La campagne électorale touche à sa fin. Les six candidats en lice tiennent leurs derniers meetings puis céderont la parole à cet électorat qu'ils ont courtisé avec des fortunes diverses pendant trois semaines. Fixé au 9 avril sur le territoire national, le scrutin présidentiel a néanmoins démarré hier 4 avril à l'étranger, dans les pays où existe une présence de ressortissants nationaux. Que dire de cette campagne, si ce n'est qu'elle a été terne. Elle n'a pas connu le «bide» en terme de participation populaire qu'ont prédit les partisans du boycott. Elle n'a pas non plus drainé les grandes foules, telles que les aurait voulues le camp des participationnistes. Bien malin est pour cette raison celui qui peut avancer avec certitude ce que sera le comportement de l'électorat dans ce scrutin du 9 avril. Du fait du décalage entre le vote de nos compatriotes émigrés et celui de la population dans le pays, le premier a été traditionnellement un baromètre assez fiable des tendances qui l'ont emporté au final dans les précédents scrutins. C'est pourquoi les opérations de vote à l'étranger vont être scrutées avec soin par les observateurs. Tout comme dans le pays, le camp participationniste, dont les pouvoirs publics en premier lieu, a mené une vaste opération de sensibilisation auprès de nos communautés émigrées, avec pour credo que l'exercice par elles du droit de vote est à la fois démonstration d'attachement à la mère patrie et contribution à la stabilité de celle-ci. Il n'y a pas eu que l'énoncé de ce principe pour inciter les émigrés à accomplir leur devoir citoyen. Comme cela s'est fait pour les mêmes raisons dans le pays, les autorités ont pris en cette période électorale l'initiative d'une série de mesures destinées à convaincre l'émigration nationale que ses problèmes et attentes font partie des préoccupations de l'Etat. Celle qui a consisté à décider la baisse des prix des billets d'avion pour les expatriés durant la période estivale est censée devoir motiver ces derniers à se rendre aux urnes en manifestation de leur satisfaction pour un geste qui, en ces temps de crise économique et financière, est pour eux à l'évidence le bienvenu. Mais tout autant que leurs compatriotes restés au pays, nos émigrés ne décideront pas de leur comportement électoral sur la base de la sollicitude officielle dont ils sont l'objet en cette période de campagne présidentielle, et encore moins sur les effets d'annonce qui leur ont été prodigués. Il se détermineront en s'étant posé la question de savoir si le Président candidat, qui postule à un troisième mandat, est à créditer d'un bilan ayant fait positivement avancer les choses dans le pays, et si ses compétiteurs sont eux porteurs d'alternatives crédibles. Faut-il encore qu'ils cultivent la conviction que la dévolution du pouvoir dans le pays passe réellement par le chemin des urnes. C'est ce que le «pressing électoral» dont ils ont été l'objet, d'une façon cette fois très intense, a visé à ancrer en eux. Pour quel résultat ? On le saura avant le 9 avril et on aura alors un indice susceptible d'avancer une projection à peu près fiable sur ce que sera la participation populaire au scrutin du 9 avril.