Les commerçants du centre-ville de Constantine visés par l'opération spéciale d'embellissement des façades et aménagement des vitrines qui s'inscrit dans le sillage des préparatifs de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», sont très mécontents de la façon dont les travaux d'embellissement sont menés, à la hussarde, par les services de la wilaya et l'entreprise chargée des travaux en question. Dans le seul périmètre du quartier Belouizdad, en comptant aussi la rue Abane Ramdane qui constitue l'une des vitrines commerciales du centre-ville, ces commerçants se comptent par centaines, plus de 300 selon les estimations faites hier par les responsables du syndicat du secteur. Rencontrés hier, de nombreux représentants de cette corporation nous ont fait part d'un sentiment de profond rejet, exprimant leur désaccord total avec les décisions prises par les opérateurs qui ont confié le travail à une entreprise privée. «Et ce qui est révoltant est que cette entreprise est venue installer les échafaudages devant les devantures de nos magasins sans nous consulter ou demander notre avis, et sans tenir compte de nos activités commerciales qui s'en sont trouvées complètement perturbées», s'est exclamé l'un d'eux qui tient commerce dans la rue Abane Ramdane. Et un autre de renchérir : «On nous demande de prendre en charge 30% des coûts des travaux de ravalement des façades et de l'aménagement des vitrines. Or, la majorité d'entre nous avaient déjà fait tout ce travail il n'y a pas si longtemps. Totalement à nos frais, bien entendu. Et quand nous avions posé la question, les services de la wilaya nous ont rétorqué que la nouvelle opération vise à aménager les devantures et les vitrines des magasins selon un modèle standard et esthétique. Idée que nous estimons tout à fait contestable, surtout du point de vue économique». Plus pondéré, un troisième a déploré la façon dont les choses se sont déroulées. « Malheureusement, dit-il, nous avons été surpris ces derniers jours par l'installation des échafaudages devant nos magasins. Aussi, nous avons été complètement pris de court par le lancement de l'opération car nous n'avions été nullement informés du début des travaux». Interrogés, des responsables du syndicat des commerçants, l'Union générale des commerçants et artisans d'Algérie (UGCAA), ont évoqué ce qu'avait été convenu auparavant au cours d'une réunion qu'ils ont tenue avec le wali pour définir les modalités de l'opération et informer les commerçants des modalités de son application, en les sensibilisant pour apporter leur concours au bon déroulement des travaux. «Nous avons diffusé l'information et tout ce que nous pouvons dire est que la majorité écrasante des commerçants n'a pas été enthousiasmé par la nature des décisions prises, surtout pour ce qui est de l'aménagement des vitrines, pour la bonne raison que presque tous ont déjà fait ce travail. Et on leur demande encore de payer pour le refaire selon des standards dont ils ignorent les modalités». Ces responsables ont confirmé l'indignation des commerçants en confirmant que ces derniers sont dans tous leurs états depuis l'installation de chantiers face aux devantures de leurs magasins gênant considérablement leur activité commerciale, obstruant l'accès des magasins. Questionné à son tour, M. Bouhenguel Laïd, coordinateur du bureau de wilaya de l'UGCAA de Constantine, a affirmé qu'il venait de prendre langue avec les commerçants mécontents et qu'il a été convenu de programmer, dans les jours à venir, une rencontre avec eux au siège de l'union pour débattre de la situation. «Les commerçants veulent saisir par écrit le wali en sollicitant son intervention pour arranger les choses de telle façon qu'ils ne soient pas lésés par les travaux en cours», s'est contenté de dire notre interlocuteur sans autre commentaire.