Rencontré hier à la journée nationale de sensibilisation des vétérinaires, le Dr. Zeghnouf Abdessamed, président de l'association des vétérinaires praticiens privés de Constantine (AVEPPRIC), nous a fait un état des lieux tout à fait alarmant de l'utilisation des médicaments à usage vétérinaire par les éleveurs. « Nous avons beaucoup de problèmes de ce côté-là, a-t-il commencé, et le premier et le plus grave se trouve au niveau du circuit de distribution du médicament vétérinaire, circuit que nous n'arrivons pas à maitriser. Le médicament vétérinaire est à la portée du premier venu et bien évidemment des éleveurs qui en font un usage abusif alors qu'ils ne maîtrisent pas les délais d'attente et les indications. Le produit est disponible un peu partout et l'exemple type est constitué par le marché d'El-Khroub où l'on peut s'approvisionner car le médicament se trouve en vente libre. Nous avons posé le problème au wali qui a pris immédiatement un arrêté interdisant la vente libre du produit que seuls le vétérinaire et l'importateur sont autorisés à détenir ». Les spécialistes indiquent que les antibiotiques sont utilisés à titre curatif et préventif pour préserver la santé animale. Mais cet usage ne demeure pas sans risques. Une utilisation intempestive engendre des résidus dans les produits finaux d'origine animale, la viande. Ce facteur représente un risque considérable sur la santé publique. C'est ainsi que la problématique, très actuelle, des résidus d'antibiotiques dans les denrées alimentaires d'origine animale et leurs impacts sur la santé publique a constitué le thème d'une journée nationale scientifique de sensibilisation des vétérinaires qui a été organisée hier au siège de la wilaya de Daksi par la direction des services agricoles et l'association des vétérinaires praticiens privés de Constantine. La rencontre était destinée aux vétérinaires privés et aux vétérinaires officiels, les associations de consommateurs, les présidents des associations des éleveurs bovins, ovins, laitiers, apicoles et avicoles, etc. et a réuni les praticiens de 30 wilayas. M. Ghediri, directeur des services agricoles (DSA) de Constantine a placé l'organisation de cette manifestation en marge de la célébration de « Constantine, capitale de la culture arabe 2015 ». S'exprimant sur le sujet, il a affirmé que « l'utilisation rationnelle des antibiotiques est absente chez nos éleveurs et c'est une tare dont nous souffrons. C'est pour cette raison que nous tenons aujourd'hui à sensibiliser les collègues, les confrères vétérinaires à une utilisation rationnelle de ces antibiotiques et de tous les produits pharmaceutiques à usage vétérinaire ». Interrogé aussi sur les mesures prises pour protéger le cheptel bovin contre la fièvre aphteuse afin de le prémunir contre les éventuelles épidémies comme celle qui l'avait touché l'an dernier, le DSA a déclaré que pour cette année, il y a une reprise de la vaccination anti-aphteuse chez l'espèce bovine et elle va concerner le bovin de 3 mois et plus. « La campagne a démarré il y a une dizaine de jours et nous comptons toucher le maximum de la wilaya », a indiqué notre interlocuteur assurant que le vaccin existe en quantité suffisante. « Nous pouvons toucher plus de 40.000 bovins au niveau de la wilaya », a assuré M. Ghediri. Conviée à cette journée, la présidente de l'association de protection et de défense du consommateur de la wilaya, Mme Kellil Sakina, a parlé, elle, des défaillances du contrôle des viandes proposées à la vente en plaidant pour des inspections quotidiennes des services vétérinaires. « L'autre danger provient des abattoirs clandestins, a-t-elle dit. Malheureusement, à cause d'une désorganisation évidente des bureaux d'hygiène communaux, où on trouve des vétérinaires qui contrôlent les salons de coiffure, les cafés, les boulangeries, etc. et délaissent les viandes et le lait. Plus grave encore, au bureau d'hygiène de la commune de Constantine, on trouve des vétérinaires qui exercent dans le quartier où ils habitent depuis des dizaines d'années sans faire l'objet de mutation. Ce qui fait naître des familiarités avec les commerçants et, par voie de conséquence, des complaisances ».