Hier l'Autorité palestinienne a annoncé qu'elle met fin à sa coopération sécuritaire avec Israël en Cisjordanie. Elle a pris cette décision après la mort de l'un de ses ministres, Ziad Abou Zin, tué par un soldat alors qu'il participait à une manifestation anti-israélienne. Si l'Autorité palestinienne met effectivement fin à sa coopération sécuritaire avec l'Etat sioniste qui lui vaut l'accusation de la part de milieux palestiniens, dont le Hamas, d'être le supplétif des forces d'occupation et de répression israéliennes en Cisjordanie, il faut alors s'attendre à ce qu'éclate une troisième intifadha dans ce territoire. Tout le monde convient en effet que si la Cisjordanie est restée relativement calme malgré les brutalités endurées par sa population suite à la mort dans des conditions demeurées obscures de trois adolescents juifs et même durant la terrible agression militaire sioniste contre la bande de Ghaza, c'est à l'efficace force de dissuasion des forces de sécurité loyales à l'Autorité palestinienne que cela a été dû. Israël va devoir désormais gérer frontalement les grandes tensions que suscitent en Cisjordanie la politique agressivement humiliante de ses autorités et le comportement de même nature de son armée et forces de sécurité. Au degré d'exaspération et d'humiliation où en sont poussés les Palestiniens, une troisième intifadha apparaît dès lors inéluctable. D'autant qu'une telle forme de protestation et de résistance contre l'occupation en est à être considérée par eux comme l'ultime recours après l'échec du processus de négociation de paix et l'impuissance de l'Autorité palestinienne à les protéger contre les sévices qu'ils endurent au quotidien de la part de l'occupant sioniste. Du fond de sa geôle israélienne, le charismatique leader Mahmoud Barghouti avait anticipé l'échec du processus de négociation dans lequel Mahmoud Abbas et l'Autorité palestinienne se sont engagés en comptant naïvement et sur une volonté politique israélienne d'aboutir à un accord sur la création d'un Etat palestinien et sur une médiation américaine visant au même but. Il avait alors appelé le président Abbas et l'Autorité palestinienne à s'appuyer sur une résistance populaire qu'ils ne devraient pas empêcher de se manifester sous la forme d'une intifadha généralisée. Ce scénario est désormais à entrevoir avec la seule différence que l'intifadha que font pressentir les tensions qui font bouillir la population palestinienne ne se limitera pas à la seule Cisjordanie. Les Palestiniens vivant en Israël et eux-mêmes en butte à la violence raciste, aux humiliations et à la limitation planifiée de leurs droits citoyens et humains ne resteront pas cette fois passifs à l'explosion qui embraserait la Cisjordanie. Benyamin Netanyahu et les sionistes de tout bord ont cru qu'ils apporteraient la paix et la sécurité à Israël en étouffant par la terreur l'esprit de résistance des Palestiniens. Ils ont au contraire fortifié et radicalisé celui-ci en tuant l'espoir d'un règlement pacifique du conflit israélo-palestinien. La question n'est donc plus de savoir s'il y aura une troisième intifadha palestinienne, mais quand elle éclatera.