A moins d'une semaine de l'ouverture de la conférence de paix sur la Syrie, la tenue de celle-ci reste toujours problématique car encore hypothéquée par l'incertitude que l'opposition syrienne entretient sur sa participation à la rencontre et par la divergence qui oppose les organisateurs sur celle de l'Iran. Deux rencontres ont eu lieu à Paris, l'une dimanche et l'autre hier lundi. Toutes deux censées devoir trancher sur les deux questions. La première a regroupé les ministres des Affaires des onze pays « amis de la Syrie » en présence du président de la Coalition de l'opposition syrienne qu'ils reconnaissent en tant que « représentante » de la rébellion contre le régime de Bachar El-Assad. Il était attendu de l'opposition qu'à l'issue de cette réunion elle annonce franchement sa position. Il n'en fut rien car elle persiste à entretenir le flou sur celle-ci. Signe pour les observateurs que cette opposition n'est pas parvenue à surmonter ses divergences internes et qu'elle est surtout en butte à des pressions contradictoires de la part de ses parrains étrangers ne partageant pas la même vision sur la solution du conflit syrien. Les 11 pays qui ont pris part à la rencontre se sont contentés d'émettre à la fin de celle-ci le « vœu » que la conférence de paix s'ouvre effectivement le 22 janvier en la présence de leurs protégés. En la circonstance, les Occidentaux ont « découvert » que cette opposition syrienne qu'ils soutiennent échappe en son noyau dur à leur influence et est dotée d'un agenda politique qui recoupe les intérêts géopolitiques et doctrinaux de l'Arabie Saoudite et du Qatar. L'autre réunion de Paris a eu pour protagonistes dans un premier temps le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue américain John Kerry. Leur tête-à-tête a porté sur le cas iranien. L'émissaire international pour la Syrie s'est ensuite joint à eux pour une évaluation des préparatifs de la conférence de paix. Lavrov et Kerry ne sont pas parvenus à un accord sur la présence iranienne aux négociations de paix. Toutefois lors de la conférence de presse qu'il a animée conjointement avec Lavrov et Brahimi, Kerry est apparu moins ferme sur le refus de la participation iranienne et a même estimé celle-ci souhaitable à condition que Téhéran adhère au principe « d'une transition » en Syrie. Est-ce ce préalable qui motiverait les visites annoncées du ministre iranien des AE à Damas puis à Moscou ? Il y a probablement un lien de cause à effet. L'élément positif qui perce à quelques jours de l'ouverture de la conférence de paix est que sur le terrain et pour la première fois depuis le début du conflit, le régime syrien et des groupes de la rébellion armée ont conclu des trêves pour des raisons humanitaires. Pour Lavrov, Kerry et Brahimi, ce petit pas vers le dialogue entre Syriens serait le signe qu'une lueur d'espoir se fait jour que la communauté internationale doit encourager en poussant les belligérant syriens à continuer sur cette voie pour barrer la route aux extrémistes qui ne veulent pas d'une solution négociée. L'espoir existe que les Syriens parviennent à s'entendre. Mais il est ténu tant l'ingérence extérieure a fini par se soumettre les esprits et les consciences des acteurs du conflit.