Intervenu dans l'après-midi de jeudi dernier, le remaniement ministériel opéré par Bouteflika dans le gouvernement de Sellal est perçu comme du «bricolage» par des partis de l'opposition. Ali Benflis, dans un communiqué publié le jour même, estime qu'en improvisant ce «replâtrage», le «régime politique en place s'enfonce dans l'absurde» alors que le pays «est dans une impasse politique, économique et sociale». «Les remaniements ministériels auxquels il procède ont atteint un tel degré d'insignifiance politique qu'il est difficile de les astreindre à quelque lecture politique que ce soit. Ces remaniements se suivent, se ressemblent, n'ont pas de sens et il serait bien ardu de leur en donner un», affirme Benflis. L'ancien chef de gouvernement et ex-candidat à la présidentielle réitère sa lecture selon laquelle il existe une «vacance du pouvoir ( ) au sommet de l'Etat». Benflis s'interroge sur l'autorité qui a «procédé à ce remaniement». «Qui l'a décidé ? Qui a jugé de son opportunité ? Et quels objectifs politiques ou autres lui assigne-t-il ?», est-il écrit dans le communiqué. Le texte continue en questionnant sur l'opportunité du «remaniement d'un gouvernement qui ne gouverne pas». «En effet si l'on exclut un conseil ministériel restreint et une réunion protocolaire de signature de la loi de finances, le Conseil des ministres ne s'est pas réuni depuis près d'une année jour pour jour. Certains ministres partants n'ont jamais pris part à un Conseil des ministres tenu en bonne et due forme», constate l'ancien chef de gouvernement. «AUCUNE LOGIQUE» De son côté, le porte-parole du parti politique Jil Jadid, Sofiane Sekhri, estime qu'il n'y a «aucune logique dans le remaniement ministériel» de jeudi. «C'est du relooking, et non pas un véritable changement», a-t-il déclaré. Il en veut pour preuve qu'un ministre «accusé de corruption» (Amar Ghoul, ndlr) a hérité de «trois départements ministériels» (Aménagement du territoire, Tourisme et Artisanat, ndlr). «Cela se passe uniquement en Algérie», lance-t-il. Selon lui, ce remaniement n'est fait que «pour gagner du temps» face «aux problèmes qui se posent en matière de baisse des recettes des hydrocarbures» et des «échéances à venir comme le mois de Ramadhan». Pour Sofiane Sekhri, «le véritable remaniement ne peut venir que d'un changement au plus haut sommet de l'Etat, c'est-à-dire au niveau de la présidence de la République».