Les six candidats à l'élection présidentielle du 17 avril ou leurs représentants ont manifestement cherché samedi à clôturer leur deuxième semaine de campagne par des appels insistants et motivés en faveur d'un vote massif, au cours de meetings menés dans le calme, sauf à Bejaia où des violences ont conduit le représentant du candidat Abdelaziz Bouteflika à annuler le rassemblement électoral programmé dans cette ville. Le meeting que devait animer Abdelmalek Sellal, le directeur de campagne du candidat Bouteflika, avait été violemment empêché par des manifestants se proclamant hostiles à un nouveau mandat pour le président sortant. Une quinzaine de blessés dont trois policiers sont à déplorer, selon une source hospitalière. En guise de réaction à cette "agression" par voie de communiqué, la direction de campagne de M. Bouteflika l'a condamnée sans ménagement l'attribuant à des "fascistes tenants du boycott (appartenant au mouvement) Barakat, secondés par leurs nervis du MAK" (Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie, non reconnu). La même source dénonce, à l'occasion, toute forme de recours à la force qu'elle considère contraire à la pratique démocratique en période d'élections, tandis qu'au moins deux autres candidats (Louisa Hanoune et Abdelaziz Belaid) et une organisation (le syndicat national des journalistes, pour le côté agression de journalistes venus couvrir l'événement) ont condamné cet incident, le premier par son ampleur depuis le début de la campagne électorale. Le fait, pour grave qu'il soit, n'a pas empêché M. Sellal de tenir son second meeting au programme de la journée, à Alger cette fois et devant une assistance à majorité féminine, au cours duquel il a passé en revue les réalisations du président en fin de mandat dans plusieurs domaines de l'activité nationale, à commencer par les "pleins droits" octroyés à la femme algérienne, y compris des droits politiques majeurs. L'ancien Premier ministre a réitéré, à l'occasion, ses traditionnels appels à l'édification d'une économie forte et au renforcement du "front intérieur" car, a-t-il souligné, l'Algérie "évolue dans un milieu difficile fait de problèmes, d'ennemis extérieurs et d'instabilité internationale pouvant menacer (irrémédiablement) le pays". Le SG d'El-Islah Mohamed-Djahid Younsi, soutien du candidat indépendant Ali Benflis, a ouvert le concert des appels à la participation au vote en soutenant, depuis M'sila, que la solution ne résidait pas dans le boycott de la Présidentielle mais qu'au contraire, la mobilisation de tous, le jour du scrutin, était indispensable pour "provoquer le changement", "rompre avec le système de gouvernance en place" et "barrer la route aux fraudeurs". Le candidat Benflis lui même se trouvait Batna d'où il a invité les citoyens de la capitale des Aurès à voter, en l'élisant, pour "faire sortir l'Algérie de la crise comme ils l'ont fait pour la libérer du joug colonial". Le candidat a promis, s'il est élu à la magistrature suprême, de mettre en oeuvre, en priorité, une constitution "consensuelle" avec la contribution de tous les acteurs politiques sans exclusion et après une consultation générale, à l'exception des partisans de la violence. Le but est de garantir, a-t-il dit, l'indépendance de la justice, la pluralité syndicale et la lutte contre la corruption à tous les niveaux. A partir d'Oran, la candidate du Parti de travailleurs Louisa Hanoune a exhorté ses possibles électeurs non seulement d'aller voter mais aussi de faire en sorte que leur choix soit "respecté" en "surveillant de près" l'opération électorale. "Ce jour-là, libérez vos énergies et votre capacité à rebondir par la voie pacifique", s'est-elle emportée devant une assistance à majorité jeune. Dans le style qui lui est propre, le président du Front national algérien (FNA) et candidat à l'élection présidentielle Moussa Touati, a appelé de Ain Defla les Algériens "à ne pas céder au fatalisme et au boycott" pour pouvoir "déboulonner le pouvoir en place". "Vous n'avez pas le droit de démissionner ou de brader votre souveraineté, votre honneur et votre dignité (...) ou encore de laisser la voie libre aux aventuriers en ignorant les urnes", a lancé le candidat. S'exprimant pour le compte du candidat indépendant Abdelaziz Bouteflika, M. Mohamed Larbi Ould Khelifa a appelé de Tighennif (Mascara) lui aussi à un vote massif car, pour lui, les appels au boycott représentent un "acte négatif qui cache une absence de programme". Il a fustigé au passage les candidats qui, selon lui, critiquent M. Bouteflika au lieu de présenter un programme électoral crédible. La même détermination à pousser les Algériens au vote a été exprimée par l'autre représentant du candidat Bouteflika, Abdelaziz Belkhadem, qui estime, depuis Guelma, qu'une participation massive à l'élection présidentielle délivrera "un message fort au monde entier pour dire que le peuple algérien veut préserver la stabilité et la sécurité de son pays, renforcer son économie, asseoir la pratique démocratique, renforcer et élargir les libertés individuelles et collectives". "Votez en masse pour l'homme du changement" était le mot d'ordre du candidat du parti Front El Moustakbal, Abdelaziz Belaid qui, depuis Chlef, a préféré axer ses interventions sur la nécessité de "moderniser" et de "professionnaliser" l'armée, en tant que "colonne vertébrale" du pays et source d'inspiration et de fierté pour les plus jeunes.