Après les violences enregistrées, dimanche, avec notamment, des affrontements entre manifestants anti-gaz de schiste et forces de l'ordre, chargées de normaliser la situation, le calme est revenu, hier lundi, à In Salah. Les manifestations des anti-gaz de schiste ont provoqué, dimanche, pour la seconde journée consécutive, de violents affrontements avec les forces de l'ordre, qui se sont soldés, notamment, par un lourd bilan : 40 policiers blessés et évacués à l'hôpital de la ville, le siège et la résidence du chef de daïra incendiés, ainsi qu'une agence d'un opérateur de téléphonie mobile et le parc communal. Le calme est revenu dans cette ville du sud du pays grâce à l'intervention de notables en concertation avec les responsables administratifs et sécuritaires de la wilaya. La ville de Tamanrasset a, également, retrouvé son calme après les manifestations organisées pour soutenir les manifestants de In Salah. Une rencontre, tenue dimanche, dans la soirée, entre les deux parties, a fait prévaloir l'intérêt national, et, surtout, la cessation immédiate du recours aux actes de violences, de saccage et d'incendie des biens de la collectivité, comme moyens de contestation des projets de fracturation hydraulique, dans la production d'énergie non conventionnelle. Une décision qui a été mise à l'épreuve, hier lundi, par la poursuite pacifique devant le siège de la daïra d'In Salah et Tamanrasset de la contestation des projets de gaz de schiste, dans le site d'Ahnet, notamment, à une trentaine de kilomètres de la ville d'In Salah, où le mouvement de revendications dure depuis deux mois. Hier en marge de l'ouverture de la session de printemps de l'APN, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a affirmé qu'à In Salah, «il n'y a rien. El Halla Labess (la situation est normale).» Dans la soirée de dimanche, le ministère de l'Intérieur a rappelé que «la voix du dialogue reste ouverte» pour dépasser la tension actuelle qui prévaut à In Salah, du fait des projets de Sonatrach pour l'évaluation du potentiel national, en ressources énergétiques non conventionnelles. L'exploitation de ce type d'énergie, gaz ou pétrole de schiste, requiert en fait une méthode de forage, l'hydraufracturation ou la fracturation hydraulique, très critiquée par des ONG, qui estiment qu'elle pollue l'environnement et consomme beaucoup d'eau, dans une région qui en est très pauvre. Dans son communiqué, le ministère de l'Intérieur, qui a exprimé son «profond regret quant aux incidents qu'a connus la ville de In Salah», recommande, toutefois, «les voies du dialogue qui demeurent le meilleur moyen pour aboutir à un consensus, autour de la question». Le ministère de l'Intérieur affirme, ainsi, que «les voies du dialogue sont et resteront, toujours, ouvertes», ajoutant qu'il (le ministère) «reste persuadé que la sagesse avérée des citoyens de la région ainsi que le patriotisme immuable des habitants de In Salah, demeureront le rempart contre toute tentative visant la sécurité et la stabilité de cette ville». LES MANIFESTANTS ARRETES, LIBERES Par ailleurs, le même communiqué, faisant le bilan de la journée de dimanche, relève que «la ville de In Salah a connu, ce 1er mars 2015, des incidents touchant à l'ordre public, initiés par un groupe de jeunes contestant les opérations d'exploration du gaz de schiste, dans cette région», expliquant que «depuis la matinée d'aujourd'hui (dimanche), ces jeunes n'ont cessé de tenter de porter atteinte aux biens publics et investir pour incendier les sièges de la daira, de certaines structures de la Sûreté locale, d'un hôtel, ainsi que les sites de certaines sociétés, en activité dans la région». «Malheureusement, ces incidents ont provoqué des blessures à 40 policiers, dont 2 grièvement atteints, ainsi que l'incendie de la résidence du chef de daïra, du siège de la daïra, d'une partie du dortoir réservé aux agents de police, ainsi qu'un camion appartenant aux services de la Sûreté nationale», ajoute la même source. Pour autant, «et en dépit de ces agissements, la réaction correcte et le professionnalisme des forces de l'ordre, ont permis de maîtriser la situation et d'instaurer le calme dans la ville», ajoute, encore, le communiqué du ministère de l'Intérieur. A signaler que les manifestants arrêtés, samedi, ont tous été libérés dans la journée de dimanche. Hier, lundi, avant l'ouverture de la session de printemps de l'APN, des députés de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) ont, de leur côté manifesté leur opposition à «l'exploitation du gaz de schiste». Enfin, Rachid Nekkaz, fondateur du Mouvement pour la Jeunesse et le Changement (MJC) et qui était candidat à la dernière élection présidentielle, a annoncé, hier, qu'il va organiser une marche contre le gaz de schiste en Algérie qui s'ébranlera, à partir du 21 mars, pour un périple de 1.350 km d'In Salah, à Alger. Il a proposé, également, un moratoire de 7 ans «pour voir sereinement les avancées technologiques et s'assurer à 100% qu'il n'y aura pas de pollution de la nappe phréatique». Comme il a l'intention de soumettre ce moratoire à l'entreprise française Total', qui gère le site d'In Salah, il a donc organisé un rassemblement devant le siège du groupe, à Paris, et compte organiser un méga-rassemblement, le 13 mars prochain, à 12h30 devant le siège de Total, à Paris. «La lutte des habitants d'In Salah contre le gaz de schiste est la cause de toute l'Algérie», selon lui.