Aucune solution n'a été trouvée pour remettre en service les installations hydrauliques au profit des agriculteurs de la localité. Le périmètre d'irrigation de Djebla, dans la commune de Ouaguenoune (10 km au nord de Tizi Ouzou), permettait il y a une dizaine d'années l'autosuffisance en matière de fruits et légumes à la population de cette région. «Aujourd'hui, beaucoup de fellahs sont découragés à cause de la dégradation de la retenue collinaire autour de laquelle s'organisaient toutes les activités agricoles. Mais il n'y a pas que l'incapacité des agriculteurs à se prendre en charge, les aides de l'Etat en semences ou en engrais, par exemple, arrivent toujours en retard», nous dira Amirouche, un agriculteur du village Djebla. Le barrage a été réalisé entre les années 1968 et 1970. A présent, les équipements mis en place sont livrés au vandalisme et au vol. «Le peu de moyens de pompage et les conduites ont été endommagés par la corrosion après la sécheresse qui a touché le pays, au milieu des années 1980», se rappelle-ton. Les agriculteurs, irrités et endettés ont cessé toutes cultures. L'Office des périmètres irrigués et de mise en valeur (ONIMV), l'organisme qui gérait cette activité hydro-agricole croule sous la dette et se retrouve dissout de fait. Des tentatives pour la reprise en mains de l'exploitation ont été lancées par les agriculteurs en s'organisant en coopérative, mais celle-ci n'a pas abouti. «Les services de l'hydraulique ne prennent pas en considération notre avis. Ils nous renvoient systématiquement dans nos champs, nous disant de nous occuper uniquement du travail de la terre, alors que les matériaux utilisés pour la réfection des conduites n'étaient pas adéquats», a déclaré un représentant des agriculteurs. Une autre initiative venant des services de l'hydraulique consistant à mettre en concession le périmètre irrigable a buté sur le refus des agriculteurs. Impliqué dans le développement de sa commune, notamment de la vie économique, le maire de Ouaguenoune, M. Belkhir a indiqué : «Les dernières recommandations élaborées lors du dernier conseil consultatif de notre commune et celles issues de notre rencontre avec les représentants du ministère de tutelle et des services agricoles de Tizi Ouzou sont restéss lettre morte. Il n'y a eu aucune suite». La réunion d'octobre 2010 a débouché sur des propositions concrètes, dont la création d'une cellule chargée d'établir un état des lieux du site de la station de pompage pour l'identification des travaux de réhabilitation à entreprendre et le recrutement des gardiens pour la surveillance des équipements électromécaniques. Et, enfin, la signature d'un cahier des charges par la coopérative des irrigants qui prendront en concession cette affaire. La situation n'a point évolué. Une virée dans ce périmètre irrigué où l'on cultive des pastèques, du melon, des piments et de la vigne, et autres cultures maraichères, montre l'ampleur de l'abandon. Des fissures sur les parois d'où s'échappe le trop plein de l'ouvrage hydraulique sont constatées. Des quantités d'eau se déversent dans la nature. L'environnement n'est pas en reste. On y trouve sur les berges et dans l'eau des bouteilles en plastique, des canettes et toutes sortes de déchets de l'activité de pêche. Des moteurs fonctionnant au gasoil à défaut de l'énergie électrique sont installés aux abords du réservoir, menaçant l'eau de pollution. L'envasement du barrage pouvant diminuer la capacité de stockage de la retenue est perceptible à l'avancée du roseau dans l'eau. Un décor qui décourage le plus motivé des fellahs. Comme Amirouche, beaucoup d'entre eux ont changé d'activité. «Je me suis reconverti à l'élevage et à la collecte de lait. Sachez que pour planter 10 ha de pastèque, il vous faut au moins 2 millions de dinars. Cela revient très cher à l'agriculteur qui doit, du reste, faire face aux tracasseries administratives pour l'acquisition des aides de l'Etat», conclut notre interlocuteur.