Une année presque, jour pour jour, le Président Bouteflika a nommé un nouveau gouvernement, que dirige toujours M. Abdelmalek Sellal. Des surprises, des nouveautés et des interrogations enveloppent ce remaniement, qui est intervenu à un moment où tous les regards étaient tournés vers les procès pour corruption qui éclaboussent l'Economie algérienne. Un remaniement ministériel qui est, également, intervenu à un moment où la scène politique bruissait de mille et un scandales qui éclaboussent, par ailleurs, la gestion de certains ministères. Une chose est sûre, Bouteflika, en procédant à deux changements de gouvernements en une année seulement, au moment où les deux poids lourds de la scène politique nationale (FLN et RND) sont à la croisée des chemins, pour l'émergence d'une nouvelle direction politique, et alors que les procès Khalifa, du projet de l'autoroute Est-Ouest et prochainement de Sonatarch 1, renvoient une très mauvaise image de l'Algérie vue de l'extérieur, a voulu rectifier le tir. Et vite! Car la polémique entre la désormais ex-ministre de la Culture Nadia Labidi avec la porte- parole du PT Louisa Hanoune, ou l'affaire des terrains agricoles, à Khenchela dans laquelle serait mêlé l'ex-ministre des Ressources en Eau, ne pouvaient passer sous silence. D'autant que, avec l'affaire du gaz de schiste, à In Salah et les manifestations de protestations qui avaient duré plus de deux mois, contre son exploitation, cela faisait, vraiment, désordre dans le cabinet Sellal. Ces écarts sont, en fait, payés cash par ces trois ministres. Les manifestations anti-gaz de schiste des habitants de In Salah, les interventions musclées des forces de sécurité, et la brusque précarité de la situation sécuritaire, dans cette région, mamelle économique de l'Algérie, qui se relevait doucement des séquelles de l'attaque terroriste de Tiguentourine, suivie par la fuite des majors occidentaux du pétrole de l'Algérie, ne pouvait, vraiment, que coûter sa place à Yousfi. L'autre ministre qui est passé à la trappe est bien sûr Mohamed Tahmi. Ce qui semble avoir précipité la chute de Mohamed Tahmi, c'est sa gestion catastrophique du dossier de candidature de l'Algérie pour l'organisation de la CAN-2017. Non seulement il a mal défendu le dossier, même avec le retrait de l'Egypte de la course, il a également ruiné les espoirs de l'Algérie d'organiser une CAN, avant, au moins, dix ans. Un comble pour un pays qui a de meilleures infrastructures sportives que le Gabon, qui va organiser la prochaine édition, ou la Guinée et la Côte d'Ivoire. Bref, Tahmi a montré son incapacité à gérer le sport national, d'autant qu'il a, définitivement ruiné les espoirs de l'Algérie de briller sur la scène sportive africaine pour les 15 prochaines années. Enfin, dans ce musée des « horreurs politiques » commises par des « équipiers » de Sellal, il y a, également, la ministre de la Poste et des TIC Zohra Derdouri, qui n'a pu satisfaire à son cahier des charges, à savoir : rattraper le 'GAP'' technologique de l'Algérie en matière de TIC, en particulier la généralisation de l'utilisation et l'exploitation de l'Internet par les administrations, dans les commerces et les grandes entreprises de services. Il y a, également, cette tare du secteur à ne pas se mettre à jour en termes de technologies et d'interface pour les grands utilisateurs. Le 'flop'' de Derdouri est retentissant, car l'Internet n'est toujours pas accessible pour tous, même dans les grandes villes où les pannes de réseau sont récurrentes. Derdouri n'a pas, également, mis en chantier la 4G mobile, et cela va encore accentuer le GAP numérique en Algérie, alors que les pays voisins, dont le Maroc, ont fait de ce chantier une priorité pour la croissance du secteur des services, ouverts à toutes les opportunités d'investissements et de développement, en termes de créations de Start-up et d'emplois. Enfin, il y a également l'ex-ministre des Finances, Mohamed Djellab, dont le passage est vraiment passé « inaperçu''. En une année de gestion, il est resté bien discret, comme son ministère, qui tarde à entrer dans l'ère numérique. DES MINISTERES EN «PACK 2 EN 1» Dans la nouvelle équipe de Sellal, premiers constats: il y a 8 nouveaux ministres sur les 29 qui composent le nouveau gouvernement, et 4 «migrations» entre ministères. Ensuite, la nouvelle équipe est plus réduite, le gouvernement ayant, sans doute, privilégié l'option de l'austérité en jumelant au moins deux ministères, avec le retour de l'ancienne formule du ministère de la Jeunesse et des Sports, alors que le ministère des Ressources en Eau se voit confier le portefeuille de l'Environnement, et celui de l'Aménagement du territoire, le Tourisme et l'Artisanat. Le fait saillant de ces changements est le départ de Tayeb Belaïz du ministère de l'Intérieur. Après avoir dépoussiéré l'Administration algérienne des Collectivités locales, modernisé la gestion de l'état civil, géré, intelligemment, les crises politiques et les manifestations, en particulier celles des policiers et des anti-gaz de schiste, il rejoint, tranquillement, son nouveau poste : conseiller à la Présidence. L'autre grand fait important de ce remaniement ministériel, est l'arrivée de Abderahmane Benkhalfa, économiste, expert financier, ancien délégué de l'ABEF, aux Finances. Très médiatisé, il a souvent plaidé pour la modernisation des banques, leur connexion aux réseaux financiers mondiaux, une gestion prudentielle des réserves des changes et une croissance économique par la relance des investissements privés et publics. Les ministères de l'Energie, de la Poste et des TIC ont vu de nouveaux arrivés, alors que celui de la Culture enregistre l'arrivée d'un «écrivain» et d'un spécialiste de l'audiovisuel: Mihoub Mihoubi, proche du sérail. Fera t-il mieux que Labidi? Amar Ghoul, l'inamovible ministre, laisse les Transports entre les mains de Boudjema Talai, pour reprendre le ministère de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat. «Deux en un» en fait, qui signifie le départ jumelé de Zerhouni et Boudjemaa, trop frêles pour secouer le dur cocotier du Tourisme et de l'Environnement algériens. Mais que ce nouveau cabinet est compliqué! En effet, le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement devient, avec comme «patron» Amar Ghoul, le ministère de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, alors que celui des Ressources en Eaux hérite de l'Environnement, le département de la Jeunesse est complété par les Sports. On sent une envie de sanctionner certains ministres qui ont été «transparents», ou n'ont pas assez fait pour leur secteur. Par contre, le nouveau «patron» de l'Intérieur, un ministre qui a bossé lorsqu'il était à la Formation professionnelle, est un «gars» de l'Intérieur. Ancien wali de Constantine, Nourredine Bédoui, qui a les faveurs des pronostics, aura la délicate tâche de poursuivre le travail de modernisation de l'Administration des Collectivités locales effectué par son prédécesseur. Par ailleurs, le nouveau cabinet Sellal compte 29 ministres dont 8 font leur premier baptême du feu et 2 ministres délégués, alors que le gouvernement sortant comptait 30 ministres et 4 ministres délégués. Abdelkader Messahel devient ministre à part entière, avec l'institution du ministère des Affaires maghrébines et africaines et de la Coopération internationale.