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Hamza Amarouche : «Avant de passer aux applications mobiles, il faut traiter les points noirs de la pollution»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 01 - 04 - 2015

Hamza Amarouche est le fondateur de Let's Do It Algeria (LDIA) pour l'éco-citoyenneté. Cet enfant de Bouira, diplômé de l'Institut des Cadres de la Jeunesse (INFSCJ), réside depuis 3 ans en Finlande. Auteur de nombreux ouvrages*, il nous parle de LDIA et de l'intérêt de l'usage des TIC dans ce domaine appliqué au cas algérien.
Comment a démarré "Let's Do It Algeria" (LDIA) ?
«Let's Do It! Algeria» fait partie, depuis février 2012, du mouvement mondial Let's Do It! World. C'est un groupe de citoyens algériens volontaires pour la protection de l'environnement. Nous avons appelé à une compagne nationale de nettoyage en Algérie le 19 mai 2012. Nous avons pu rassembler plus de 1000 volontaires et 18 associations, des maisons de jeunes, des groupes de volontaires, et des écologistes. Pour la seule wilaya de Bouira, environ 7 tonnes de cannettes ont été récoltées dans plusieurs sites. A Tamanrasset c'était aussi des tonnes de métaux et de verre. Et à Skikda c'était plus des déchets en plastique.
Cette année nous avons appelé à une journée de volontariat pour le 9 mai 2015 en Algérie, et dans plusieurs villes de la Méditerranée. Sont déjà inscrites au programmes les villes suivantes : Alger, Annaba, Bejaïa, Tizi-Ouzou et Bouira.
LDIA n'a pas comme mission d'organiser souvent des volontariats, mais plutôt de collaborer avec les associations écologiques et toute sorte d'organismes actifs dans l'environnement, pour diffuser les informations et rassembler des groupes autour d'un volontariat national chaque année.
Quels sont vos outils de communication pour organiser et sensibiliser ?
Pour une journée nationale de volontariat, on utilise Facebook pour informer et Skype pour réunir l'ensemble des groupes participants dans les différentes villes. Par la suite, on utilise le mobile pour contacter les volontaires (les entreprises aussi) qui nous laissent leurs coordonnées.
En ce qui concerne les opérations avec d'autres partenaires, on laisse souvent les associations et les partenaires s'occuper de coordination avec leurs propres volontaires. On ne fait que partager sur Facebook leurs opérations.
Nous avons aussi la vidéo promotionnelle. On montre, par exemple, quelqu'un jeter ou ramasser une canette dans une rue. Jeter ou ramasser, deux actes à deux influences, positive et négative. Nos vidéos sont souvent accompagnées de quelques messages et de commentaires.
Mis à part les réseaux sociaux, nous utilisons aussi le moyen le plus traditionnel, qui est le bouche-à-oreille. Une information est diffusée par téléphone, parfois les communiqués de presse, en ciblant surtout les associations qui partagent notre concept. Nous visons aussi les maisons de jeunes et les universités.
Cette année, nous préparons des petits meetings avec la population pour expliquer le projet et nos plans d'actions. On l'a déjà fait en 2012. On le fait souvent quelques semaines avant la journée de volontariat.
Nous ne sommes pas une ONG, mais un mouvement qui active en symbiose avec les associations. Au cours de cette année nous allons déposer une demande d'agrément pour lancer des sections dans chaque wilaya. Nous recevons des dizaines de demandes de volontaires qui veulent lancer Let's Do It! au niveau de leurs villes.
Depuis 2012 vous n'avez pas plus que 2164 membres sur votre page Facebook. Ce manque d'engouement est-il aussi constaté sur le terrain lors des opérations de nettoyage que vous lancez ?
C'est vrai, nous n'avons pas beaucoup de fans sur notre page, car on n'appelle que rarement à des volontariats. On préfère laisser les associations écologiques faire ça. Mais nous recevons chaque jour des dizaines de messages. Des volontaires, des spécialistes à travers le pays qui proposent leurs savoir-faire et expériences, et surtout des propositions pour faire partie de nos actions. Certains demandent des conseils pour organiser leurs actions de volontariat.
