Le comité autonome des médecins résidents (CAMRA) a mis ses menaces à exécution. Le mouvement de contestation de deux jours décidé au début du mois par 18 délégués des résidents des quatre établissements hospitaliers d'Oran (CHUO, EHU, EHS en pédiatrie Canastel et HMRUO ou hôpital militaire) prend une dimension nationale. Des médecins résidents de plusieurs wilayas du pays et notamment d'Alger, d'Annaba, de Sétif, de Batna, de Tlemcen et de Sidi Bel-Abbès se sont joints à la grève de deux jours entamée hier par leurs collègues d'Oran. «Cette grève de deux jours a été massivement suivie par les résidents à travers tout le territoire national. Nous avons un taux de suivi de 80%. Les résidents de l'hôpital Mustapha Pacha ont observé hier matin un sit-in à l'intérieur de cet établissement hospitalier », se félicite Djawed Djelad, délégué des résidents à Oran. Les délégués des résidents qui semblent confortés par le fort taux de suivi de cette première journée menacent désormais de lancer une grève illimitée à partir de la semaine prochaine au cas où le ministère de tutelle ne formule pas une «réponse officielle et écrite à leurs revendications». «La grève illimitée est une option à ne pas exclure. Les délégués vont se rencontrer ce week-end pour décider du lancement d'un vaste mouvement de contestation», affirme le Dr Djelad. Pour revenir à cette première journée de grève, près de 1.000 résidents d'Oran ont observé hier durant près de trois heures un blocus de la faculté de médecine d'Oran. Ils ont fermé la route bordant cette faculté avant d'organiser une brève marche. Pour cette deuxième journée de la grève, les résidents comptent tenir un piquet de grève à l'intérieur de l'hôpital d'Oran. Dans la wilaya de Tlemcen, les résidents ont organisé un sit-in à la faculté de médecine avec un blocus du CHU. La principale revendication des résidents demeure l'élaboration d'un carnet du résident. «Nous exigeons un nouveau cahier des charges reposant sur des objectifs pédagogiques précis à atteindre tant sur le plan théorique que pratique, et ceci pour chaque spécialité et pour chaque année d'étude. Nous nous battons pour une formation de qualité avec un système d'évaluation équitable et objectif», affirme un délégué des concernés. Et d'ajouter : «ce cahier des charges doit comporter des clauses qui astreignent les professeurs de médecine à assurer une formation quotidienne et continue des résidents». Selon ce délégué, certains professeurs «formateurs» ne respectent pas leurs obligations de superviser la formation des médecins résidents. «Certains chefs de service passent l'essentiel de leurs temps à l'étranger sans se soucier de notre formation ce qui a eu pour conséquence une formation anarchique et un baisse de niveau», regrette notre source. Les délégués des résidents estiment que l'évaluation, pour être juste et fidèle à la réalité des connaissances et des compétences acquises par le médecin résident, doit être structurée et continue et reposer sur des objectifs pédagogiques précis. Il est à noter qu'une réunion entre les délégués des résidents et les cadres supérieurs du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique s'est tenue dimanche à Alger avec pour ordre du jour l'élaboration du carnet du résident qui n'a pas eu lieu depuis 2011 par les comités pédagogiques nationaux de spécialité. Durant cette réunion présidée par le SG, le directeur central chargé de la post-graduation et la sous-directrice chargée de la post-graduation du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, les délégués des résidents ont exprimé leur «refus catégorique de l'application stricto sensu de l'article 8 chapitre II de l'arrêté 709, à savoir un examen annuel à caractère sanctionnant et validant et ce en l'absence d'un carnet du résident avec des objectifs pédagogiques définis et atteints de la première à la dernière année». «La réponse du secrétaire général du ministère fut verbale et sans garanties, stipulant notamment la mise en place d'une commission d'enquête qui aurait pour objectif d'évaluer les responsables pédagogiques quant à l'application du carnet du résident dans sa nouvelle formule. Devant l'absence de toute réponse concrète de la part de la tutelle, l'ensemble des délégués de la région ouest ont voté et à l'unanimité le maintien du mouvement de grève les 12 et 13 mai en cours. Notre revendication est et reste le gel immédiat de l'arrêté 709 et ce en l'absence et en l'impossibilité d'atteindre les objectifs pédagogiques pour l'année universitaire en cours», affirment les délégués.