C'est déjà 20 ans ! Cet âge évoque la jeunesse : le goût de l'aventure, l'innocence, apprendre, et aller plus loin dans sa créativité. Le quotidien d'Oran incarnera-t-il ses vingt ans ? A-t-il un rôle à jouer dans l'évolution de notre société ? Accompagnera-t-il le citoyen algérien dans le processus de démocratisation, dans son évolution politique, économique, culturelle et sociale ? Quel rôle peut-il jouer dans la formation d'une opinion chez nos concitoyens ? Quel rôle peut-il jouer dans l'émergence d'une nouvelle élite ? Ma rencontre avec le quotidien d'Oran remonte à mes années d'universités, j'attendais l'édition du jeudi avec beaucoup d'impatience. Les débats et les chroniques ont contribué à m'apporter un autre regard sur l'actualité algérienne et internationale, que celui apporté par les médias officiels. Certains universitaires m'ont ouvert l'esprit à lire d'autres choses, à approfondir mes connaissancesen histoire, en sociologie et en politique. Dix ans plus tard, le Quotidien d'Oran m'a donné la possibilité d'écrire sur divers sujets qui touchent la société algérienne, en particulier dans le domaine politique et de la psycho-sociologie. Ecrire sur l'Algérie, sur ses maux, ses joies et ses bonheurs, est d'abord une question de devoir à la mémoire de nos aïeuls et pour les générations futures et surtout pour notre génération (y compris nous-mêmes) et par la suite tout changement et/ou évolution devrait être réfléchis, discutés, partagés, afin de les enraciner dans l'évolution historique nationale et humaine (universelle). Cependant, dans une culture de débat, qui est la base de toute forme de démocratie, l'absence de débat renforce l'illégitimité, l'illégalité et l'abyme qui sépare (déjà) le gouverneur du gouverné ! Il renforce le sentiment d'injustice, la corruption et le désintérêt à l'espace publique. Il fragilise, également, la transmission entre générations et il cède la place à la violence ou la culture de la violence comme mode d'expression socioculturel. Il y a la question de l'histoire (sa manipulation et ses mythes, notre rapport à cette histoire, etc.), la question de l'identité nationale (la part de l'histoire, et de la langue,), de la religion et enfin un projet de société à tout niveau : économie, système de gouvernance, etc. Tous ces éléments contribuent directement ou indirectement à l'absence d'un projet de société d'avenir et non d'une société qui vit de son passé. Il est important de réfléchir et de débattre (avec un esprit critique et lucide, en laissant de coté les réflexes idéologiques) sur les idées et les facteurs qui peuvent être à l'origine de la stagnation de notre société, qui fait partie du monde. Nous avons un devoir moral de poser des questions, afin d'éviter les erreurs du passé et de l'accepter, tel qu'il a été vécu, sans jugement ou condamnation ! Nous avons connu depuis l'indépendance des heures de gloire, d'un peuple qui a arraché une indépendance, cependant, celle-ci a été confisquée dès le cesser le feu ! L'Algérie est dans une situation critique, rien n'est clair, rien n'est stable et tout est dans l'attente et tout à faire. Un grand chantier à ciel ouvert ! Plusieurs chantiers ont été lancés mais sans voir le jour. Certains ont été victimes des idéologies, d'autres des intérêts. Nos projets prennent plus de temps que dans les autres pays, consomment plus d'argent que les autres pays et leur utilité ne dure pas plus, en moyenne, de deux ans après leur réalisation. C'est là où la presse nationale a joué un rôle et elle continue à s'imposer comme seul lieu de débat fructueux et porteur pour nos concitoyens, ce rôle les journalistes et les plumes du Quotidien d'Oran le font avec professionnalisme, imprégnés d'une déontologie exemplaire. Apporter une information sans juger, commenter les idées, sans blesser et mettre en danger les personnes concernées, ce sont les bases inaliénables du métier de journaliste ou du commentateur. En outre, avoir la probité et le courage intellectuel de soumettre de nouvelles idées, de condamner des pratiques douteuses et/ou moyenâgeuses devrait être protégés activement par la loi. L'autocensure est la pire des atteintes à la liberté d'expression, et surtout, pour la démocratie. Cependant, le Quotidien d'Oran s'adaptera-t-il à l'évolution des modes d'expression des opinions et de la circulation de l'information ? Comment traiter l'information avec rapidité, sans tomber dans la précipitation d'analyse ? C'est le nouveau défit de la presse écrite ! * Psychologue et auteur : dernière publication : Algérie entre opacité et inertie (Allemagne, décembre 2014)