Le mandat de la direction actuelle du FLN est arrivé à expiration et rien n'indique que le parti va tenir de sitôt son congrès. Amar Saadani va-t-il réunir, dans le contexte actuel, le comité central, instance habilitée à convoquer le 10e congrès du FLN ? Le secrétaire général a lié la tenue du congrès au projet de révision de la Constitution. Pour l'heure, personne ne peut prétendre savoir quand la Loi fondamentale sera révisée puisque le projet relève, exclusivement, des prérogatives du chef de l'Etat. Est-il légal, dans ce cas, de reporter cette échéance jusqu'à la révision de la Constitution ? Saïd Bouhadja, membre du bureau politique et chargé de communication de cette formation, affirme que «rien ne presse !», assurant que la commission nationale chargée de la préparation du congrès, installée par le comité central en décembre dernier, est à pied d'œuvre. «Nous avons décidé de prendre tout notre temps et d'attendre le moment opportun pour convoquer le congrès. Certes, sur le plan organique, la mission du comité central prend fin cette semaine, mais il y a aussi le mandat politique, juridique et populaire», ironise-t-il. Pour lui, le FLN est un grand parti qui compte 220 députés et un grand nombre d'élus au niveau local. «La préparation est facile. On peut le faire en un mois seulement», tonne-t-il avant d'admettre qu'il faut d'abord préparer le climat pour un congrès rassembleur. Pour M. Bouhadja, le problème réside plus dans la préparation des conditions que dans le report du congrès. Mais qu'en est-il du respect de la loi ? Le chargé de communication du FLN réplique : «Nous ne sommes pas hors la loi et si le congrès ne se tient pas dans les délais, ce n'est pas une première. Il y a eu déjà un précédent. En 1989, nous n'avons tenu le congrès que neuf ans après. Il y a cinq ans, nous avons accusé un retard de deux ans. L'essentiel, pour nous, est d'unifier les rangs pour la réussite de ce congrès.» M. Bouhadja assure que le comité central s'est réuni dix fois en session ordinaire durant le mandat de cinq ans. «On les a organisées, ces 10 sessions», a-t-il dit. Il ajoute que le rôle du comité central est terminé avec l'installation de la commission nationale de préparation du congrès : «La seule réunion qui lui reste doit se tenir à la veille du congrès, deux ou trois jours avant, pour approuver le travail de la commission nationale à soumettre au congrès.» Facteur de blocage Ces faits sont contestés par les adversaires de Saadani. La deuxième session du comité central, censée se tenir en décembre dernier, n'a pas eu lieu. Le congrès est reporté sans consultation du comité central, seule instance souveraine entre deux congrès. C'est, en somme, ce que reproche Abderrahmane Belayat, chef de file des frondeurs, à Amar Saadani. M. Belayat ne reconnaît ni la commission nationale de préparation du congrès et encore moins la légitimité de Saadani et se dit persuadé que ce dernier ne convoquera pas de sitôt la réunion des membres du comité central. A la question de savoir pourquoi, Belayat croit savoir que Saadani a peur d'être éjecté de son poste de secrétaire général qu'il a accaparé de «manière frauduleuse». «Saadani n'a pas été élu. C'est un faux. Un indu occupant du poste de secrétaire général et du siège national du parti, donc il n'a pas le droit de fixer la date du congrès. La majorité des membres du comité central le contestent», assène Belayat. Il considère Saadani comme un facteur de blocage et promet de ne pas baisser les bras jusqu'à sa destitution. Néanmoins, en dépit de toute la volonté et la détermination de Belayat et son équipe, Saadani dirige toujours le FLN et a pu placer ses hommes dans toutes les nouvelles mouhafadhas. «Je demeure optimiste, nous résistons et nous poursuivons notre combat jusqu'à obtenir gain de cause. Notre but est de nous réapproprier le FLN, d'annuler les fausses nouvelles mouhafadhas et d'écarter les opportunistes», promet-il. Rappelons que le 9e congrès du FLN avait eu lieu les 19, 20 et 21 mars 2010. Statutairement, le mandat de la direction actuelle du FLN expire cette semaine, mais l'équipe de Saadani ne semble pas préoccupée par la question «de la violation des statuts». Le ministère de l'Intérieur ne devrait-il pas rappeler à l'ordre Amar Saadani, comme le stipule la loi ?