Poussé à la démission de la direction du RND en janvier par un mouvement de «redressement» mené par l'ex-ministre de la santé Yahia Guidoum, Ahmed Ouyahia a repris officiellement hier les commandes du parti. Son retour à la tête RND présage que l'ancien Premier ministre est appelé à jouer un rôle d'importance dans le scénario de la succession arrangée dont l'exécution est bel et bien engagée et en prévision de laquelle Bouteflika s'est assuré qu'il ne s'élèvera aucune voie discordante à l'intérieur du pouvoir et ses relais partisans et sociétaux. Il faut en finir par conséquent d'interpréter son retour comme résultant d'une opération ayant eu d'autres inspirateurs et commanditaires que le palais d'El Mouradia. Ouyahia a repris sa caquette de patron du RND avec l'onction de la même puissance qui a combiné son redressement en janvier. A cette époque Ouyahia a «payé» pour avoir montré des signes de tiédeur a l'endroit du projet de succession qui s'ébauchait dans le cercle présidentiel. Son éviction a été décrétée pour lui signifier qu'au sein du sérail le moment était venu pour chacun de prendre position dans la guerre des clans déclenchée par la question de la succession. Ouyahia a parfaitement compris ce qu'il lui était exigé s'il voulait que son éviction de la direction du RND ne s'accompagne pas de sa mort politique, à savoir rompre le lien de vassalité qu'on lui suppose avec le clan des anti plan de succession organisée que concocte au palais d'El Mouradia. Ouyahia est trop au fait de la réalité du rapport de force au sein du pouvoir pour ne pas avoir perçu en faveur de qui il a penché. Il ne fait aucun doute qu'il a dû en conséquence donner des gages qui ont dissipé la méfiance du clan présidentiel qu'il sait avoir pris de l'ascendant sur celui avec lequel il était soupçonné d'avoir partie liée. Ouyahia est désormais un rouage clef du dispositif qui a été mis en place pour assurer la mise en œuvre de la succession organisée. Il n'est pas improbable qu'ayant convaincu de la sincérité de son allégeance et fidélité avec Abdelmalek Sellal dans le cadre de cette succession. Resterait à savoir qui des deux serait en charge de la fonction présidentielle tandis que l'autre assumerait celle de Premier ministre. L'on vérifiera que c'est cela le scénario retenu par le pouvoir quand sera connu le contenu du projet de révision de la constitution dont d'ailleurs il est laissé entendre que les nouveautés phares qu'il contient ont trait à l'équilibrage entre les attributions du chef de l'Etat et du chef du gouvernement. Quand un pouvoir n'a plus que des Ouyahia et Sellal a mettre en avant c'est la preuve qu'il est en bout de course et uniquement préoccupé de sa survie. C'est le seul profil de cadres en qui il place sa confiance, car il réunit la soumission et une culture politique qui met les intérêt du régime et de ses clans au-dessus de ceux de la nation et de son Etat.