Ce ‘'manque d'engouement'' ne reflète forcément pas le nombre des participants sur le terrain. En 2013, nous avons chapeauté avec une maison de jeunes une grande opération de nettoyage sur Alger, il y avait un grand nombre d'enfants, âgés entre 11 et 16 ans, et qui n'ont pas forcément des comptes sur Facebook, mais ils ont participé à une expérience inoubliable. C'est une action qui prépare les enfants à sauvegarder la nature, une génération qui sera sérieusement soucieuse de l'écosystème en Algérie.
En Estonie et en Finlande, par exemple, il y a régulièrement des sorties d'éco-volontariat pour les enfants des primaires. Il faut d'ailleurs préparer une base. C'est ce qu'on veut faire en Algérie.
Avez-vous une idée du nombre d'utilisateurs en Algérie de la l'application mobile et de la plateforme Web de Let's Do It ?
A vrai dire, l'application des décharges illégales de Let's Do It! World est ancienne. A ma connaissance, plusieurs pays qui font partie du réseau LDIW utilisent désormais l'application de TrashOut. Elle est plus sophistiquée. Quand on a lancé le projet Let's Do It! Algeria en 2012, il n' y avait pas la 3G. Ce n'était pas donc possible pour les Algériens d'accéder aux services de l'application. Il y a toujours des moyens plus simples pour designer les lieux des décharges sauvages.
Nous n'avons pas vraiment besoin d'une application pour désigner une décharge illégale, parfois pas loin de lieux importants, comme un aéroport. Les applications sont plus utiles pour situer des espaces restreints de pollution. Une application comme «Illegal dumps» de TrashOut est toujours utile dans une ville ou un village. On pense d'ailleurs la proposer à nos volontaires et partenaires, pour constituer une seule base de données.
L'idéal c'est d'utiliser les applications mobiles pour désigner des pollutions dans des endroits comme les forêts et en montagnes. Mais dans le cas algérien, la pollution est omniprésente. A mon avis, il faut d'abord supprimer les décharges sauvages, avant de s'attaquer à des points de pollution plus restreints. Lors d'une réunion, le représentant de LDI Egypt a dit la même chose. Eux aussi ont le problème de multiplication des décharges.
Prévoyez-vous d'autres campagnes pour sensibiliser à l'utilisation de cette application mobile ?
Oui. Avec la 3G on peut recourir aux applications. Nous avons évoqué ce sujet lors de la dernière réunion de LDIW. Let's Do It! World est partenaire de TrashOut dont l'application, qui a été téléchargée à plus de 100.000 exemplaires, a permis de localiser plus de 200.000 décharges sauvages. Les résultats et les statistiques de TrashOut sont transmises systématiquement à la base de données de Let's Do It! World. Pendant la conférence de Let's Do It! World, en février dernier, il y avait un grand intérêt pour cette application, dans le cadre de l'idée d'unifier les volontariats dans le monde, car cela pourrait assurément avoir un grand écho et surtout un effet pédagogique positif.
(*) Hamza Amarouche est auteur et traducteur littéraire en arabe et en tamazight. Il compte 3 ouvrages :
- Des nouvelles de la littérature classique américaine» (Rahil bila Wadaa), publié en avril 2014, aux Editions El-Hadara (Alger).
- Un roman graphique» (Perämeren Jähti) par l'écrivain finlandais Ilpo Koskela. Titre en tamazight: ‘'A?e??abu n ugafa''. Publié en Janvier 2015, par Oxygen Publishing House (Alger).
- Un livre pour enfant: (Metsähiiren tanssi) par l'écrivaine finlandaise Pirkko-Liisa Surojegin. Titre en tamazight ‘'Tamacahutt n u?erda''. A paraître en avril 2015, chez Oxygen Publishing House (Alger).


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