C'est dans une salle presque vide que s'est tenue, au siège de la wilaya, la réunion entre le wali et les représentants des commerçants des boulevards Belouizdad et Abane-Ramdane. L'objet de cette rencontre était de discuter des futurs aménagements des artères et des façades des immeubles de ces deux boulevards du centre-ville, des opérations qui seront lancées incessamment en prévision de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe ». Le wali Hocine Ouadah a regretté cette présence mitigée des propriétaires de commerces ; ils étaient seulement une vingtaine, alors que des convocations leur ont été adressées par l'APC pour débattre du projet d'embellissement du centre-ville. Avant l'ouverture des débats, le bureau d'études chargé de cette opération a fait la présentation de son étude qui repose en gros à harmoniser les façades des immeubles des boulevards Belouizdad et Abane-Ramdane qui datent de l'époque coloniale, entre 1850 et 1910. Outre la rénovation des balcons et des façades à l'aide de mortier de réparation, le bureau d'études prévoit aussi de réaliser de jolis aménagements, comme la réinstallation des antennes TV sur les toitures et des caches pour les climatiseurs. Le bureau d'études aura toutefois des difficultés à convaincre les propriétaires de commerces de refaire les façades, car si esthétiquement son projet est une réussite - il a réalisé la même opération à Alger à la rue Larbi-Ben M'hidi - et qu'il a tout le soutien des autorités locales, il lui sera difficile de rallier les commerçants à cette opération, car chaque commerçant est appelé à contribuer, et c'est justement-là où ça coince. Chacun devra payer une somme allant de 400.000 à 600.000 DA ! Une somme jugée exagérée par les commerçants que nous avons interrogés même si le wali, lors de son intervention, a rassuré qu'une aide sera accordée aux commerçants et auront des diminutions d'impôts. Une proposition qui ne convainc pas grand monde : « J'ai refait la façade de mon bien pour 38 millions de centimes il y a même pas deux mois, et aujourd'hui on veut m'obliger à payer la même somme pour refaire le même travail. Je refuse de verser le moindre sou, cette opération devait être financée par l'Etat. Nous, nous ne demandons rien. J'ai loué mon local et ce n'est pas maintenant que le locataire doit faire des travaux, sinon il me demandera des comptes », nous affirme un propriétaire d'un grand magasin à la rue Abane-Ramdane. Un autre commerçant installé à Belouizdad et qui loue deux boutiques, pense la même chose : « Je ne suis pas contre le principe, nous sommes tous concernés par l'esthétique de la ville, mais les prix sont vraiment exagérés. Aucun commerçant ne peut payer une telle somme et en plus confier le projet à un entrepreneur qu'on ne connaît pas. » En tout cas, face aux questions des journalistes, le wali a répondu que les commerçants seront obligés d'accepter le projet et qu'à ce titre un décret sera signé si cela est nécessaire. Pour ce projet, le bureau d'études envisage de débarrasser aussi les façades des commerces du matériau « alucobond » ou panneau composite, technique largement utilisée ces dernières années par les commerçants car plus rapide et moins coûteuse. Le directeur du bureau d'études a également suggéré de remplacer les vitrines ainsi que les rideaux actuels, en installant un vitrage sécurisé, alors que concernant la sécurité des lieux, le wali dira aux commerçants qu'ils n'auront rien à craindre puisque les caméras de surveillance de la sûreté de wilaya sont en voie d'être installées sur les boulevards principaux du centre-ville.