Maghnia étouffe. La vie quotidienne y est altérée par des maux de plus en plus nombreux et diversifiés. Le temps où il y faisait bon vivre et où la vie y était sereine, calme et paisible, est révolu, sans transition. La ville s'est transformée très rapidement en une ville de bouchons et de circulation et stationnement anarchiques. La saturation des voiries, que l'accroissement brusque du parc automobile a engendrée, est à l'origine de cette situation, source de malaise, de désagréments et d'exaspération pour la population. «Si auparavant, la circulation se faisait dense aux heures de pointe uniquement, actuellement celle-ci est chaotique à toutes les heures», dira ce fonctionnaire lequel dit utiliser son véhicule uniquement pour des sorties hors de la ville Si le parc automobile, que le crédit à la consommation et l'effet des derniers réajustements des échelles salariales ont contribué à son explosion, est pour beaucoup dans cette tare quotidienne, agressive par sa nuisance sonore et son émission des gaz d'échappement que subit le citoyen et l'environnement, d'autres facteurs interviennent dans cet «empoisonnement» de la vie du citoyen. Il s'agit d'abord du non-respect des règles de la circulation et de stationnement, compliqués par un plan de circulation vieillot, dépassé, voire désuet qui d'emblée ne répondait pas aux spécificités de la ville et que les actes de vandalisme ont achevé. Les panneaux de signalisation, en majorité dégradés voire détruits dans l'insouciance générale, ne semblent avoir aucun effet sur certains conducteurs qui ignorent jusqu'aux bases de bienséance. Ceux-là brillent plutôt par des réactions d'incivilité à l'encontre des plus corrects et de grogne vis-à-vis des services d'ordre et que les contraventions n'empêchent pas de sévir. Par ailleurs, il y a lieu de signaler le peu d'intérêt que portent les responsables aux feux tricolores pourtant outil régulateur de circulation efficace, adopté partout ailleurs. Lorsqu'on sait que pour une ville de l'importance de Maghnia, qui compte plus de 200.000 âmes, seuls 2 croisements situés sur la RN 35 qui traverse la ville ont été dotés de feux tricolores mais qui se trouvent hors d'usage voilà des années, l'on comprend bien que cette mutation sociale, qui est en passe d'engendrer des réflexes irréversibles et des comportements négatifs qui favorisent l'anarchie, prend son origine chez les responsables qui semblent occupés à parer au moins pressé et chez qui la dotation d'un plan de circulation basé sur une étude sérieuse passe bien au second plan. L'important afflux de touristes qui arrivent de l'intérieur du pays par dizaines de bus et de véhicules notamment à l'approche de ramadhan et durant l'été ainsi que la réalisation de la trémie dont les travaux, qui se font au ralenti et qui bloquent la principale artère, sont d'autres tares qui ne sont pas pour favoriser la fluidité. Comme si cela n'a pas suffi pour rendre problématique la circulation des usagers, la pose anarchique de ralentisseurs connaît également un essor. Partout des ralentisseurs poussent impunément au gré des habitants et même s'ils sont posés par les services communaux, ils sont sommaires et ne répondent à aucune étude préalable. Cette anarchie s'est installée également autour du marché où le commerce informel des fruits et légumes s'est redéveloppé au lendemain de la fameuse opération coup-de-poing pour l'éradication de l'informel qui a coûté cher au contribuable mais qui s'est finalement avérée vaine car stérile. Les marchés prévus pour ces marchands informels, dont l'attribution des stands était annoncée en grande pompe par le ministre du Commerce, le wali et le directeur du Commerce, pour avant le mois de ramadhan passé, demeurent toujours fermés. Ainsi, las d'attendre, les marchands ont repris le «service» en attendant que les responsables décident l'affectation des stands. Par ailleurs, l'accaparation impunie par les commerçants des espaces publics pour leurs étals et terrasses ou encore la pose de toute sorte d'outils avilissants devant leurs commerces pour éviter le stationnement, est une autre forme d'anarchie qui s'est ancrée et que l'indolence des responsables favorise. Ceci rétrécit davantage l'espace public aussi bien pour le piéton qui se voit refoulé à la chaussée jouer au coude-à-coude avec les véhicules, que pour l'automobiliste qui doit galérer pour trouver une place de stationnement. Le marasme est palpable chez les Maghnaouis qui subissent, impuissants, la nuisance de cette anarchie laquelle vient s'ajouter au phénomène récurent de la construction illicite qui a clochardisé et avili leur ville. Le citoyen assiste, par ailleurs, à un nouveau phénomène qui est étrangement aussi subit que celui des embouteillages: il s'agit de l'achat à outrance et à coups de milliards, à travers différents quartiers stratégiques de la ville, de tout foncier qui «bouge» et de nouvelles ou d'anciennes constructions qui sont carrément rasées pour laisser place à la construction d'imposants immeubles dont l'architecture reste néanmoins basique. Un phénomène qui prend des proportions démesurées sans que cela semble interpeller les «services» auxquels la population reproche la nonchalance et la complicité par inertie.