Dans une assemblée organisée hier, les commerçants de gros de Maghnia ont décidé de fermer boutique ce mercredi, pour protester contre l'injustice dont ils se sentent victimes. «En baissant rideau pour une journée, nous voulons exprimer notre mécontentement et notre colère ; et si les pouvoirs publics restent sourds à nos revendications, nous entamerons une grève générale illimitée dès samedi prochain», indiquent les commerçants de gros, qui ont désigné quatre de leurs collègues pour les représenter en vue d'un éventuel dialogue avec les autorités. «Nous sommes tous considérés comme des contrebandiers, c'est une image que les responsables nous collent injustement. Nous avons une dignité et nous voulons être considérés comme tous les Algériens», disent-ils dépités. Et d'ajouter : «Ils ont dressé une frontière à 35 km de Maghnia. Sur les lieux, on est obligés de présenter nos factures et tout ce qui s'ensuit. Or, tout le monde sait que nos fournisseurs ne nous délivrent pas ce document, la facture n'existe pas dans notre pays. Qui ne le sait pas ? Nous ne sommes pas contre les lois de notre pays, encore moins opposés à la lutte contre la contrebande, mais qu'on ne mette pas tout le monde dans le même sac». Les différents commerçants, qui ne comprennent pas le durcissement de cette mesure, alors qu'on est à deux doigts des élections, affirment : «En imposant le passavant au niveau du croisement 35, obligeant les commerçants à déclarer leurs marchandises, les pouvoirs publics risquent de provoquer une paralysie économique imminente et sans pareille dans l'extrême Ouest du pays». Des produits introuvables Déjà, depuis une semaine, les produits laitiers sont introuvables sur les étals et des produits de première nécessité ont enregistré une augmentation de 20 à 30%. Pire, dans les jours à venir, les populations de Maghnia et des communes de la bande frontalière risquent de manquer cruellement d'alimentation générale, puisque les détaillants sont entrés en grève à partir de samedi. «On dresse ces frontières au niveau de Remchi, comme cela, toute la wilaya de Tlemcen sera touchée par le passavant», dénoncent les commerçants. Pour rappel, depuis 2005, un arrêté ministériel soumet les commerçants, introduisant leurs produits en direction de Maghnia, à une autorisation de circuler, un document appelé «passavant» qui est délivré par une brigade mixte composée des services des impôts, du commerce et des douanes.