La campagne électorale des partisans du quatrième mandat ne se déroule pas comme prévu. Elle manque manifestement de «l'expertise» du DRS qui semble répondre «ostensiblement» et «positivement» à l'exigence formulée via Amar Saadani de ne pas se mêler de l'élection présidentielle. Et cela se ressent dans la campagne cahoteuse menée par l'équipe du Bouteflika 4. Celle-ci ne semble pas avoir pris la mesure de la sidération provoquée chez une bonne partie de l'opinion d'une perspective de présidence à vie. Elle n'a pas, de toute évidence, le «savoir-faire» du DRS pour désarmer les contestations qui s'avivent et convergent. Hier, à Béjaïa, Abdelmalek Sellal a été empêché de tenir un meeting et les incidents se multiplient y compris à l'étranger autour des activités de la campagne Bouteflika. M. Sellal qui aura réussi le tour de force de gagner, en accéléré, une grande impopularité grâce à ses gags peu amusants, est à la peine. Le début de la campagne officielle et malgré les efforts d'un Ali Benflis pour se poser en alternative n'arrive pas à faire oublier le choc de Bouteflika 4. Le dispositif mis en place semblait tabler sur le fait que l'entrée en jeu des autres candidats reléguerait au second plan la controverse sur le quatrième mandat et désarmerait ses adversaires. Il n'en est rien. Le sujet reste présent et permet de rassembler et de mobiliser au-delà des clivages idéologiques et politiques traditionnels. Avec cette fois-ci une caisse de résonance très forte dans les réseaux sociaux. Les autres candidats passent plus leur temps à essayer de convaincre qu'ils ne sont pas les «lièvres» d'une partie jouée qu'à faire campagne. Ali Benflis, le candidat principal qui donne du «sens» à l'élection, montre des signes de raidissement, en affirmant que l'outil de la «fraude massive» a été préparé mais qu'il comptait «y résister». Quelle forme prendra cette «résistance» ? Ali Benflis reste prudent mais son propos ajoute à la tension. La terminologie utilisée par la campagne Bouteflika 4 va dans la même direction d'un 17 avril tendu. Expliquant sa décision d'annuler le meeting prévu à Béjaïa, la campagne de Bouteflika s'en est prise aux «fascistes tenants du boycott, Barakat, secondés par leurs nervis du MAK». Paradoxalement, les Sellal and co, par manque d'imagination, semblent vouloir donner un poids démesuré au mouvement Barakat - dont les membres, soit dit au passage, n'ont rien de fasciste - voire à essayer de les entourer d'un halo complotiste. Qui fait d'ailleurs sourire ceux qui en font partie. Mais on peut comprendre cette focalisation délibérée et insincère sur Barakat. Le quatrième mandat suscite certes une opposition active de la part de certaines organisations mais le plus grave est bien cette réticence silencieuse plus large où se mêlent l'incompréhension, l'indignation et les inquiétudes. Cette opposition silencieuse gagne même le volant électoral du régime, estimé en général à 20% de vrais votants, où le doute s'est également insinué sur ce très controversé quatrième mandat.