La retenue collinaire d'El-Aribat, située dans la commune d'Amieur, à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya, est aujourd'hui gravement polluée par les écoulements d'eaux des déchets du centre d'enfouissement technique (CET) de Saf-Saf situé en amont. Le micro-barrage, ainsi que le barrage de Sidi-Abdelli, a été réalisé dans les années 1980 par l'entreprise brésilienne Rabelo pour satisfaire les agriculteurs de la plaine de Béni-Ouazane. Aujourd'hui, les habitants des abords de la retenue et les agriculteurs ne veulent plus irriguer leurs cultures ni abreuver leurs bêtes de son eau. «Les eaux de cet ouvrage, qui sont utilisées pour l'irrigation à El Aribat et Ghoulimes, sont polluées et entraînent des maladies. Après les pluies, les ruissellement des eaux de cette grande décharge publique charrient et déposent dans la retenue des boues et des déchets très pollués qui n'ont malheureusement jamais été traités ni valorisés», se lamente l'un des agriculteurs du périmètre d'El-Aribat qui précise que «les services de l'Hydraulique, de l'Environnement et de l'APC sont quasiment absents et ne font rien pour remédier à cette situation et prendre les mesures nécessaires pour l'amélioration de la qualité des eaux de la retenue». Pour un autre fellah de la région «les conséquences pourraient s'avérer très sérieuses à long terme pour des milliers d'arbres fruitiers et autres cultures irriguées à partir de ces eaux, notamment en été où ces eaux polluées sont utilisées pour l'irrigation des grandes superficies de melon, pastèque et tomate». Selon un cadre de la Direction de l'Hydraulique, «les eaux qui séjournent dans la retenue, environ 1 million de mètres cubes, contiennent une importante quantité de matières organiques. Les eaux de ruissellements de la décharge en ont modifié complètement la biologie. Ces matières s'accumulent actuellement dans le fond, se décomposent et favorisent le développement des algues jusqu'à eutrophisation. C'est pour cela que les eaux stockées dans la retenue ont une couleur noire et dégagent des odeurs qui agressent les narines des passants de la route nationale 2. Aujourd'hui, il est urgent de surveiller et analyser les algues qui se forment au fond de la retenue pour vérifier son taux en nitrate, phosphate et autres pollutions». Cette retenue collinaire non surveillée, soumise aux déchets et métaux lourds du CET de Saf-Saf, constitue aujourd'hui un danger non seulement pour les populations situées en aval, mais aussi pour la faune et la flore de toute la région de Béni-Ouazane.