stigmatisation, de la discrimination ou encore de la répression, peuvent aussi, par sentiments d'ignorance ou de vengeance, représenter un danger involontaire ou prémédité pour la société. En dépit des examens prénuptiaux, exigés depuis quelques années, aux futurs mariés, notamment la sérologie complète, les candidats au dépistage précoce du sida ne se bousculent pas aux portes des centres de dépistage du sida et autres maladies sexuellement transmissibles qui sont, pourtant, prêts à accueillir, sans ordonnance, anonymement et gratuitement, chaque individu voulant pratiquer un test de dépistage. Les spécialistes constatent que l ́évolution du sida n'a connu aucun fléchissement et que l'Algérie n ́est pas à l ́abri d ́une brusque explosion épidémique. Pour l ́ensemble des cas reconnus, la voie sexuelle reste majoritaire, celle par laquelle se transmet cette maladie. En dépit des efforts consentis par l ́Etat, à travers la mise en place du processus de planification stratégique, soutenu par l ́ONU Sida, l ́OMS, l ́Unicef et le renforcement de la surveillance épidémiologique, le sida continue à toucher les gens. La détérioration des conditions socio-économiques, induisant une avancée criante de la pauvreté et du chômage, le nombre croissant de naissances d ́enfants hors mariage, l ́absence d ́éducation sanitaire et les lacunes, toujours persistantes, au niveau de l ́hygiène hospitalière, sont l'essentiel des causes d ́aggravation de la situation. «Le pire est à venir», avancent certains experts qui prédisent que le pic de l ́épidémie se situera à l ́horizon 2010-2015. Il est à rappeler que l'association de protection contre le Sida «Hak El Wikaya» a annoncé un projet pour rendre le dépistage accessible à toutes les populations. Cette unité de dépistage mobile du VIH/SIDA sera mise en place, en décembre prochain, pour toucher toutes les communes de la wilaya d'Oran. Cette expérience pilote, la première du genre, en Algérie, doit être généralisée, à toutes les personnes, aussi bien les femmes, les hommes que les enfants. Notons que la Journée mondiale du sida, coïncidant avec le 1er décembre, donne l'occasion à des personnes, d'horizons divers, de se rassembler pour mieux faire connaître le VIH/sida et afficher leur solidarité avec les personnes malades. Cela est, également, l'occasion de communiquer des informations sur la situation concernant cette maladie et promouvoir la prévention, le traitement et la prise en charge du VIH/sida, en Algérie. Entre 2011 et 2015, la Journée mondiale de lutte contre le sida a pour thème « Objectif zéro : zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination, zéro décès lié au sida. Au niveau international le taux est de plus de 50% de nouvelles infections au VIH, dans 25 pays, alors qu'en Algérie les cas ne cessent de grimper. Il existe 5 centres de référence de dépistage de la maladie, gratuits et anonymes, à Alger, Oran, Constantine, Ouargla et Béchar. Les cas enregistrés dans ces wilayas sont communiqués au centre de référence à l'Institut Pasteur, seul habilité à confirmer les nouveaux cas.