C'est avec émotion que les habitants de la ville d'Ain Fezza (daïra de Chetouane) ont appris le décès de la valeureuse moudjahida Jacqueline Guerroudj, le 18 janvier dernier. Née en France où elle a vécu jusqu'en 1948, Jacqueline Guerroudj a enseigné le français dans les écoles à Négrier (actuellement Chétouane ) et Ain Fezza entre 1948 et 1955. Âgée de 95 ans, la mort de la doyenne des ex-condamnés à mort, a suscité de nombreuses réactions dans toute la région. Ses anciens élèves par la voix de l'actuel président de l'APC d'AïnFezza, Mekkaoui Hamza, lui rendent un vibrant hommage. «C'est avec une très vive émotion que je viens d'apprendre la mort de celle qui m'a enseigné le français quand j'étais petit. J'ai eu le bonheur d'être son élève de 1952 jusqu'à 1955 à l'école d'Ain Fezza. Son départ me cause une douleur insupportable. C'était une institutrice d'une grande qualité intellectuelle, d'une très large culture et une femme d'une qualité morale exceptionnelle. Elle était très présente aux côtés des élèves. La distance m'empêche de suivre son dernier voyage. J'y serai présent par l'esprit pour vivre l'émotion avec sa famille. Du fond du cœur, je voudrais transmettre à toute sa famille mes condoléances les plus attristées. On baptisera de son nom l'une des artères principales de la ville d'AïnFezza», raconte ainsi le président de l'APC d'Ain Fezza, Mekkaoui Hamza, tout ému. Et d'ajouter: «beaucoup de ses élèves sont encore en vie : Mohammedi Mohamed, ex-garde républicain d'Ouchba, Mohammedi Miloud dit Yazid, moudjahid de Chetouane, Abdelhak Omar, ancien cheminot, ChikhiKada ex-cadre des mines, Ghomrikaddour, ex-cheminot, Ourad Mohamed, ex-cadre des ponts et chaussées. En 1992, nous l'avions invité à visiter Ain Fezza. Elle y est restée pendant une semaine pour rencontrer ses anciens élèves et voisins. D'ailleurs, c'est ici à Ain Fezza, qu'elle a commencé à écrire son livre intitulé les douars et les prisons dans lequel, elle explique les conditions des ouvriers agricoles et de leur famille qui relevaient de l'époque féodale, l'épidémie de rougeole qui atteignit les enfants de Chouly, qui moururent comme des mouches, car ils n'y avait pas de docteur, ni de route pour les amener dans un dispensaire, ainsi que l'histoire des chiens lâchés contre elle par Dollfuss, lorsqu'elle s'opposa à celui-ci, pour que le fils doué d'un espagnol, continue à 14 ans les études. Age auquel un enfant peut avoir un rendement d'adulte». D'un air abattu, son ex-élève ChikhiAissa (Moudjahid) souligne lui aussi :''il ne faut pas oublier, que Jacqueline Guerroudj, qui activait dans la zone autonome et qui fut arrêtée en 1957 puis condamnée à Mort, a pris part à la bataille d'Alger en compagnie de Djamila Bouhired, J. Boupacha, J.Bouazza , Zohra Drif, de la chahida raymondepeschard, Fadhila etc... Jacqueline a aussi participé avec le chahid Fernand Iveton au projet d'attentat de l'usine à gaz du Hammaà Alger. Iveton fut le 11 février 1957, à l'âge de 31 ans, le premier Français guillotiné. Sa fille, Danielle, poseuse de bombes à Alger, est aussi une grande moudjahida. Au nom des anciens élèves de la Ville d'Ain Fezza, j'adresse mes sincères condoléances à sa famille et à ses proches''.''beaucoup de ses élèves sont encore en vie : En avril 1955, Jacqueline et son mari sont expulsés du département d'Oran vers la France en raison de leurs opinions politiques. Djilali revient clandestinement en Algérie, mais seulement en décembre 1955 que toute la famille obtient de s'installer légalement dans l'Algérois. Jacqueline milite avec son mari qui est responsable des combattants de la liberté (organisation militaire qui dépend à l'origine du PCA et qui est ensuite intégrée au FLN). Tous deux sont arrêtés en janvier 1957. Condamnés à mort, ils seront graciés après une intense campagne faite en France contre leur exécution. Après l'indépendance, Jacqueline, mère de cinq enfants, retrouve sa famille et reprend des activités professionnelles. Elle est restée au FLN jusqu'en 1965. Repose en paix Jacqueline Guerroudj.