Parler des SDF par l'image et le son. C'est ce qu'ont choisi quatre étudiants en communication pour thème de leur mémoire de fin d'étude. Ils ont réalisé un film documentaire de 26 minutes, intitulé «Les sans-adresse» qui met le projecteur sur une frange de la société livrée à elle-même. Jour et nuit, des sans domicile fixe d'Oran ont été filmés par ces jeunes réalisateurs. L'un deux s'est même mis dans la peau d'un SDF en se déguisant en jeune vivant dans la rue pour mieux incarner le personnage et voir le comportement des gens envers une personne qui a tout perdu dans la vie et n'a que la rue comme toit et les trottoirs comme lit. Le film a été projeté samedi à l'occasion du lancement du ciné-club de l'association «Santé Sidi El-Houari» (SDH) au siège de cette association. Le public a vécu durant 26 minutes le quotidien des SDF, leurs problèmes et leurs souffrances. Des femmes, des hommes et des jeunes, pieds nus pour certains, trimballant des vieux sacs pour d'autres ont fait des témoignages poignants sur leur situation. L'image et la parole ont été le vecteur fort pour décrire la misère de toutes ces personnes et aussi le regard des autres. Les jeunes cinéastes, Mansourah Nazim, Benfeda Amina, Redjouh Houda et Djaider Amine ont voulu attirer l'attention sur la problématique de la prise en charge des SDF et aussi le rôle des Diar Errahma que la majorité des SDF filmés dans ce documentaire rejettent. La raison, nous a expliqués le président de l'association SDH, Kamel Brikci, se résume en deux points. Le problème de la liberté de ces personnes et la promiscuité. Les SDF ont témoigné dans le film qu'ils ne se retrouvent pas dans ces résidences, car ils se sentent prisonniers et ne supportent pas la discipline imposée. Ils ont également posé le problème de la promiscuité. Selon leurs témoignages, Diar Errahma regroupe des personnes de tous genres dans les mêmes conditions. Le président de SDH souligne que cela pose un problème pour cette frange de la société en l'absence de traitement individualisé. Ne se sentant pas à l'aise dans ces établissements, les SDF préfèrent la rue et la liberté pour ne pas subir la promiscuité même s'ils mettent leur vie en danger à cause de l'insécurité de la rue. Un choix qu'ils ont fait et qu'ils assument.