A l'issue de sa session extraordinaire, des 28 et 29 novembre 2013, le Bureau national du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a rendu public un communiqué dans lequel il fait état d'une série de reproches à la tutelle, et dresse un état des lieux catastrophique de l'Université algérienne. Premier reproche évoqué dans le communiqué, le CNES «constate le retard mis par la tutelle pour le recevoir après son 4ème congrès», estimant, sans donner de détails ni exprimer son intention, que ce retard «risque d'être préjudiciable à plus d'un titre». Le CNES appelle la tutelle à prendre en charge les «problèmes qui ne cessent de s'accumuler et de gangréner l'Université algérienne» et «sauver un secteur franchement agonisant». Enumérant un long chapelet de points faibles de l'Université algérienne, le communiqué reste, toutefois, sur des généralités. Ainsi, le CNES traite la «situation pédagogique» de «lamentable et déplorable», et les réformes pédagogiques d'être «complètement déconnectées de la réalité économique, sociale et culturelle algérienne, ainsi que de l'ensemble de la sphère de formation nationale». Quant à la recherche scientifique, elle est «atrophiée, car égarée dans des réformes, sans fin, et des textes, régulièrement, remis en cause par les différentes politiques contradictoires». Sur la gestion des universités, le CNES estime aussi qu'elle est «chaotique, confuse, confiée, dans beaucoup de cas, sur des bases clientélistes, ne répondant, nullement, à des considérations de transparence et de compétence». Abordant la situation socioprofessionnelle des enseignants, le CNES la désigne de «complexe». Il explique que «les salaires des maîtres assistants de rang A et B, constituant 85% du corps enseignant, ont été, rapidement, rattrapés, d'une part, par l'inflation galopante et incontrôlable et d'autre part par les modifications opérées par la Fonction publique, dans certains secteurs, et ayant, tout simplement, ébranlé l'ensemble de la grille des salaires nationale établie sur la base des diplômes et non de l'ancienneté». Sur la question du logement, «elle constitue une bombe à retardement», en raison de «l'opacité qui entoure le programme spécial, annoncé par le président de la République, en 2007, mais qui continue à traîner depuis, à cause des convoitises de certains cercles clientélistes, et de certains lobbies». «Le CNES s'interroge sur les véritables raisons qui entravent la réalisation de ces projets destinés, exclusivement, aux enseignants non logés», ajoute le communiqué. Sur la question de «l'habilitation universitaire», le communiqué du CNES affirme qu'elle a été «mal réfléchie et imposée par la tutelle, au mauvais corps (doctorat Es Sciences au lieu du doctorat LMD) pour tenter de maintenir la qualité d'un système universitaire en déchéance». Le syndicat affirme que cette démarche a créé un «amalgame» en tentant «une pseudo- équivalence entre les deux doctorats». Il est, également, question des problèmes de sécurité «dans les franchises universitaires» et de la non réaction de l'administration, mais aussi des «entraves régulières aux libertés syndicales, et les multiples intimidations et menaces quotidiennes ( ) utilisées par certains recteurs afin de museler les enseignants-chercheurs, en général, et les syndicalistes en particulier». Le Bureau national du CNES «s'interroge sur l'existence d'une volonté suffisante pour ouvrir de nouveaux horizons, allant dans le sens du renforcement du dialogue social, faute de quoi nous nous dirigeons, inévitablement, vers l'achèvement d'un processus de démobilisation générale d'un segment, foncièrement, important de la société». Une décision a été prise de maintenir le Bureau national du CNES «en session ouverte» et de «convoquer, incessamment, un Conseil national extraordinaire, afin de soumettre, pour validation, un processus de protestations et d'actions».