Parlant de Amar Saadani et du groupe qui prépare sous sa férule la tenue du Xème congrès du FLN, leur contestataire en chef Abderrahmane Belayat les a qualifiés de «hors-la-loi coupables du viol de la loi organique sur les partis et les statuts du FLN» et a demandé «aux responsables chargés de veiller au respect de ces textes de loi de la République, en l'occurrence le ministère de l'Intérieur et la wilaya d'Alger, d'assumer leurs responsabilités». L'inamovible cacique du FLN feint d'ignorer que le «légalisme» dont il demande le respect et la sauvegarde n'a plus cours au FLN depuis belle lurette et qu'il a lui-même en tant qu'apparatchik été à un moment ou à un autre dans le camp des violeurs de la légalité et de ce fait appartenu à des directions du FLN qui n'ont été ni plus ni moins «légitimes» que celle que dirige Amar Saadani. Belayat et ceux qui l'entourent ne crient au «viol» s'agissant de la manière dont Saadani s'est emparé des commandes du parti et prépare les assises nationales de ce dernier que parce qu'ils savent que cela sonne la fin de leur présence dans ses instances dirigeantes. Ce que Belayat et ses partisans semblent ne pas vouloir admettre c'est que Saadani ait pris la tête du FLN par un «hold-up». Ce qui n'est pas faux mais occultent qu'ils ont eux aussi soutenu et appartenu à des directions ayant commis semblable acte délictuel pour prendre le contrôle du parti. Pour des raisons qu'ils sont seuls à connaître les décideurs qui tranchent pour le FLN ont opté pour propulser à sa tête Amar Saadani et d'ignorer les oppositions qui ont organisé des frondes au sein de l'appareil du parti pour tenter de lui arracher des mains ses commandes. Il est pathétiquement dérisoire de la part d'apparatchiks et de caciques n'ignorant pas comment se font et défont les directions du FLN d'en appeler «aux responsables chargés du respect des lois de la République» pour qu'ils empêchent Saadani et son groupe de commettre leur «grande piraterie en haute mer et en plein vol». Leur interpellation est d'autant dérisoire qu'ils savent ces «responsables» aux ordres des décideurs qui ont instruit Saadani de faire son «OPA» sur la direction du FLN. Les directions du FLN n'ont changé que par coups d'Etat au sens propre du terme, puis par coups d'Etat «scientifiques», ensuite par «redressements» et «justice de la nuit». Belayat et certains de ceux qui font bloc avec lui ont trempé dans l'une ou l'autre des combinaisons si ce n'est dans toutes comme le prouve la longévité de leur présence dans les instances dirigeantes du parti. Ce n'est pas avec Saadani à sa tête que le FLN a perdu son âme. L'ex-parti unique l'a perdue du moment que d'acteur fondateur et dirigeant de l'héroïque guerre d'indépendance, il s'est mué en instrument docile de ceux qui ont pris le pouvoir en son nom ou s'étant acharnés à le conserver de la même façon. Avec Saadani à sa tête, le FLN a probablement atteint le fond comme il en va pour le pouvoir qui tire les ficelles du spectacle grand-guignolesque des soi- disant crises politiques qui secouent ses rangs interminablement. Ces crises comme celle dont le pouvoir finissant est la cause exhalent des relents putrides qui deviennent insupportables aux Algériens de plus en plus acquis à l'idée qu'il faut en débarrasser le pays au plus vite.