Les réactions à la sortie publique de l'ancien président de la République, Liamine Zeroual, ne se sont pas faites attendre et ont oscillé entre une adhésion totale et sans équivoque des uns et une certaine «incompréhension» chez les autres, surtout en terme chronologique. La lettre de Zeroual a été ainsi diversement commentée par une classe politique et des candidats à la présidentielle qui ne s'attendaient certainement pas à une telle sortie de la part d'un homme qui a toujours cultivé le silence et qui s'est, quelque part, interdit toute réaction publique aux événements politiques qui ont traversé le pays depuis qu'il a annoncé sa démission d'El Mouradia. Ali Benflis, l'ex-chef de gouvernement et candidat à l'élection du 17 avril prochain, a été prompt à soutenir sans ambages cette initiative épistolaire de Zeroual en affirmant s'associer à son appel. Dans une déclaration adressée aux médias, il le qualifie de «patriote, conscient de la gravité de la situation et soucieux de la stabilité de l'Algérie » et de «sage» qui a dirigé le pays «dans ses moments les plus difficiles depuis l'indépendance», en référence à la décennie noire. «Je m'associe pleinement à son appel», dira-t-il à propos de la proposition de l'ancien chef de l'Etat qui a évoqué un «mandat de transition» et «une alternance» indispensable à la sauvegarde de la démocratie, solution idoine au contexte algérien. Benflis expliquera que Zeroual «propose une issue à l'impasse à laquelle est confrontée l'Algérie» à travers «une réhabilitation des missions des institutions et l'organisation de l'alternance politique dans des conditions ordonnées et apaisées». Ali Benflis surfe sur la vague zeroualienne en associant également les craintes de l'ancien militaire à ses craintes. Benflis s'inscrit dans la légitimité de Zeroual et partage avec lui sa vision de l'avenir. L'autre candidat à la présidentielle et président du FNA, Moussa Touati, partage également les appréhensions de Zeroual et comprend les raisons de son mutisme jusqu'à aujourd'hui. «Aujourd'hui, il est sorti de son silence. En 1998, il a préféré démissionner car ses choix n'étaient pas acceptés. Les Algériens seront à l'écoute de ces propos». Il appellera néanmoins les nouvelles générations à succéder aux anciennes. Pour le général à la retraite Mohand Tahar Yala qui s'est retiré de la course à la présidence, «la lettre arrive un peu tard, mais elle est la bienvenue». Selon lui, «Liamine Zeroual est sorti du silence pour dire qu'une transition est une priorité. Ce courrier est salutaire car en tant qu'ancien président, il a réussi à mettre en place une grande Constitution pour l'Algérie». Djillali Sofiane, le président de Jil Djadid, rappellera la stature de l'homme. «Monsieur Zeroual a démontré encore une fois qu'il est une autorité morale dans le pays», rejoignant Benflis et Touati dans leurs déclarations. Il expliquera que «Zeroual fait une interprétation de la situation politique sous l'angle moral avant l'angle purement politique». Quant au président de «AHD 54» et candidat à la présidentielle, Ali Fawzi Rebaine, il reproche à Zeroual d'avoir démissionné de son poste. «Le problème n'est pas la lettre mais plutôt le positionnement de Liamine Zeroual», assénera-t-il, critique. «Tout d'abord, il n'avait pas à démissionner. On peut avoir des désaccords mais cela ne justifie pas d'abandonner le poste de Président. On reste et on lutte pour changer les choses». Le RCD, à travers son chargé de communication, Athman Mazouz, estime que des déclarations de Liamine Zeroual on peut retenir «ce constat sans appel que font de nombreux Algériens : le système a miné le destin national et l'alternative doit passer impérativement par le départ du système». TAJ considère la lettre de Liamine Zeroual comme une preuve du « renforcement de la démocratie et du droit à l'expression », dit Nabil Yahiaoui, chargé de communication du parti. Pour le président du MSP, Abderrazak Makri, le président Zeroual «est de plain pied dans la campagne en parlant d'un mandat de transition». Il déclare à propos de l'ancien chef d'état qu'«il a critiqué le clan du Président, mais a appelé à voter. Il est donc clair qu'il soutient un candidat». De son côté, Saïd Bouhadja, chargé de la communication du FLN, estime que la lettre de Zeroual a pour but de tranquilliser le peuple «pour surmonter toutes les rumeurs et les tractations».