Les députés découvrent la «réalité» de l'école algérienne. Certains réclament l'amélioration des conditions matérielles et pédagogiques dans nos établissements, d'autres estiment qu'il y a urgence pour opérer des réformes, «s'il y a échec, il faut réunir en urgence le Conseil des ministres et le Conseil du gouvernement pour une évaluation exhaustive afin de définir rapidement une refonte de la réforme », exige un député du parti FLN. Le diagnostic «noir» sur le niveau des élèves de la réforme, présenté, hier, par le pédagogue Farid Benramdane, lors d'une journée parlementaire «sur la réforme du système éducatif et sa refonte» a choqué la majorité des députés. Pourtant, ces données ont été déjà rendues publiques par le pédagogue lui-même et par des cadres du ministère de l'Education, auparavant. Ce qui a suscité le plus de réaction de la part des députés, est le fait que le conférencier ait affirmé que l'étudiant universitaire en première année arrive à l'université avec deux années de retard d'enseignement. Et d'affirmer que les élèves de la réforme sont sous-qualifiés pédagogiquement et disqualifiés scientifiquement. Des données qui remettent en cause, selon certains députés, « la réforme du système éducatif» et « la crédibilité de l'examen du baccalauréat».Dans son réquisitoire, Farid Benramdane a affirmé que 33 % des élèves quittent les bancs de l'école avant 16 ans. Il a précisé que l'élève algérien fait, depuis 2003, 24 semaines d'enseignement au lieu de 32 par an ; pourtant, affirme-t-il, dans certains pays, en citant le Qatar, «les élèves font 38 semaines par an». Pis, il précise que l'élève algérien n'arrive pas à acquérir des aptitudes intellectuelles telles que la critique, l'analyse ou encore la synthèse. Nos élèves ou nos enfants font uniquement de la mémorisation et la restitution, selon le conférencier. Il dira clairement « qu'on a sacrifié une génération». Pour Farid Benramdane, ce n'est pas le programme scolaire qui doit être remis en cause, «on enseigne la physique et les maths comme ceux qui sont enseignés partout dans le monde», en imputant ces retards et ces dysfonctionnements au nombre réduit des heures d'enseignement (rentrée scolaire tardive et des vacances précoces). En ajoutant, bien évidemment, selon le conférencier, l'instabilité du secteur depuis 2003, en faisant référence aux grèves récurrentes dans le secteur. Il a réclamé une trêve de 5 années (sans grève pour rattraper le retard). La ministre de l'Education, Nouria Benghebrit a réaffirmé, encore une fois, lors de son intervention devant l'assistance, que le secteur a besoin de stabilité pour sauver l'école algérienne. Et d'insister sur la nécessité de préserver les droits des enfants, « le droit à l'éducation est garanti par la Constitution, tout comme le droit à la grève », mais faut-il, pour la ministre, favoriser le dialogue pour ne pas ruiner ou compromettre l'avenir de nos enfants. Mais, ces facteurs sont-ils les seuls responsables de cet « échec » et « la baisse des niveaux de nos élèves » ? Le député du parti FLN, Brahim Boulegane a estimé qu'il ne faut pas imputer tous ces dysfonctionnements, plutôt cet « échec » aux syndicats du secteur. Il précise que la gestion de l'administration a sa part de responsabilité dans le choix et le manque de formation du personnel enseignant. Et d'ajouter que même « la gestion des conflits est remise en cause ». Il poursuit « comment expliquer le fait que l'administration ait répondu positivement aux revendications des syndicats après deux mois de grève, alors qu'elle aurait pu le faire au cours de la première semaine de la grève ». Le député du FLN a affirmé qu'il faut interpeler le président de la République sur cette réforme. Il s'est dit étonné: «il y a deux années de cela, certains cadres et certains responsables faisaient l'éloge de la réforme éducative prônée par le président de la République et aujourd'hui, on nous parle d'échec total, il y a quelque chose qui ne va pas». Et d'appeler «à réunir en urgence le Conseil des ministres ou le Conseil du gouvernement, si réellement il y a un échec total». Un autre député a exigé l'amélioration de conditions à la fois pédagogiques et matérielles. «Je conçois mal le fait qu'un directeur d'établissement perde toute son énergie dans des missions purement administratives et sociales au détriment des missions pédagogiques » a-t-il souligné. Il poursuit « nos directeurs d'établissements passent leur temps , sans le vouloir, a chercher les moyens pour équiper leurs écoles de chauffages, de tables et de chaises, à chercher des enseignants vacataire et j'en passe » a-t-il regretté.