L'information, coincée entre les difficultés d'accès aux sources et la rétention, érigée en système statu quo', l'ambiguïté dans les relations presse/cellules de communication et autre cloisonnement des points de vue dans les missions, des uns et des autres, voilà bien des dysfonctionnements ou de mauvaises notes qui ont été relevées, avant-hier, lors d'une journée d'étude, organisée à l'hôtel Cirta' (Constantine) par l'Association des femmes journalistes du Constantinois (AJC), sous le thème générique de la communication institutionnelle. Alors que certains pays développés ont, intimement, intégré cette dimension de la communication institutionnelle, dans leur stratégie nationale, qu'on déploie, désormais, à l'image d'un véritable bataillon des technologies de communication modernes et avec toute l'efficacité voulue, en période de crise, on demeure, encore, chez nous, au stade des cellules de communication, souvent installées, avec dans l'esprit de constituer des barricades, entre les journalistes et les responsables des institutions, comme l'ont relevé des intervenants, lors de cette journée d'étude, à laquelle ont pris part, outre les professionnels des médias locaux, les responsables de la communication de différents organismes de sécurité et d'établissements publics. Enfermés dans leur crainte de subir les foudres du premier responsable, ces derniers se trouvent, souvent, paralysés lorsqu'ils sont en face des médias, surtout en temps de crise. Beaucoup d'exemples, cités lors des débats, illustrent ce repli sur soi, en matière de communication institutionnelle, à l'enseigne de l'enlèvement et l'assassinat de deux enfants, à la nouvelle ville Ali Mendjeli, le récent crash de l'avion militaire et d'autres affaires, au centre d'intérêt de l'opinion publique. «On appréhende la mauvaise interprétation de l'information et, parfois, l'utilisation, à mauvais escient, ou carrément la déformation de nos déclarations», avouent, pour leur part, les responsables de différentes cellules de communications, ajoutant, dans ce sens, que la confiance et le professionnalisme du journaliste interlocuteur sont, à leurs yeux, des critères déterminants pour les responsables des cellules de communication, dans leur promptitude à donner les détails. Bien sûr, la communication institutionnelle s'applique, essentiellement, à la gestion du capital image, de l'institution, elle-même, et il ne lui sert, donc, à rien de laisser le champ libre à la rumeur, en se débinant devant ses responsabilités, quand il s'agit d'éclaircir une situation ou une autre. Le vide juridique, en matière de communication institutionnelle, est un autre frein à l'amélioration des conditions de travail du journaliste, ce dernier est souvent traîné, devant les tribunaux, pour ses écrits, mais on n'a jamais vu un responsable, devant la barre du tribunal, pour rétention d'information, un droit, pourtant, reconnu au citoyen par la Constitution. Soumeya Chaïb, sous-directrice de la Communication extérieure au ministère de la Communication, a rappelé la volonté du ministère «d'asseoir une stratégie de communication institutionnelle d'adhésion». Soulignant, dans ce contexte, que l'Etat est déterminé à mettre en œuvre «une stratégie qui garantira, aux professionnels de la presse, l'accès aux sources d'information, dans le respect des lois du pays». Pour sa part, la présidente de l'AJC, Mme Ilham Tir, avait souligné l'importance du thème de cette journée d'étude, qui touche, dans son prolongement, un droit constitutionnel, avant d'inviter l'ensemble des professionnels de la corporation, à se rapprocher davantage, des institutions pour «recueillir une information juste, fiable et crédible, avant de l'exploiter et de la communiquer, en toute objectivité, aux citoyens». Hélas, parfois le décalage est aux antipodes entre l'intention et la réalité du terrain, surtout au niveau local, où le traitement de l'information se manipule comme l'œuf.